L'arène et les souterrains du Colisée seront de nouveau accessibles cet été après de gros travaux de restauration, mais l'emblème de Rome a besoin d'un plan plus ambitieux actuellement en attente de sponsors, a indiqué un responsable mercredi, lors d'une visite du monument.

«D'ici le mois d'août, nous allons rouvrir l'arène (le plancher de bois recouvert de sable), l'hypogée (les souterrains), la galerie entre les deuxième et troisième étages et l'attique (dernier niveau) du Colisée», a expliqué Piero Meogrossi, directeur technique du département archéologique au ministère de la Culture.Mais ce responsable a lancé un cri d'alarme, jugeant indispensable un projet plus articulé et plus large englobant les chantiers de restauration, le contrôle permanent de l'état du monument, sa surveillance, la création d'un musée, le déménagement des librairies, toilettes, et buvettes parfois illégales vers des sites plus adaptés, et des travaux de recherche scientifique.

Un plan de 23 millions d'euros comprenant notamment le nettoyage de la façade abîmée par les intempéries et la pollution automobile (2.000 voitures à l'heure, selon les écologistes) a été mis au point par la mairie de Rome et le ministère de la Culture, mais est en attente de sponsors.

«Plus que des sponsors, nous préférons parler de partenaires, car nous voulons qu'ils s'impliquent à nos côtés», a expliqué M. Meogrossi.

Soulignant que le Colisée est passé en une dizaine d'années de 1 million à 6 millions de visiteurs par an, M. Meogrossi a déploré un manque constant de moyens financiers et de personnel.

«Pour l'entretien ordinaire, nous disposons de seulement 400 à 500.000 euros chaque année», a-t-il noté, en soulignant que son service de «trois personnes, sans assistants ni géomètres», passe son temps à «boucher les trous de la digue à chaque fois qu'il y a une fuite». Comme à la mi-mai quand des morceaux de mortier à la chaux se sont détachés.

«Il n'y a pas de personnel, pas de moyens, donc il y a des contrôles mais pas en permanence», a déploré M. Meogrossi, pour qui le Colisée est une passion depuis 20 ans.

L'idée du grand projet défendu par la mairie, dont dépend l'extérieur du monument, et le ministère, responsable de ce qui se passe à l'intérieur, est selon M. Meogrossi de créer «un système intégré», y compris «pour mieux connaître ce monument, mieux organiser les chantiers et mieux le présenter sur le plan didactique».

«Il faut restituer à la collectivité l'idée que ce n'était pas seulement l'endroit des combats de gladiateurs, mais un lieu sacré où les Romains célébraient le passé pour mieux se projeter dans l'avenir», a-t-il souligné.

Pour M. Meogrossi, le dicton «si le Colisée s'effondre, ce sera la fin du monde» est véridique, car «il est au coeur de la mémoire du monde occidental» en tant que «premier monument en pierre bâti grâce au butin tiré de la destruction par les Romains du temple de Salomon».

Le Colisée, en forme d'oeuf, entamé entre 70 et 72 sous Vespasien et achevé en 80 sous Titus, est le plus grand amphithéâtre jamais construit dans l'Empire romain.

Pouvant accueillir entre 50 000 et 75 000 spectateurs, il fut utilisé pour les combats de gladiateurs et autres spectacles publics et est resté en service pendant près de 500 ans.

Devenu une ruine, il fut régulièrement pillé, servant en grande partie à l'édification du Vittoriano (1911), l'imposant monument dédié à l'unificateur de l'Italie Victor-Emmanuel II et surnommé ironiquement «la machine à écrire».