«Cela devient un fléau. Depuis l'an dernier, on a quasiment quotidiennement des attaques», déclare à l'AFP Jean-François Zhou, qui dirige à Paris l'agence Ansel Travel, spécialiste dans l'accueil de touristes de l'Empire du Milieu.

«En février, un minibus bloqué dans un embouteillage a été attaqué, les vitres ont été cassées, les sacs volés», raconte-t-il.

Récemment, «des touristes ont été dépouillés dans un hôtel 4 étoiles à Paris...», se lamente-t-il.

Le 20 mars, un groupe de 23 touristes chinois fraîchement débarqué à l'aéroport de Roissy s'est fait détrousser devant un restaurant dans la banlieue nord de Paris. Leur accompagnateur a été frappé et s'est fait voler un sac qui contenait les passeports et une grosse somme en liquide.

«L'information a aussitôt circulé sur Weibo, le twitter chinois», souligne M. Zhou, et jusqu'à la télévision. L'Association chinoise du tourisme a exhorté la France à punir les coupables et assurer une «protection efficace» des touristes chinois.

Pour la France, l'enjeu est énorme. Les Chinois sont de plus en plus nombreux à visiter le pays, qui incarne à leurs yeux le luxe, le romantisme et la qualité: ils étaient 1,1 million en 2012 et deux millions sont attendus à l'horizon 2020.

Ils dépensent en magazinage environ 60% de leur budget voyage, surtout en produits de luxe, soit 1470 euros en moyenne par enseigne (soit 1716 $CAN), selon le leader mondial de la détaxe Global Blue.

«La situation est grave. Si les agressions continuent, ça risque de nous pénaliser», reprend M. Zhou. Une dizaine de touristes chinois ont été volés dans la même journée en octobre, au Louvre notamment, en plein centre de Paris.

Interrogé par l'AFP, Li Ping, ministre conseiller chargé des Affaires consulaires à l'ambassade de Chine, reconnaît qu'«il y a une tendance à une croissance des plaintes depuis un an ou un an et demi». Beaucoup concernent des vols à l'arraché, surtout à Paris.

«En une semaine, on peut avoir cinq ou six demandes de délivrance d'un titre de voyage», pour remplacer un passeport volé, dit M. Li.

20 000 euros en cash

Il assure que «la partie française» a conscience du problème et y accorde «une attention importante». «D'après ce que je sais, la police fait des efforts pour mieux surveiller», ajoute-t-il.

La ministre française du Tourisme Sylvia Pinel a promis de «veiller à la sécurité des touristes étrangers» en France et assuré que «tout sera fait pour retrouver les auteurs» de l'agression du 20 mars.

Pourquoi les Chinois sont-ils visés? «Parce qu'ils voyagent souvent avec beaucoup d'argent en cash. Certains peuvent avoir jusqu'à 10 000 ou 20 000 euros sur eux pour faire des achats», note Jean-François Zhou.

Selon le directeur de l'Office de tourisme de Paris, Paul Roll, les Chinois sont ciblés dans deux zones: sur les grands axes touristiques, du Louvre au quartier de l'Opéra et aux grands magasins, en passant par la Place de l'Étoile... Mais aussi près d'hébergements où ils séjournent en banlieue.

Pour Renlai Zhu, directeur du site d'information sur Paris en chinois YouParis.com, il ne faut pas exagérer «le phénomène des vols et des agressions: oui, il prend de l'ampleur, mais n'est pas propre à Paris. Il existe aussi en Espagne ou à Rome».