Le nombre de touristes étrangers en France a chuté de 7% depuis le début janvier selon le gouvernement, en raison des attentats mais aussi des intempéries, des effets de calendrier et des grèves, Paris et la Côte d'Azur subissant de plein fouet cette désaffection.

«Les arrivées (de touristes étrangers) depuis le début de l'année sont finalement en recul de 7% sur l'ensemble du territoire, mais les résultats en région sont globalement stables par rapport à l'an dernier, bien qu'impactés par l'attentat de Nice», a indiqué le ministre des Affaires étrangères et du Tourisme Jean-Marc Ayrault, lors d'un déplacement mardi dans le Val de Loire.

Pour M. Ayrault, «les attentats expliquent en partie (ces) tendances décevantes», et «la perception du risque sécuritaire a eu une influence nette sur certaines clientèles, notamment les plus aisées, ou celles originaires d'Asie», sans oublier les difficultés économiques en Russie ou au Brésil.

Si l'Hexagone entier est concerné par cette baisse de fréquentation, l'Île-de-France et plus particulièrement Paris est durement touchée.

Le secteur du tourisme en Ile-de-France a ainsi perdu un milliard d'euros de chiffre d'affaires depuis le mois de janvier, selon un bilan du Comité régional du tourisme (CRT), publié mardi.

«Tous les clignotants sont au rouge!», s'est alarmé Frédéric Valletoux, président du CRT lors d'un point de presse, demandant à l'État la mise en place d'un «plan Orsec».

Effet d'évitement de la capitale

«Les touristes étrangers contournent Paris, qui enregistre une baisse de 11,4% des nuitées, contre 4,4% dans les autres départements franciliens. Il y a un effet d'évitement de la capitale», ajoute François Navarro, directeur général du CRT.

M. Ayrault a également pointé des «prix trop élevés» dans la capitale, alors que selon lui, les professionnels de la Côte d'Azur ont ajusté leurs tarifs juste après l'attentat à Nice.

Cependant, le CRT Paris assure que les établissements 5 étoiles et plus de la capitale ont baissé leurs prix de «25 à 45%».

Dans le détail, le nombre de Japonais visitant l'Île de France s'est effondré de 46,2% au premier semestre, de même que les Italiens (-27,7%) et Russes (-35%). Même les Américains et Chinois sont entrés désormais dans un «cycle inquiétant de baisse» avec -5,7% et -19,6% sur le semestre.

Par ailleurs, selon la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, interrogée dans Le Figaro mardi, «au-delà du risque terroriste, la sécurité au quotidien n'est pas suffisante». Elle a ainsi dénoncé «l'agression de touristes chinois cet été, devant leur hôtel à Gonesse» qui «a tourné en boucle sur internet», comme celle de «Coréens, dévalisés alors qu'ils s'étaient perdus» à Saint-Denis.

La Côte d'Azur, à la suite de l'attentat de Nice, a également été touchée de plein fouet par la chute de la fréquentation, une baisse qualifiée d'«exceptionnelle» par le Comité régional du tourisme. Le CRT Côte d'Azur a en effet fait état mardi d'une baisse de fréquentation de 10% dans l'hébergement et les transports et d'un chiffre d'affaires en baisse de 20 à 25% pour les professionnels. Selon les acteurs régionaux du tourisme, la remontée du volume de nouvelles réservations commence cependant déjà à se faire sentir, grâce à un plan de relance rapide et à des campagnes de communication.

Réunion du comité d'urgence en septembre

M. Ayrault, qui avait présenté en mars un plan doté d'un million d'euros pour promouvoir la France à l'étranger après les attentats de 2015, a annoncé qu'il allait «mobiliser 500 000 euros additionnels» au profit de ce programme piloté par Atout France, pour couvrir notamment la Côte d'Azur.

Le chef de la diplomatie française, qui avait déjà rassemblé la filière début juillet, a en outre indiqué qu'il réunirait «début septembre» un nouveau comité d'urgence économique du tourisme, «consacré aux régions les plus affectées» par cette baisse, avant de proposer d'éventuelles mesures supplémentaires. Il souhaite en effet disposer de «statistiques précises», car la situation est «très contrastée» et certaines régions «s'en sortent très bien», a-t-il souligné.

Ainsi, Jean-Marc Ayrault a fait valoir que l'Euro 2016 de football avait entraîné des taux de remplissage record des hôtels dans certaines villes-hôtes, leur chiffre d'affaires ayant grimpé de 70% à Lens, Lille ou Saint-Etienne.

De même, certains événements culturels ont attiré plus de public (+6,5% pour le festival d'Avignon et +32% pour les Francofolies de la Rochelle), tout comme les parcs d'attraction (+2% après une année 2015 «record») et les campings (+8%).