Les premières «sculptures vivantes» ont commencé à se succéder lundi sur le 4e socle vide de Trafalgar Square, l'un des sites touristiques les plus fréquentés de Londres, dans le cadre d'un projet artistique visant à donner leur heure de gloire à des milliers d'anonymes.

Au total quelque 2400 volontaires tirés au sort se relaieront jour et nuit pendant 100 jours consécutifs, à raison d'une heure chacun, sur le «4e socle» de cette place toisée par la célèbre colonne de l'amiral Horatio Nelson.

Le lancement lundi de cette expérience conçue par le sculpteur britannique Antony Gormley a été perturbé par un manifestant anti-tabac qui s'est hissé sur le socle avant le premier volontaire, en début de matinée.

Profitant de la présence de nombreux journalistes, cet homme a déployé une pancarte proclamant «sauvez les enfants, interdisez le tabac et interdisez aux acteurs de fumer» à l'écran.

«Un excellent lever de rideau, c'est le meilleur soutien qu'on pouvait avoir», a réagi pour l'AFP Antony Gormley, ancien lauréat du prestigieux - et controversé - prix Turner d'art moderne.

L'artiste a expliqué l'esprit de son projet: dresser un «portrait hétéroclite du Royaume-Uni aujourd'hui dans toutes ses formidables différences multiculturelles».

«J'espère qu'on va apprendre à connaître...ce qu'on trouve drôle, effrayant, ce qu'on craint et ce qu'on aime, c'est ça l'idée», a-t-il ajouté.

Rachel Wardell, une femme au foyer, est devenue lundi matin la première «sculpture vivante» de ce projet. «C'est tellement relaxant là-haut, surtout quand il fait beau», a-t-elle commenté après une heure passée à contempler la place.

Jason Clark, un infirmier de Brighton, a lui aussi passé 60 minutes à sept mètres de hauteur.

«C'est l'une des places les plus célèbres du monde et normalement les socles sont réservés aux généraux, aux rois, aux gens qui ont été héroïques», a-t-il déclaré à l'AFP. «C'est l'occasion pour des gens ordinaires d'aller là-haut».