La Fontaine de Trevi, chef-d'oeuvre de l'art baroque immortalisé dans La Dolce Vita de Fellini, va s'offrir un lifting de 2,12 millions d'euros financé par la célèbre maison de couture romaine Fendi, nouvel exemple de mécénat à grande échelle dans la Ville Éternelle.

«La restauration de la Fontaine de Trevi est la démonstration de l'importance de la collaboration public-privé», a souligné le maire de la capitale italienne, Gianni Alemanno, lors d'une conférence de presse au musée du Capitole avec notamment le styliste de Fendi, le flamboyant Karl Lagerfeld.

Face à la crise, «il y a besoin d'un nouveau mécénat culturel», a souligné le maire, qui souhaite ainsi redonner son lustre à la fontaine qui servit de cadre à la fameuse scène de La Dolce Vita (1960) où Anita Ekberg, vêtue d'un fourreau noir, se jette à l'eau sous les yeux éberlués de Marcello Mastroianni.

Submergée de touristes et en mauvais état, la fontaine, réalisée entre 1732 et 1762 sur un projet de l'architecte romain Nicola Salvi, va bénéficier d'une restauration tous azimuts: nettoyage et restauration des sculptures en marbre et travertin, réfection de la couverture de plomb de la corniche, imperméabilisation des vasques et nouveau système de vidéosurveillance.

Le tout pour un coût global de 2,12 millions d'euros pris en charge intégralement par Fendi, qui ne bénéficiera en contrepartie que d'un discret logo sur le panneau du chantier et d'une plaque de remerciement de 30 sur 40 cm apposée sur le monument pendant quatre ans.

«C'est une idée formidable, un grand projet: c'est un symbole de Rome, au même titre que le Colisée et Saint-Pierre», s'est réjoui Karl Lagerfeld, immuable avec son catogan et ses lunettes noires, qui a confié être venu plus de 700 fois à Rome, dont la première dans les années 50 avec ses parents.

M. Lagerfeld est depuis des années le styliste de la maison Fendi, connue en particulier pour son travail sur le cuir et la fourrure, ou encore ses sacs Baguette. Fondée en 1925 à Rome par Edoardo et Adele Fendi, elle est présente aujourd'hui dans une soixantaine de pays.

Les travaux devraient durer 20 mois à partir du lancement du chantier qui devrait s'achever au plus tard d'ici 2015 sauf imprévu. À condition toutefois que la fontaine ne subisse pas le triste sort du Colisée, dont les travaux de restauration n'ont toujours pas commencé alors qu'ils devaient débuter en mars 2012.

Ces travaux, financés à hauteur de 25 millions d'euros par le roi italien de la chaussure Tod's, sont bloqués en raison du recours devant la justice d'une entreprise ayant perdu l'appel d'offres.

Rome, dont les finances sont loin d'être florissantes, a choisi de recourir de plus en plus au mécénat pour restaurer son énorme patrimoine.

Un appel au privé qui ne choque pas Karl Lagerfeld en cette période de crise: «Ma devise dans la vie, c'est +Paye qui a l'argent+. C'est aussi simple que ça. La mode a la chance d'avoir de l'argent parce que les affaires marchent de manière incroyable, comme jamais auparavant, dans le reste du monde. Alors que Rome en profite!», a-t-il confié à l'AFP .

Le styliste va en profiter pour publier un livre sur les fontaines de Rome en recourant au daguerréotype, un procédé photographique mis au point en 1837 par Louis Daguerre qui produit une image sans négatif sur une surface en argent, polie comme un miroir, exposée directement à la lumière.

Dans le cadre de son initiative baptisée «Fendi for Fountains», Fendi a signé le 14 décembre une convention de mécénat avec Rome par laquelle elle s'engage, outre la fontaine de Trevi, à financer aussi la restauration des «Quatre Fontaines», un ensemble monumental actuellement noirci par la pollution situé derrière le Quirinal, le palais du président de la République. Budget prévu: 320 000 euros.