Châteaux de la Loire, fêtes de Bayonne: de nombreux lieux et manifestations emblématiques du territoire français connaissent une forte baisse de fréquentation après les attentats, mais certains experts du secteur tablent sur le tourisme d'affaires pour relancer un peu l'activité à la rentrée.

Au cours des six premiers mois de l'année, le nombre de nuitées de touristes étrangers en France a baissé en moyenne de 10% en raison des craintes suscitées par les attentats, a révélé le secrétaire d'État chargé de la promotion du tourisme, Matthias Fekl, dans une entrevue au Journal du dimanche.

À Paris, la fréquentation hôtelière a chuté de 9,8 points à 78,1% en juillet par rapport à l'année dernière, d'après les chiffres de l'Observatoire économique du tourisme parisien.

Les plus fortes baisses concernent la clientèle internationale, dite «long-courrier», plus sensible aux questions de sécurité que les touristes français.

Dans la capitale, les réservations aériennes des touristes Américains, première clientèle touristique étrangère, ont ainsi connu une baisse de 19,2% entre le 25 et le 31 juillet alors qu'elles étaient en progression de 14% entre le 27 et le 3 juillet, d'après les chiffres du service ForwardKeys.

Les réservations aériennes des Britanniques ont pour leur part chuté de 23% la dernière semaine de juillet sous l'effet conjugué des attentats, du Brexit et de la chute de la livre, d'après Thomas Deschamps, responsable de l'Observatoire statistique de l'office de tourisme de Paris.

Certains rendez-vous majeurs, comme la grande braderie de Lille, qui accueille plusieurs millions de visiteurs chaque année début septembre, ont été annulés.

L'espoir fragile du tourisme d'affaires

Quant aux événements maintenus malgré le contexte sécuritaire, ils ont connu un bilan en demi-teinte, à l'instar des fêtes de Bayonne qui ont affiché une baisse de fréquentation de 20%.

Du côté des châteaux de la Loire, Chambord, l'un des châteaux les plus visités en France, connaît une baisse générale de fréquentation de 6%, dont une chute de 20% pour la clientèle japonaise, selon son directeur général Jean d'Haussonville, cité dans le Parisien.

«On est dans un contexte inédit. Avec un seul attentat, on serait dans le cas de figure de Madrid après l'attentat de 2004, mais là on est entré dans une logique de répétition avec un risque qui s'installe dans le quotidien», analyse Vanguelis Panayotis du cabinet spécialisé MKG.

«La seule lumière au bout du tunnel est la stabilisation de la fréquentation française qui représente 45% de la fréquentation touristique des hôtels à Paris avec une augmentation du tourisme d'affaires», souligne à l'AFP Thomas Deschamps.

«La proportion des nuitées d'affaires n'a, en effet, pas arrêté de progresser au premier semestre dans le Grand Paris grâce à la reprise économique», ajoute-t-il.

«Sur l'ensemble du territoire, la clientèle d'affaires représente 70% du chiffre d'affaires des hôtels. A la rentrée, on espère retrouver une activité liée à l'économie et pas à la sécurité», commente Vanguelis Panayotis du cabinet spécialisé MKG.

Moins optimiste, le cabinet Protourisme, qui constate déjà des annulations de congrès et de comités d'entreprises en raison des attentats et des grèves aériennes, estime qu'à partir de septembre, les réservations liées au tourisme d'affaires seront en baisse de 5 à 10% par rapport à l'an dernier.

Selon son président, Didier Arino, la baisse de fréquentation des clientèles «long-courrier» à fort impact économique combinée aux annulations du tourisme d'affaires devrait coûter trois milliards d'euros au secteur sur les sept premiers mois de l'année.