Les ventes aux enchères de mobilier provenant de palaces parisiens ont leurs habitués, de plus en plus nombreux à profiter du «relooking» constant des grands hôtels pour acquérir des pièces originales, voire uniques.

À l'instar de Céline Bouchard, 45 ans, fan d'Art Déco et d'argenterie, ou de Sylvain Giudicelli, 33 ans, séduit par le mobilier de bar, venus de Marseille à Paris pour participer à celle du Plaza Athénée.

Fermé depuis le 1er octobre pour plusieurs mois qui seront consacrés à son agrandissement et au réaménagement de sa décoration intérieure, le palace parisien vendait lundi et mardi une sélection de canapés, guéridons, commodes, fauteuils, lampes, rideaux, coussins, tapis, pièces de vaisselle et objets d'art.

Estimée à un montant global de 700 000 euros, la vente a rapporté 1,4 million d'euros (1,1 million hors frais).

«Je guette les belles ventes et celle-ci en fait partie, car elle est très prestigieuse. On est sûr de ne pas se tromper, car il y a suffisamment de pièces pour que les prix ne flambent pas», explique Céline.

Elle a notamment acquis pour 7500 euros une sculpture de «gymnaste au cerceau», un bronze à patine noire, mis aux enchères 500 euros.

Sylvain s'intéressait lui à une cave à liqueurs et à des fauteuils en cuir. Il attendait également avec impatience la vente du bar de l'hôtel de sept mètres de long, en verre bombé dessiné par le designer Patrick Jouin et disputé par trois enchérisseurs, finalement acquis pour 39 000 euros.

D'autres habitués convoitaient la vaisselle, les sculptures de Folon ou les paravents du restaurant du grand chef Alain Ducasse, installé dans le grand hôtel, entièrement rénové en 2000.

«Ce sont de vrais amateurs de palaces, souvent des gens qui y ont leurs habitudes, beaucoup d'Américains, de clients du Moyen-Orient, d'Asie et d'Amérique du Sud, mais pas seulement», explique Stéphane Aubert, commissaire-priseur.

«C'est l'occasion d'acquérir des pièces uniques qu'ils ne trouveraient pas chez les antiquaires comme les assiettes à fraises d'Alain Ducasse ou la cuiller et la fourchette de Folon (deux grandes sculptures)», ajoute-t-il.

Ils sont prêts à y mettre le prix: le bar signé César de l'hôtel Crillon avait été acquis 350 000 euros lors de la vente aux enchères de son mobilier en avril 2013.

Luxe

Sylvain raconte: «j'ai connu le Plaza avec ma famille. Chaque pièce est chargée de souvenirs. J'apprécie l'aspect contemporain du mobilier, contrairement à celui d'autres palaces, plus vieillots».

Si l'adepte ne dispose pas toujours d'une hauteur sous plafond suffisante pour installer chez lui les rideaux du Plaza Athénée, un tabouret repose-sac Louis XVI, beaucoup plus petit, coûtait néanmoins 650 euros aux enchères.

Selon M. Aubert, ces ventes, initiées dès l'après-guerre par le commissaire-priseur Maurice Rheims, se sont multipliées au cours des dernières années, les palaces de la capitale parisienne changeant fréquemment de mobilier pour maintenir le niveau de luxe recherché par leur riche clientèle.

Au printemps, la vente de l'ensemble du mobilier du Crillon avait rapporté six millions d'euros pour une estimation de départ d'un million d'euros.

Avant le Crillon, celle du Royal Monceau en juin 2008 avait atteint 3,35 millions d'euros. 20 000 amateurs avaient alors visité l'hôtel en quête d'une bonne affaire.

Cette vente aux enchères avait dépassé le succès du mobilier de l'hôtel George V (novembre 1997, 21 millions de francs - 3,2 millions d'euros) et celui de l'hôtel Savoy à Londres (décembre 2007, 1,86 million de livres - 2,34 millions d'euros).