Depuis des mois, Londres est en plein chantier en prévision des Jeux olympiques d'été de 2012. Certains quartiers en sortiront transformés, dont East London, historiquement défavorisé. Pendant que le stade et le centre aquatique prennent forme, East London, lui, se gentrifie... Visite du chantier et de ses environs, deux ans avant le début des Jeux.

Pour l'Est de Londres, les Jeux olympiques de 2012 représentent l'an zéro. Il y aura eu «l'avant» et il y aura «l'après».

Tout le secteur se transforme, constatons-nous, assis dans un camion avec d'autres journalistes étrangers pour visiter l'immense chantier olympique.

Des milliers d'ouvriers s'affairent sur les 100 hectares de superficie qu'aura le site des JO. «Nous sommes en avance sur notre échéancier, indique notre conducteur, Ben Hurley, relationniste pour le comité olympique. Notre but est de terminer toutes les installations permanentes pour l'été 2011.»

Le comité olympique, le ODA (Olympic Delivery Authority), aurait alors un an devant lui pour faire des essais et erreurs avant l'ouverture des Jeux, prévue pour le 27 juillet 2012. Les travaux vont pour le mieux. Même que les coûts s'annoncent inférieurs au budget prévu : 7,25 milliards de livres sterling plutôt que les 8 milliards prévus (11,5 milliards de dollars plutôt que 13 milliards).

Nous passons devant le stade de 80 000 places, qui n'en comptera que 25 000 après les Jeux grâce à une bande de 20 mètres qui sera démantelée. Nous roulons ensuite vers le magnifique centre aquatique en forme de vague, conçu par l'architecte anglo-irakienne Zaha Hadid, puis à côté du vélodrome, situé près de l'auditorium/aréna où auront lieu les matchs de basketball.

Plusieurs cours d'eau et chemins de fer traversent le site olympique. «Il y aura trente ponts pour relier chaque lieu, explique Ben Hurley. Et plus de 2000 arbres matures et semi-matures seront plantés.»

Après les JO, le site sera transformé en immense parc urbain. «Cela regroupera des installations sportives, de l'espace à bureaux, 2800 nouveaux logements, une école et un centre médical», poursuit le relationniste.

Au coeur d'East London

Quand Londres a posé sa candidature pour être l'hôte des Jeux olympiques d'été pour une troisième fois en 2012, le maire de l'époque tenait absolument à ce que le stade soit construit dans l'Est de la ville.

Le développement durable est au coeur du projet olympique. Plusieurs études ont été menées afin d'évaluer ce que le quartier avait besoin en termes d'infrastructures. «C'est une priorité : 75 % du budget total va à la régénération à long terme du quartier East London», précise Ben Hurley.

East London est un quartier historiquement défavorisé, industriel, et associé à l'immigration. Le site olympique occupe une ancienne zone industrielle où il y avait beaucoup d'immeubles abandonnés.

Mais voilà que tout le secteur environnant se développe depuis l'annonce de la tenue des JO. Les vieilles bâtisses font place à de nouveaux édifices à bureaux et à logements qui sont construits tout juste au-delà de la limite du site olympique. Pendant ce temps, la valeur des terrains et du parc immobilier monte en flèche.

Visite guidée

Un café appelé View Tube permet aux gens de voir de visu l'évolution des travaux du site et du stade olympique. Situé initialement au milieu de nulle part, le café est très fréquenté, surtout depuis que le Time Out a déclaré que son sandwich au bacon était le meilleur en ville.

C'est le point de départ d'une visite guidée organisée tous les jours à 11 h. Avec tous les canaux de la rivière Lee et son décor naturel, le secteur a beaucoup de potentiel. Mais c'est aussi une partie de Londres très riche en histoire, avons-nous appris avec notre guide Jackie.

Nous avons d'abord marché sur une piste cyclable appelée Greenway, puis le long de la rivière. Nous sommes passés devant l'entreprise de saumon fumé H. Forman & Son (qui tient aussi un restaurant), et devant les 3 Mills Studios, le plus grand studio de télé et de cinéma de Londres. Tim Burton, Wes Anderson, David Cronenberg et Danny Boyle y ont notamment déjà travaillé. Les Amy Winehouse, Madonna et Rufus Wainwright y ont aussi répété ou enregistré des clips.

Les studios, situés dans une ancienne distillerie, sont aménagés près du Mill House, le plus vieux moulin à marée de la Grande-Bretagne, qui a cessés ses activités en 1941. Jackie nous a aussi montré une ancienne usine d'allumettes où des jeunes femmes ont fait une grève historique en 1888.

«C'est bien que les gens s'intéressent enfin à East London», dit Jackie.

Les frais d'hébergement de ce voyage ont été payés par Visit Britain.