Sherlock Holmes n'a jamais existé mais reçoit pourtant, au 221B Baker Street, des lettres qui lui sont adressées. C'est «l'homme qui n'a jamais vécu et ne mourra jamais», titre la première exposition consacrée en plus de 60 ans au mythique détective privé, au Museum of London.

Intimement lié à l'imaginaire londonien, le personnage créé en 1886 par l'écrivain Arthur Conan Doyle, et décliné à l'infini depuis en séries télévisées, films et jeux vidéos, méritait bien un tel hommage, tant il continue à captiver un auditoire universel.

«Son profil et la panoplie qui le caractérise - pipe, loupe et chapeau de chasse - sont immédiatement reconnaissables dans le monde entier. Au royaume des détectives de fiction, Sherlock Holmes règne sans partage», souligne Alex Werner, directeur des collections d'Histoire du musée.

Relativement concise, l'exposition, visible jusqu'au 12 avril 2015, est articulée en trois parties. La première est consacrée à l'oeuvre et son héritage. La deuxième présente le Londres de l'époque victorienne, dont les rues et le brouillard font presque office de personnages à part entière. La troisième s'intéresse aux objets, costumes et instruments, pharmaceutiques notamment, qui ont contribué à ancrer si solidement le détective dans la culture populaire.

Le musée insiste sur deux points forts. La présentation d'un cahier manuscrit de Conan Doyle qui porte la genèse de l'histoire. Et le manteau en tweed porté en 2011 par l'acteur Benedict Cumberbatch dans la série télévisée Sherlock.

«Mystère intact»

Faire la promotion d'une exposition avec un vêtement somme toute très classique peut paraître étonnant, voire décevant, mais renseigne aussi sur le succès formidable de la série et, par extension, sur la vigueur d'un mythe toujours dans le vent.

Diffusée sur la BBC à partir de juillet 2010, cette adaptation moderne a attiré une forte audience au Royaume-Uni et a été vendue dans plus de 180 pays.

«Sherlock Holmes incarne des valeurs universelles et intemporelles. C'est rassurant dans une société confrontée à de profondes mutations d'avoir un super héros qui résout nos problèmes de manière efficace et sans émotion apparente. Le succès de la série montre que Sherlock Holmes est toujours aussi populaire. On se devait d'y faire référence», explique une des commissaires de l'exposition, Pat Hardy, à l'AFP.

Lorsqu'on pousse la «porte secrète» de la fausse bibliothèque qui donne accès à l'exposition, on tombe d'emblée sur un mur d'écrans présentant les nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision. Histoire de rappeler d'emblée aussi que Sherlock Holmes est, selon le livre Guinness des records, le personnage «humain» le plus souvent interprété sur petit et grand écran de tous les temps, devant Hamlet et juste derrière le «non-humain» Dracula.

Pour autant, Pat Hardy se dit «étonnée» de constater que les gens continuent à faire la connaissance du détective d'abord à travers les livres de Conan Doyle. «Les histoires sont assez courtes et offrent un accès très facile à la littérature anglaise, notamment pour un public international», estime-t-elle.

Cela a d'ailleurs encouragé Conan Doyle Estate, la société familiale qui veille sur l'héritage de l'écrivain, à commander un deuxième livre sur Sherlock Holmes à Anthony Horowitz, à paraître le 23 octobre sous le titre Moriarty.

«Le mystère de Sherlock Holmes est toujours intact», assure l'auteur anglais à l'AFP qui s'attaquera l'année prochaine à un autre monument de la culture britannique: James Bond.