Dalida fascine toujours. Trente ans  après sa disparition, l'interprète de Gigi L'amoroso, incarnation de la femme totale et idole des drag-queens, fait l'objet d'une série d'hommages en forme de livres et de film biographiques. Sans oublier sa flamboyante garde-robe, actuellement exposée au Palais Galliera, à Paris. Visite guidée sur les traces de Dalida.

Les robes...

Il y en a plus d'une centaine. Elles ont été léguées au musée de la mode par le frère de la chanteuse, Orlando, gestionnaire officiel de son patrimoine. Ce n'est pas la première fois que les robes de Dalida sont exposées, mais jamais n'ont-elles été en si grand nombre, d'où le caractère événementiel de l'affaire. La première salle, consacrée à la Dalida première époque (1956-1965), est plutôt sobre, à côté de ce qui suivra. Petites robes d'influence New Look, mais déjà, des décolletés très généreux.

De la sagesse à l'exubérance

Au milieu des années 60, Dalida adopte les longues robes blanches signées Pierre Balmain, qui la suivront sur scène pendant des années. Dans la vraie vie, son look est plus éclectique. Influence hippie, caftans, gilets et pantalons de jeans, smokings, sahariennes, trench-coat en satin noir Yves Saint Laurent. Entre retenue et exubérance, la brune-devenue-blonde oscille. «J'en prends plein les yeux», lance Huguette Gadras, vieille dame de Saint-Émilion, venue à Paris spécialement pour voir l'expo. «Elle avait bon goût, quand même.»

Tenues excentriques

Bon goût? C'est selon. Dans la salle consacrée aux années 70 et 80, la garde-robe, jusqu'ici maîtrisée, explose dans tous les sens. Cuirs et clous façon sadomaso, robes rouges à paillettes, bikinis de cuir, imprimés léopard et boas style disco-tendance-music-hall. «Il faudrait vraiment une occasion spéciale pour mettre ça», admet une autre visiteuse, Marie-Luce Audebert, entre amusement et fascination. À côté d'elle, Stéphane Alonzo applaudit plutôt l'audace: «À l'époque, les artistes avaient des vraies tenues de scène. Ce n'est pas comme aujourd'hui.»

Taille fine

Kitsch, exubérance, volupté... et minceur. «On ne l'imaginait pas aussi fine» ajoute Stéphane Alonzo, impressionné. Des années 50 aux années 80, toutes ses robes ont en effet la même taille de guêpe. Comme si les ans n'avaient eu aucune emprise sur Dalida. Elle était pourtant hantée par le vieillissement, l'une des nombreuses raisons qui l'inciteront à se suicider, ne laissant que cette note: «La vie m'est insupportable, pardonnez-moi.» Elle avait 54 ans.

PHOTO FRANÇOIS GUILLOT, Agence France-presse

La première salle, consacrée à la Dalida première époque (1956-1965), est plutôt sobre.

Le buste porte-bonheur

Le Paris de Dalida, ce n'est pas que le Palais Galliera. Pour compléter la visite, on se rendra bien sûr à Montmartre, le quartier qu'elle aimait tant. Sa maison, dominant la petite rue d'Orchampt, sa tombe, dans le cimetière Montmartre et enfin son buste - dans tous les sens du mot - érigé sur la place portant son nom, sur le flanc nord de la Butte. On dit que toucher ses seins porterait bonheur. D'où la patine brillante au niveau de la poitrine. Drôle de fin pour une icône.

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Dalida, une garde-robe de la ville à la scène, jusqu'au 13 août, au Palais Galliera (musée de la mode à Paris).

Photo fournie par le Palais Galliera

Ensemble noir et or signé Mine Barral Vergez.