Les mégalithes anglais de Stonehenge, qui attirent un million de visiteurs par an, se voient doter pour la première fois cette semaine d'un musée retraçant leur histoire sans en percer le mystère, pour un prix d'entrée multiplié par deux.

«Nos hommes politiques ont parlé de honte nationale au sujet du mauvais traitement réservé à ce monument incroyable» pendant des années, explique à l'AFP Simon Thurley, directeur général de English Heritage, l'organisme public qui gère le site. «Mais la bonne nouvelle, c'est que ce n'est plus le cas» après un réaménagement de 32 millions d'euros (plus de 46 millions de dollars), financés par des partenaires privés, coupes budgétaires publiques obligent.

«Il s'agissait de restaurer la dignité du lieu» classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, explique English Heritage.

À partir de mercredi, finies les toilettes portables installées à deux pas du site préhistorique, exit aussi les vieilles baraques qui accueillaient les caisses, une mini-boutique et une cafétéria de fortune. Rasée aussi la petite route qui longeait le site et conduisait au stationnement.

Les visiteurs arrivent désormais à quelque 2,4 kilomètres des mégalithes, au tout nouveau musée qui retrace les phases de construction du temple, de l'an 3000 avant Jésus-Christ jusqu'à 2300 avant notre ère, maquettes et vidéos à l'appui.

Mais les curieux risquent de rester sur leur faim. Peu ou pas d'explications sur la façon dont les pierres pesant jusqu'à 28 tonnes ont été transportées érigées et aligné avec les mouvements du soleil.

Quant à la raison d'être du site, «il y aura toujours débat sur sa signification», prévient un immense panneau dans le musée, avant de développer plusieurs théories d'actualité: Stonehenge aurait été un lieu de sépulture au vu des tombes trouvées sur place ou alors un lieu de pèlerinage, en raison du pouvoir curatif conféré aux pierres bleues transportées à Stonehenge depuis le Pays de Galles à quelque 200 kilomètres de là.

Une navette - une série de wagons tirés par un 4X4- conduit désormais les visiteurs du musée jusqu'au site, au milieu de pâturages toujours pollués par la vue et le vacarme de la nationale qui passe à 200 mètres.

La voie rapide «démystifie un peu le lieu», constate Shayne Adcock, un touriste danois: «C'est embarrassant d'avoir dépensé tant d'argent (...) Je pense qu'ils auraient pu faire beaucoup mieux».

De fait, la construction d'un tunnel a été envisagée, mais le projet trop cher - près de 600 millions d'euros -  a été abandonné, explique Renee Fok, porte-parole de English Heritage.

Le prix du billet lui a quasiment doublé: compter 17,50 euros (25,50 $) l'entrée contre 9,50 (14 $) auparavant. Une augmentation justifiée, selon English Heritage, par l'accès au musée, une cafétéria lumineuse et une boutique qui propose aussi bien des souvenirs de Stonehenge que des peluches et des confitures. Un chauffeur de taxi local voit lui plutôt dans le nouvel aménagement du site «une vache à lait».