Le ciel français sera très perturbé mercredi par une grève des contrôleurs aériens, appelés à débrayer jusqu'à jeudi par le premier syndicat d'aiguilleurs, qui réclame des négociations sociales spécifiques à la profession.

Le SNCTA a confirmé son préavis à l'issue d'une réunion de conciliation infructueuse mardi, qui n'a apporté «aucune réponse concrète» à ses revendications posées depuis plusieurs mois.

En conséquence, «des perturbations sont attendues sur l'ensemble du territoire», a prévenu dans un communiqué la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), qui demande aux compagnies d'annuler 40% de leurs vols mercredi.

Les appels du SNCTA sont en général très suivis par les 4000 contrôleurs, dont le syndicat a recueilli 49,8% des voix aux dernières élections professionnelles en décembre 2014.

Assujettis au service minimum, les contrôleurs aériens peuvent être réquisitionnés pour assurer au minimum 50% du trafic. Pour éviter la pagaille, la DGAC pousse souvent également préventivement les compagnies à réduire leur programme de vols. Pour la journée de jeudi, elle communiquera mercredi en fin de matinée ses recommandations.

Le SNCTA avait initialement programmé son action du 25 au 27 mars, mais l'avait repoussée en raison de l'écrasement de l'A320. Il a finalement déposé plusieurs préavis: du 8 au 9 avril, du 16 au 18 avril et du 29 avril au 2 mai.

Au total, «huit jours de grève» sur une période «de grands week-ends et de vacances scolaires», condamnée «avec la plus grande fermeté» par la Fédération nationale de l'aviation marchande (Fnam).

«Ce nouveau mouvement social entraînera de nombreuses perturbations avec retards et annulations de vols et viendra pénaliser essentiellement les clients des compagnies aériennes basées en France et leurs sous-traitants», a réagi dans un communiqué la principale fédération du secteur en rappelant les épisodes de 2013 et 2014.

Annulations à chaud à prévoir 

Dans un communiqué, le secrétaire d'État aux Transports Alain Vidalies «regrette» que le syndicat «ait choisi la grève alors même que le dialogue social est déjà engagé» avec les syndicats de contrôleurs. Une première réunion est prévue le 13 avril pour discuter sur le «cadre et la méthode d'une négociation sociale, adaptée aux métiers du contrôle aérien», précise-t-il.

«À la lumière de cette réunion, nous espérons pouvoir lever» les préavis, explique à l'AFP Roger Rousseau, secrétaire national du SNCTA, qui aurait aimé qu'elle soit programmée «avant».

Le syndicat réclame que les «problématiques spécifiques» du métier (dont celle de l'organisation du travail dans un contexte d'intensification du trafic et le recul de 57 à 59 ans de l'âge limite de départ à la retraite) fassent l'objet d'une négociation à part avec les organisations représentatives des contrôleurs.

Depuis près de dix ans, «toutes les évolutions ou modifications des conditions d'emploi des contrôleurs» sont intervenues «en dehors de tout accord ou négociation sociale» directe avec la profession, déplore le syndicat. Elles sont menées au niveau de l'ensemble des personnels de la DGAC, où le SNCTA est la troisième organisation (avec 19,6% des voix au total).

La grève confirmée, Air France a recommandé mardi à ses clients de reporter, «sans frais», leur voyage à compter du 10 avril.

Le groupe prévient que de «très fortes perturbations» sont attendues «sur le réseau court-courrier au départ d'Orly et des aéroports de province». HOP! Air France prévoit d'assurer un vol sur trois au départ de et vers Orly et 60% au départ et à l'arrivée des aéroports de province. «Des retards et des annulations de dernière minute ne sont pas à exclure», ajoute le groupe.

Sur les lignes moyen-courriers, le trafic doit être assuré à 60%. En revanche, la quasi-totalité des vols long-courriers d'Air France sera opérée, indique la compagnie.

La DGAC invite tous les passagers à s'informer directement auprès des compagnies pour savoir si leur vol est maintenu ou pas.