La récente remise en terre du «roi sous le parking» devrait attirer plus de visiteurs dans une ville anglaise méconnue.

Quand on parle de tourisme en Angleterre, Leicester n'est pas exactement le premier nom qui vient en tête. Bien que située au centre géographique du pays, cette ville un peu quelconque de 300 000 habitants n'a jamais été sur le radar des visiteurs.

Mai cela est en voie de changer.

Depuis qu'on a trouvé le squelette du roi Richard III, en 2012, dans un terrain de stationnement du centre-ville, Leicester semble avoir enfin trouvé sa place sur le circuit touristique. Selon des statistiques de l'office de tourisme régional, le nombre de visiteurs aurait augmenté de 6 % en deux ans, un chiffre qui devrait encore croître, maintenant que la dépouille a été officiellement inhumée dans la cathédrale de Leicester.

«Toute cette histoire nous a certainement mis sur la carte. On nous voyait auparavant comme une ville industrielle sans passé grandiose. On réalise maintenant que nous avons des choses à raconter», résume l'archéologue Richard Buckley, l'un des grands responsables de la redécouverte des ossements.

Soyons honnêtes. Leicester n'était pas totalement sans attraits historiques. Les amateurs s'y rendaient auparavant pour voir le champ de bataille de Bosworth (où Richard III est mort en 1485, en combattant Henri Tudor) ou pour les visites guidées du Leicester médiéval.

Mais pour Simon Gribbon, de Visit Leicester, il ne fait aucun doute que la découverte du corps a rendu le tout beaucoup plus significatif. «Les liens étaient là, mais l'histoire n'était pas aussi puissante. Maintenant, il y a un véritable attrait.»

Leicester n'a pas tardé à exploiter cette retentissante nouvelle archéologique. Dès que l'authentification du roi a été confirmée, en février 2013, la Ville a lancé la création d'un centre d'interprétation à l'intérieur d'une vieille maison victorienne jouxtant le terrain de stationnement où les ossements ont été déterrés.

Ce petit musée ouvert en juillet 2014, au coût de 8 millions, raconte la vie, la mort et la redécouverte de Richard III, par un mélange réussi de muséologie classique, de stations interactives et de vulgarisation scientifique.

Le point d'orgue de la visite se trouve à la fin du parcours, dans une annexe moderne construite sur le stationnement, au-dessus de l'excavation, littéralement, où Richard III croupissait depuis cinq siècles. Une vitre a été déposée sur le trou, d'où l'on peut admirer l'ombre du célèbre squelette.

En six mois, plus de 30 000 personnes ont visité le centre. «L'impact est déjà visible», résume son directeur, Iain Gordon.

La cathédrale, de son côté, a été rénovée à coups de centaines de milliers de livres, afin de faire face au nombre croissant de visiteurs. Agrandissement de l'autel, installation de planchers antidérapants, salle d'exposition... On peut désormais se recueillir devant le tombeau de marbre où repose Richard III, le tout gratuitement, insiste-t-on, bien que les dons soient encouragés.

La ville de Richard III

D'autres signes «ricardiens» sont visibles dans la cité. Tandis que des bannières à l'effigie du roi médiéval ont été accrochées un peu partout au centre-ville, certains établissements ont commencé à exploiter le filon. Du pub Richard III au restaurant Richard III en passant par les hôtels offrant des forfaits Richard III, la ville de Leicester semble bien décidée à profiter de la chance que l'Histoire lui donne, et à ne plus être perçue comme un endroit sans intérêt.

«Il ne faudrait pas que ça ait l'air d'une récupération commerciale, conclut Simon Gribbon. Mais il est vrai que c'est un gros attrait. La plupart des gens viennent nous visiter pour cette raison. Avant, quand je disais Leicester, je devais tout expliquer du début. Maintenant, je n'ai qu'à dire Richard III...»

kriii.com

PHOTO RUI VIEIRA, AP

Leicester semble avoir enfin trouvé sa place sur le circuit touristique depuis la découverte du squelette du roi Richard III, en 2012, dans un terrain de stationnement du centre-ville.