Les visiteurs au stand de la Grèce à la foire du tourisme de Berlin, la plus importante au monde, pourraient croire le pays au mieux de sa forme, plutôt que dans les affres d'une crise financière.

«Venez en Grèce, nous vous attendons», affirme tout sourire la ministre adjointe du Tourisme tandis que des écrans diffusent des images de mers bleues, de plages idylliques, et des monuments anciens brûlés de soleil: un contraste évident avec les images de manifestations et de grêves occasionnées par les récentes mesures d'austérité annoncées par le gouvernement d'Athènes.

La ministre, l'ancienne actrice Angela Gerekou, s'est affirmée convaincue que le tourisme, qui représente environ 20% de l'économie du pays, allait aider à tirer le pays de la crise.

«Oui, il y a un problème, mais partout, pas juste en Grèce», a-t-elle affirmé à l'AFP.

«La Grèce touristique est toujours là, malgré la crise. Nos 6000 îles sont toujours là. Nos 15.000 kilomètres de rivages. La campagne magnifique avec ses villages divers et coutumes différentes», souligne-t-elle.

Et d'ajouter: «Nous allons vaincre la crise».

Mais en dépit de la forte présence grecque au salon international du tourisme (10 au 14 mars) -- les stands remplissent presque un hall complet -- les coupes budgétaires du gouvernement se reflètent dans le budget du ministère du Tourisme, réduit à utiliser le matériel publicitaire de l'an dernier.

Et tout le monde ne partage pas l'optimiste de la ministre.

Car bien que l'industrie mondiale du tourisme espère une reprise cette année après une année 2009 maussade, nombre de responsables grecs craignent une seconde année de crise pour leur propre secteur stratégique.

George Drakopoulos, patron de l'Association des entreprises grecques du tourisme (SETE), estime que les revenus du tourisme ont diminué de 10% l'an dernier, avec une chute de 7% du nombre des visiteurs.

«Je crains que la demande cette année ne soit pas supérieure à celle de l'an dernier,» a-t-il déclaré à l'AFP à Athènes. Et ceci seulement si les tours opérateurs consentent à réduire les prix et que l'euro se déprécie face à autres devises.

Argyro Phili, présidente de l'Association hellénique du voyage et des agences de voyage, affirme que nombre de vacanciers attendent de voir le résultat des mesures d'austérité du gouvernement grec avant de réserver leurs billets.

«Ce que nous craignons c'est qu'ils aient peur de voir leurs vacances gachées par des facteurs imprévisibles comme des grèves, et qu'ils ne viennent pas. C'est ça qui nous fait peur,» affirme-t-elle.

Le secrétaire-général de l'Organisation mondiale du tourisme, Taleb Rifai, pense que le secteur se portera mieux cette année, mais prévient que pour la Grèce la situation «demeure très incertaine et peu claire».

«Le tourisme va évoluer de la même façon que l'économie», estime-t-il.

Certains experts craignent également qu'une récente guerre médiatique entre l'Allemage et la Grèce refroidisse l'ardeur des quelque 2,3 millions d'Allemands qui visitent chaque année la Grèce.

Berlin refuse d'aider financièrement la Grèce et le quotidien populaire Bild a même proposé de n'aider Athènes que si les Grecs acceptaient de vendre leurs îles inhabitées.