Il y a l'entrepreneur et le goûteur. Le spécialiste du 2.0. et celui de la bonne cuisine. Ils se nomment Romain Passelande et Thomas Le Gourrierec, mais pour faire plus simple, on les appelle « Les Petites Tables ». Lancé l'an dernier, leur site web est la preuve par 80 restaurants qu'on peut manger (bien) à Paris pour pas cher.

Science-fiction ? Pas du tout. Au-delà des grands restaurants et des brasseries vintage hors de prix, la Ville Lumière offre un choix surprenant d'établissements dont le prix des menus ne dépasse pas la barre des 10 euros. Mais cette espèce rare est souvent ignorée par les guides spécialisés, d'où ce blogue « food, bons plans, malin » qui connaît un certain succès sur les réseaux sociaux.

Soyons clairs : on ne parle pas ici de bouibouis, de comptoirs à kebab ou de crêperies de coin de rue, mais de petits restos indépendants, tenus à bout de bras par des passionnés du fourneau qui ne voient pas l'intérêt de gonfler les prix.

Il y en a des centaines, direz-vous. Mais Les Petites Tables trient sur le volet pour ne proposer que ce qui sort de l'ordinaire. « Il faut que ce soit une expérience », résume Romain, que La Presse a rencontré dans un resto qu'on devine abordable.

Leurs critères ? Variables, pourvu que les prix soient bas et le repas, à la hauteur. Mené sur le terrain par Thomas, critique gastronomique patenté (il a collaboré au magazine L'Express), le tandem n'endosse que les menus « exceptionnels » (Romain), avec un petit faible pour la consommation locale et les légumes de saison... Si, de surcroît, le lieu est chouette ou que son propriétaire sort de l'ordinaire, le coup de coeur est total. Attention : la plupart de leurs suggestions ne s'appliquent qu'à l'heure du lunch.

Leur communauté se chiffre actuellement à 27 000 abonnés, qui réagissent et suggèrent sur Facebook. Reste à voir comment cette expérience interactive se développera. Les Petites Tables envisagent la création d'une « appli », puis l'élargissement de leur terrain de jeu aux restaurants à 20 et 30 euros, puis, éventuellement, à d'autres villes.

> Consultez le site des Petites Tables

CINQ SUGGESTIONS DE ROMAIN ET THOMAS

LE PETIT OLIVIER

Caché parmi les antiquaires, cabinets d'architectes et maisons d'édition, Le Petit Olivier propose midi et soir une formule à 10 euros qui inclut repas principal et dessert ! Avec des plats comme le poisson sauce bouillabaisse ou le civet de sanglier aux petits légumes, son menu est une « gloire à la cuisine ménagère », souligne Thomas. « En plus, le patron est un vrai personnage. »

82, rue du Cherche-Midi, 6e arrondissement

Photo fournie par Les Petites Tables

Le Petit Olivier, situé dans le 6e arrondissement, propose un menu à la « gloire de la cuisine ménagère » à 10 euros.

MANDOOBAR

Pour une petite table, c'en est toute une : grand comme un mouchoir de poche, ce resto confidentiel ne sert qu'une poignée de clients, qui assistent en direct aux performances du chef, un Coréen d'origine, spécialiste du ravioli et du tartare de thon, passé maître dans la science du poivre. Va sans dire : on vous suggère de réserver.

7, rue d'Édimbourg, 8e arrondissement



Photo fournie par Les Petites Tables

Le Mandoobar, dans le 8e arrondissement, ne sert qu'une poignée de clients, qui assistent en direct aux performances d'un chef passé maître dans la science du poivre.

LA POINTE DU GROUIN

Attention, expérience. Sis à trois rues de la gare du Nord, ce resto-bar breton propose une bien drôle de formule. D'abord, vous devez payer en groins, la devise locale (pas d'inquiétude, il y a une machine à faire la monnaie). Puis, une fois votre commande prête, on hurlera votre nom dans un vieux micro fifties digne d'Elvis. Le menu ? Artichauts, bigorneaux, kouign-amann et autres spécialités du « pays ». Accrochez-vous : la musique est très rock... et très forte !

8, rue de Belzunce, 10e arrondissement



Photo fournie par Les Petites Tables.

La pointe du grouin, dans le 10e,  propose artichauts, bigorneaux, kouign-amann et autres spécialités du « pays », accompagnés de musique rock... très forte !

CENTRE TOUT NATURELLEMENT

Original, ce resto végétalien est abrité par un centre de naturopathie ! Ici, pas de pain, pas de vin, que des salades, des soupes, des petites huiles et des plats granole-santé au boulgour d'orge, au chou-fleur et à la courgette. Terne ? Au contraire, lance Romain : « Gustativement parlant, c'est dingue. Et en plus, tu peux te faire un sauna ou avoir des soins avant de manger, si tu veux. » Fermé le soir.

83 bis, rue Lafayette, 9e arrondissement



Photo fournie par Les Petites Tables.

Centre tout naturellement est un resto végétalien du 9e arrondissement de Paris sans vin et sans pain, mais pas terne pour autant.

NOSSA

Selon Thomas, ce repaire lumineux, situé dans le Quartier latin, sert le meilleur poulet rôti en ville. « Il est cuit au barbecue façon churrasco, une méthode portugaise qui permet de le rendre croustillant à l'extérieur et fondant à l'intérieur. » Le tout servi pour 10 euros avec une entrée, des petites pommes de terre grenailles à l'ail et une sauce miel, curry ou whisky.

1, rue de l'École Polytechnique, 5e arrondissement

Photo fournie par Les Petites Tables.

Le Nossa, dans le Quartier latin, sert le meilleur poulet rôti de Paris, paraît-il.