Dan Brown, auteur du célébrissime Da Vinci Code, révèle jeudi les secrets de son succès, à Florence, où des touristes se pressent déjà sur les pas du héros de Inferno, son dernier roman inspiré de l'oeuvre de Dante.Le spécialiste de l'ésotérisme doit donner une conférence en début de soirée sur «le besoin qu'a l'humanité du secret».

Son dernier opus, déjà vendu à 9 millions d'exemplaires un mois après sa sortie dans 13 pays, plonge de nouveau le lecteur dans l'univers du professeur de Harvard, Robert Langdon, qui doit résoudre une énigme à partir de l'un des poèmes épiques de la Divine Comédie, intitulé L'Enfer.

Les agences de voyages et hôtels de Florence y ont vu l'occasion de faire fructifier son statut de ville natale du grand poète Dante Alighieri et proposent déjà des «tours Dan Brown» et «offres spéciales Dan Brown».

«Les gens sont vraiment intéressés. J'ai déjà eu des questions de la part de touristes et beaucoup ont lu le livre», explique à l'AFP Elisabetta Franchetti, dont l'agence ArtViva a lancé jeudi un tour à pied des lieux qui ont inspiré Inferno.

Cette visite de trois heures parcourt le centre historique de la capitale toscane en suivant le professeur Langdon lancé dans une course haletante pour empêcher la destruction de la planète par un bioterroriste.

Pour Mme Franchetti, le roman peut susciter l'envie pour les touristes de découvrir les ruelles et recoins de Florence qui servent d'arrière-plan au roman.

Le livre, comme deux autres best-sellers de Brown Da Vinci Code (81 millions d'exemplaires vendus) et Anges et Démons, sera prochainement adapté au cinéma et Dan Brown aimerait que l'acteur Roberto Benigni,vainqueur d'un Oscar et grand divulgateur de Dante dans les théâtres italiens et à la télévision, y participe.

La visite pilotée par Mme Franchetti prévoit notamment d'emprunter le fameux Corridor de Vasari, passage protégé à l'époque des Médicis, qui part du Palazzo Vecchio, traverse la galerie des Offices, surplombe le Ponte Vecchio et arrive au Palais Pitti, utilisé par Langdon pour échapper à ses ennemis.

«L'idée est de s'enrichir, de permettre aux gens qui ne connaissent pas Florence, qui ne savent pas qui était Dante, Boccaccio, Pétrarque ou Machiavel d'être plus curieux ou d'approfondir leurs connaissances», explique Mme Franchetti.

Les tours opérateurs de Florence, qui commencent à souffrir de la profonde récession qui touche l'Italie, espèrent que le roman incitera les touristes à prolonger leurs séjours au-delà d'une simple journée.

L'an passé, le nombre de touristes restant au moins une nuit dans la ville a chuté de 5% chez les Italiens et de 0,9% pour les étrangers.

Eugenio Giani, président de la Société Dante et chef de l'assemblée municipale de Florence, est convaincu que le roman va encore accroître l'aura internationale de Dante (1265-1321) et de son chef d'oeuvre La Divine Comédie composée de trois chants: L'Enfer, Le Purgatoire et Le Paradis.

«Ce roman est important parce qu'il renouvelle énormément l'intérêt pour Dante même en Italie», explique M. Giani, rencontré dans le magnifique Palazzo Vecchio (siège de la mairie) où, dans le roman, Langdon fuit à travers une porte dérobée cachée derrière une carte d'Arménie.

M. Giani cite l'exemple de son propre fils de 14 ans qui est en train de lire Inferno et a demandé à son père de lui confirmer la présence d'un masque de Dante conservé au Palazzo Vecchio.

Il se réjouit aussi du fait que le livre replace Dante au centre d'une ville d'où il fut banni pour des raisons politiques en 1302. «Une fois que tout le brouhaha sera terminé», il suggère à Dan Brown de revenir à Florence pour y puiser l'inspiration d'un nouveau roman, car «on ne manque pas de secrets ici», conclut-il.