Tous les deux ans, Justyna Adamczyk fait le voyage. Cette chasseuse de têtes mordue de cuisine part de Varsovie et parcourt quelque 2000 km en voiture à travers la Pologne, l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse puis l'Italie en direction de Turin, pour manger, goûter, découvrir. Pas parce que l'avion coûte trop cher, mais parce qu'elle veut pouvoir rapporter le plus de gourmandises possible dans sa Volvo.

Au Salone del Gusto de Turin, elle fait une épicerie bisannuelle de géant: 60 bouteilles de vin, 15 litres d'huile d'olive de différentes qualités, 10 bouteilles de vinaigre balsamique, du fromage, des charcuteries, du miel...

«Tu devrais voir notre voiture, dit-elle. Ça déborde de partout.»

Justyna fait partie des mordus du Salone del Gusto et de Terra Madre, méga-événement gastronomique et alimentaire qui a eu lieu tous les deux ans à Turin, à la fin du mois d'octobre. Celui de 2012 vient de prendre fin. Le prochain sera en 2014.

Ici, le mouvement Slow Food, voué à la promotion économique, politique et culturelle d'une alimentation saine, propre et juste, propose sa vitrine. Des centaines de petits producteurs sont invités à montrer et à vendre leurs produits. Des vignerons font goûter à leurs vins. Des militants discutent des grands enjeux alimentaires.

En un seul lieu, le Lingotto, ancienne usine de la Fiat transformée en gigantesque centre des congrès, on rassemble tout ce qu'attendent les gourmands politisés, amateurs de produits du terroir, artisanaux.

Auparavant, le Salone se limitait à l'Italie. Aujourd'hui, avec le volet Terra Madre, c'est carrément le monde qui est représenté. Si vous avez envie de manger de la cuisine traditionnelle coréenne, vous allez dans ce pavillon. Si vous cherchez plutôt à déguster des huiles d'olive d'Ombrie ou de Ligurie, c'est par là... Il y en a pour tous les goûts. Il y a même une section «cuisine de rue», où l'on peut goûter à toutes sortes de plats servis dans les villes du monde entier.

«Ça faisait des années que je rêvais de venir ici, raconte le Montréalais Martin Autotte, qui travaille en finances et qui est membre du mouvement Slow Food. Et ça vaut vraiment la peine.»

Pendant les cinq jours de l'événement, il a fait des dégustations de vin, assisté à des ateliers de cuisine super pointus, mangé des salamis et des fromages qu'il n'aurait jamais espéré découvrir un jour. «Et si tu es membre de Slow Food, c'est seulement 30 euros l'entrée pour la semaine», précise-t-il.

Cela dit, une fois sur place, il faut payer pour plusieurs activités. Des chefs venus du monde entier - Amérique latine, Asie, Scandinavie, etc. - font des démonstrations. Des vignerons font goûter à leurs vins. Il faut réserver. Payer un supplément.

«Mais quand tu es passionné de cuisine comme moi, c'est brillant», ajoute Justyna, qui en est à sa cinquième visite.

Elle a par exemple participé à un atelier donné par le Nordic Food Lab, l'équipe de recherche du restaurant Noma de Copenhague. Et pendant qu'on parle, le chef Massimo Bottura, grande vedette actuelle de la cuisine moderniste italienne, présente la création de l'un de ses nouveaux plats cultes, «Le lièvre sous la forêt», devant une horde de caméras qui donnent à la scène un style tapis rouge hollywoodien.

«Vieni in Italia con me», dit le panneau à la porte, thème de la présentation du chef de Modène.

Viens en Italie avec moi.

Bonne idée.

Photo AFP

Le Salone del Gusto et de Terra Madre est un méga-événement gastronomique et alimentaire qui a eu lieu tous les deux ans à Turin, à la fin du mois d'octobre. Il y en a pour tous les goûts.