Les monastères perchés sur les formations rocheuses des Météores sont à cinq heures de route d'Athènes. Ils sont situés dans l'un des plus mystérieux paysages qu'il vous sera donné de voir.

Les Météores, dans le nord de la Grèce, se présentent sous la forme d'une forêt de pitons rocheux au sommet desquels ont été construits des monastères. L'endroit a été promu au rang des sites patrimoniaux de l'humanité en 1988.

Les moines ont été bien inspirés d'y trouver refuge. Là-haut, dans le vide et dans le vent, tout est silence, à condition de s'y trouver en dehors de la haute saison et des hordes de touristes.

C'est vrai pour le reste de l'Europe, mais c'est encore plus vrai ici : que l'on soit attiré par le mystique ou par l'ambiance mystérieuse de cette géologie hors du commun, c'est au printemps et à l'automne que l'on savourera le mieux l'endroit.

Pour donner dans la contemplation et la solitude, les moines ne pouvaient certes pas trouver meilleur endroit. Encore fallait-il pouvoir s'y percher, et Dieu seul sait comment, dans les siècles passés, ils ont réussi à grimper là-haut!

Les premiers ermites à adopter l'endroit habitèrent dans les cavernes naturelles au flanc de parois rocheuses. Comme des aigles dans leurs nids.

À partir du XIVe siècle, ils s'y installèrent plus confortablement - enfin, tout est relatif, il s'agit de moines, après tout - et construisirent des monastères, en haut, tout en haut des rochers, loin de tout contact avec le plancher des vaches.

Encore aujourd'hui, on peut voir de ces filets et de ces nacelles dans lesquelles les moines, jadis, s'installaient au péril de leur vie. Aujourd'hui, ils servent au transport de vivres et de matériaux.

À moins d'être un de ces alpinistes qui se donnent bien du mal, c'est en toute sécurité que les monastères peuvent être visités aujourd'hui, par un circuit qui fait 17 km. Plus question de filets et d'échafaudages : des escaliers taillés dans le roc vous mènent, peinards, à chaque monastère, et pour tout dire, des stationnements, il n'y a même pas tant de marches que cela.

Aux Météores comme ailleurs, il y a eu crise de vocation, il y a eu des guerres, puis il y a eu les touristes, tous ces facteurs se conjuguant pour faire du moine un être en voie de disparition. C'est ainsi qu'aujourd'hui, seulement cinq monastères et un couvent peuvent être visités.

Si vous n'êtes sur place qu'une journée, choisissez trois monastères, dont l'incontournable monastère de la Transfiguration, aussi appelé Grand Météore. C'est le plus grand de tous, et même les enfants ne se feront pas prier si vous leur dites qu'ils verront là des dizaines de crânes de moines.

Chaque monastère compte quelques icônes et fresques, mais c'est pour le site en lui-même, à couper le souffle, que vous ferez le déplacement aux Météores.

Comment y aller

Peut-être aurez-vous choisi de visiter les Sporades, ces îles situés dans le nord de la mer Égée. Si c'est le cas, les Météores ne vous feront pas faire un trop gros détour. Il est cependant plus probable que vous ayez opté pour les Cyclades (dont fait partie Santorin) et que les Météores ne soient pour vous qu'un petit périple depuis Athènes. Le mieux, alors, c'est de louer une voiture le matin, d'arrêter casser la croûte - ou la salade grecque - à Agios Konstantinos, charmant hameau côtier d'où partent justement quelques traversiers pour les Sporades, sans que cela ne vienne troubler le calme de l'endroit.

Et si vous vous arrêtez à Agios Konstantinos à l'aller, on gage que vous y ferez aussi escale en revenant des Météores. Pas parce qu'il y a des tonnes de choses à visiter, ni parce que c'est commodément à mi-chemin entre Athènes et les Météores, mais parce qu'on y est bien, tout simplement, sur la place principale, entre mer et montagnes, à voir les hommes prolonger le plaisir de la table. (D'ailleurs, où sont les femmes? nous sommes-nous souvent demandé en flânant nous-mêmes quelques après-midi!)

Quand vous serez repartis d'Agios Konstantinos et aurez fait un peu plus de deux heures de route de plus, vous verrez les Météores de loin. Le soir, vous pourrez manger à Kalambaka tout à côté ou, plus tranquille encore, à Kastraki.

Où dormir pour trois fois rien (même en haute saison), au pied des Météores, dans le confort le plus total? Notre secret: l'hôtel Dellas. C'est en retrait de la ville, et au grand calme, donc.

Et quand la nuit tombera sur les rochers, essayez toujours de retenir un petit frisson!