La compagnie Air France a été condamnée jeudi à Bobigny pour avoir discriminé une passagère, militante pro-palestinienne, qui avait été débarquée d'un avion pour Tel-Aviv au motif qu'elle n'était ni israélienne ni juive.

«Le tribunal déclare la société Air France coupable du délit de discrimination», a déclaré la juge Nabila Mani-Saada. Air France devra payer 10 000 euros d'amende (soit 13 020 $CAN) et verser 3000 euros de dommages et intérêts (soit 3900 $CAN) et frais d'avocat à la passagère.

Horia Ankour, une élève-infirmière de 30 ans, souhaitait se rendre en Israël le 15 avril 2012 pour participer à une opération «Bienvenue en Palestine» organisée par des militants pro-palestiniens, qui avaient ensuite en quasi-totalité été refoulés par les autorités israéliennes.

Alors que l'avion s'apprêtait à décoller de l'aéroport de Nice, une préposée d'Air France était venue lui demander si elle avait un passeport israélien. Devant sa réponse négative, elle l'avait prise à l'écart pour lui demander si elle était juive. Mme Ankour avait alors été débarquée après avoir répondu «non».

Air France avait ensuite fourni à la passagère, à la demande de celle-ci, une attestation de non embarquement dans laquelle les deux questions étaient clairement stipulées, une pièce qui a été versée au dossier.

Lors du procès le 17 janvier, Mme Ankour avait reçu le soutien du parquet, qui avait estimé qu'il s'agissait d'une «discrimination caractérisée».

«On ne peut pas tolérer ce genre de comportement sur notre territoire», avait jugé le procureur Abdelkrim Grini. «Aujourd'hui on vous demande si vous êtes juive, demain si vous êtes musulmane, après-demain si vous êtes homosexuelle ou syndiquée!», s'était-il exclamé.

«On savait que cette dame ne pourrait pas rentrer» en Israël, avait témoigné pour la défense l'employée d'Air France ayant supervisé l'embarquement, expliquant qu'il était apparu juste avant l'envol que son nom figurait sur une liste de personnes indésirables établie par les autorités israéliennes.

«On a posé ces questions parce que le chef d'escale d'Air France à Tel-Aviv (le) demandait», avait-elle ajouté. L'avocat d'Air France, Me Fabrice Pradon, avait lui affirmé qu'elles émanaient «directement des autorités israéliennes» et qu'Air France avait voulu «protéger» Mme Ankour.

Cette dernière avait assigné Air France par citation directe, une procédure qui permet à une victime de saisir directement un tribunal.