Des investisseurs chinois ont manifesté leur intérêt pour racheter à l'État français la prison de Cahors, réputée la plus vieille de France, en vue de la transformer en un hôtel-restaurant haut de gamme.

Sous peu, la maison d'arrêt, censée fermer avant l'été, sera à vendre, comme beaucoup d'autres bâtiments publics en France où l'État est en quête d'argent frais. Est-elle la plus vieille en France? «C'est ce qu'on dit», répond le préfet Bernard Gonzalez.

En tout cas, elle n'est pas une prison comme les autres. C'est un ancien palais probablement construit pour un neveu du pape Jean XXII dans la 1ère moitié du 14e siècle et en partie reconstruit au 19e. Certaines parties en sont classées monuments historiques. Située dans l'entrelacs des ruelles du secteur sauvegardé, flanquée d'un remarquable donjon en grès de Figeac, elle offre une vue imprenable sur la vallée du Lot.

«Quand je l'ai visitée moi-même, quand je me suis retrouvé dans une de ces cellules avec vue sur le Lot, une vue magnifique... le concept de l'hôtellerie vient rapidement à l'esprit», dit le préfet.

Cette rareté n'est pas encore sur le marché immobilier. Cela «n'empêche pas d'activer les réseaux et c'est vrai que le concept de l'hôtellerie haut de gamme, avec spécialités gastronomique et oenologique, peut séduire des investisseurs étrangers. Il se trouve qu'on a eu une ouverture sur des Chinois qui ont posé des questions (...) On a une piste chinoise», dit le préfet.

Le préfet, mais aussi le coprésident de l'interprofession des vins de Cahors, Alain Janicot, invitent à la plus grande prudence. Les Domaines n'ont même pas encore estimé la valeur du bien. Les travaux d'aménagement risquent de coûter cher. L'affaire n'en est qu'à ses débuts et, «dans les affaires, plus on est discret, mieux ça vaut», dit M. Janicot.

Ces contacts confirment cependant l'activité soutenue des investisseurs chinois dans le Lot et le Sud-Ouest en général. «Ils sillonnent le vignoble, ils achètent», résume le préfet, outre le fait que le marché chinois est une cible pour les producteurs de vin de Cahors.

À la croisée des échanges sino-lotois se trouve Lin Janicot, spécialiste du négoce des vins et spiritueux, active aussi dans l'immobilier. Elle est la fille d'un industriel de Shanghai et la nièce par alliance du coprésident de l'interprofession des vins de Cahors.

Si, de pénitentiaire, l'établissement cadurcien devenait hôtelier, il le devrait peut-être à Lin Janicot et à son carnet d'adresses, écrivait récemment le quotidien la Dépêche du Midi, qui a révélé le premier l'intérêt chinois pour la prison.

Et s'il fallait remonter la piste chinoise, elle pourrait conduire du côté d'un autre oncle de Lin Janicot, très grand nom de la gastronomie chinoise, dit une source proche du dossier.

Du point de vue pénitentiaire, la prison de Cahors doit être remplacée par un Établissement à réinsertion active (ERA) à Sauzet, un petit village de quelques centaines d'habitants. Le projet divise profondément la population locale du Quercy.