À Lille, où s'ouvre samedi la plus grande braderie d'Europe avec ses 2,5 millions de visiteurs, les préparatifs s'accélèrent avec l'arrivée progressive des 10 000 exposants qui proposeront leur marchandise sur quelque 100 km d'étals.

Au bord du canal de la Deûle, en périphérie de la citadelle Vauban, Carole Lecoq fait sécher son sac de couchage. «Pour le froid, on a les couvertures, les polaires, le problème c'est surtout l'humidité», explique-t-elle.

Arrivée mardi avant l'aube, elle est venue défendre son territoire d'habituée, dans une zone de la braderie régie par la règle du «premier arrivé, premier servi». Quatre ans qu'elle pointe au rendez-vous, épaulant son compagnon Toni, un «bradeux» avec 23 ans d'expérience.

Enseignes lumineuses, seaux à champagne, cadres à noeuds --dont les Anglais raffolent dit-elle--, Carole Lecoq vend à la braderie un bric-à-brac accumulé tout au long de l'année. Un «passe-temps» qu'elle pratique surtout «pour la bonne ambiance».

Sur des dizaines et des dizaines de kilomètres, la braderie, qui trouve son origine au Moyen-Âge, semble toujours tendre à s'agrandir. Un phénomène que la mairie veut contrôler en réservant un maximum d'emplacements.

«Les gens apprécient de ne pas venir trop tôt», explique Floriane Gabriels, la «Mme Braderie» de la mairie de Lille. Cela permet aussi d'éviter que le camping sauvage ne fleurisse dans la ville.

Il y a cinq ans, la mairie a commencé à réglementer les emplacements autour de l'esplanade qui encercle en partie la citadelle, constatant de fait l'installation systématique de vendeurs. Mais refuse encore de laisser s'étaler officiellement la braderie au large du centre-ville.

Au total, plus de la moitié des emplacements sont réservés par les résidents. Pour le reste, dès jeudi, chacun viendra négocier son bout de trottoir. Les habitués savent qu'il faut s'y prendre à l'avance, surtout dans les zones non réglementées.

Des emplacements à l'ancienneté

Il y a huit ans, Laurent est arrivé à l'esplanade. Il a marché jusqu'au bout, fait demi-tour, a fini par rencontrer «une personne qui était là depuis au moins 20 ans et qui m'a fait une place».

«On avait un arrangement, je gardais sa place une semaine auparavant et lui avait le temps de s'organiser. Maintenant, j'ai une place attitrée, et en plus je garde la place pour d'autres gens, de Tours, de Valenciennes», poursuit-il.

Laurent grille une cigarette avec Saïd, qui vient de prendre le café avec Dimitri. D'année en année, ils se retrouvent, en «voisins».

«Il faut bien sûr ne pas prendre la place d'un ancien, donc là il y a un petit code que tous les voisins connaissent. On ne peut pas prendre (la place de) quelqu'un qui a 12 ans ici (...), arriver avant lui et lui prendre sa place, ça, on doit se renseigner», explique Dimitri, un Lillois venu avec un groupe d'amis.

La petite trentaine, ils se relaient pour garder leur place, alléchante, à l'entrée de la foire aux manèges. Ils ont installé des petits ballots de paille où ils vont refaire le monde pendant une semaine, à proximité de petites tentes que «la municipale» n'a pas encore demandé de baisser, pourtant autorisées seulement à partir de jeudi.

À moto, les policiers tournent pour s'assurer que tout se passe bien. Les seules «frictions» apparaissent le jeudi soir, au moment des arrivées massives, confient les habitués.

Quelque 3000 fonctionnaires sont mobilisés pour le week-end, dont 2000 agents de sécurité publique. Pour accueillir les nombreux touristes étrangers, le dispositif de «commissariat européen» a été reconduit avec des renforts belges, allemands et britanniques.

La braderie se tient officiellement du samedi 14h00 au dimanche 23h00.