La jolie ville de Nîmes, administrativement, fait partie du Languedoc-Roussillon, en France. Mais son coeur et son âme sont résolument tournés vers la Provence, plus précisément vers la Camargue, avec laquelle elle partage notamment le goût des courses de taureaux. Un week-endn'est certainement pas suffisant pour percer tous les secrets de Nîmes et des environs, mais cela donne déjà le temps d'en tomber amoureux... et de faire le voeu d'y revenir.

JOUR 1

Midi

Mangeons!

Pour un premier aperçu de la «ville avec un accent», comme elle se surnomme joliment, quoi de mieux que d'aller manger au Ciel de Nîmes, sur le toit du Carré d'art? Ce bâtiment très moderne, oeuvre de l'architecte Norman Foster, fait contrepoint à la Maison carrée, temple romain dont les antiques colonnes se mirent dans ses verrières. Il abrite un musée d'art contemporain et une bibliothèque, mais aussi ce restaurant simple et de qualitéqui a vue sur les toits de la ville.

www.lecieldenimes.fr

13h30

Un peu d'histoire

Puisque nous sommes devant la Maison carrée, attardons-nous à ces frises finement ciselées dans la pierre et à cette élégante colonnade. C'est presque un miracle que tant de beauté soit parvenue intacte jusqu'à nous! On présente à l'intérieur un film 3D sur les «héros de Nîmes», des premiers gladiateurs jusqu'aux toréadors de notre siècle. Ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais il amusera les enfants, et c'est une bonne introduction à la visite des arènes, à quelques minutes de marche.À partir de la Maison carrée, on emprunte pour s'y rendre d'adorables petites rues dallées de pierre polie par les siècles. Avec un peu d'attention, en levant le nez, on décèle dans les hauts murs des maisons le cadre muré d'une fenêtre médiévale, une niche habitée d'une jolie statue renaissance...Les hôtels particuliers cachent des courettes remplies de charme, des jardins où fleurissent lauriers-roses et magnolias, des escaliers de pierre monumentaux. Chouette: l'office du tourisme possède les clés de quelques-uns de ces trésors, invisibles de la rue. Suivez le guide!

14h30

Les arènes

Les arènes romaines de Nîmes sont les mieux conservéesdu monde. On s'en sert toujours, pour des corridas, des concerts, des opéras et même des reconstitutions de combats de gladiateurs organisées par une association très sérieuse, l'ACTA

(www.acta-archeo.com).

Après avoir escaladé les hautes marches usées par des millions de semelles, au sommet des gradins, dans ce qu'on appelle l'attique, on ne peut qu'avoir un petit frisson: pour paraphraser Napoléon, 2000 ans d'histoire nous contemplent!

Au rez-de-chaussée, une amusante petite exposition détricote les clichés sur les gladiateurs, reproduit quelques-unes de leurs armes et montre un bout de film sur les courses de taureaux camarguaises. Ah, mais c'est que ça donne envie d'en voir...

Justement, l'office du tourisme conserve la liste des «petites courses», qui ont lieu chaque jour en été et tous les week-ends le reste de l'année. Joie: il y en a demain, 15h30, à Marguerittes, petit village tout près d'ici.

18h30

Étape tapas

Dans l'intervalle, après avoir musardé au hasard dans les rues de la vieille ville et écumé ses jolies boutiques, c'est l'heure sacrée de l'apéro au café de la Grande Bourse, à l'ombre vénérable des arènes.

Plus tard, ce sera l'étape tapas à la Bodeguita du Royal Hôtel, place d'Assas. Le décor est ravissant, les tapas sont exquises: quinquebine (poireaux et brandade au gratin), chorizo, supions (seiches) en aïoli... On se régale en enrichissant son vocabulaire dans une ambiance de fête. Olé!

www.royalhotel-nimes.com

Jour 2

10h

Uzès

On dit que le marché d'Uzès, à 25 km de Nîmes, est l'un des plus jolis de la région. Le charme du village lui-même vaut à lui seul le déplacement. Tout en pierres blondes, dominé par la tour du château ducal (toujours habité par monsieur le duc et madame la duchesse d'Uzès, imaginez donc), il se dresse au milieu de collines plantées d'oliviers et de cyprès qui rappellent la Toscane.

13h

Après avoir goûté fromages, charcuteries, vins de pays, amandes pralinées, on a tout de même une petite faim, tenez. L'ardoise de l'Hostellerie provençale, belle maison ancienne adorablement décorée, met l'eau à la bouche. Qui plus est, la terrasse est ouverte sur le toit, pour un supplément de bonheur. Filet de plie farci aux poireaux, risotto à l'orange et aux lentilles, purées de topinambour et de carotte, tout est absolument réussi.

www.hostellerieprovencale.com

15h

Cap sur Marguerittes, pour les courses camarguaises. Contrairement à la corrida classique, les taureaux n'y sont jamais mis à mort: ils jouent littéralement, tour à tour pendant exactement 15 minutes, avec ceux qu'on appelle les «raseteurs», jeunes hommes tout de blanc vêtus qui doivent décrocher une cocarde, des glands et des ficelles fixés aux cornes (redoutables) de la bête. En cette fin de saison, l'assistance est clairsemée, mais le spectacle est enlevant, et nos voisins se font un plaisir de nous expliquer les règles. Encore olé!

Jour 3

10h

Les Halles de Nîmes

Le dimanche, en France, les magasins sont fermés. Mais pas les marchés! C'est ainsi que les Halles accueillent toute la ville ou presque. Au plus fort de la mêlée, il y a des queues partout: chez Daniel, où l'onvend la meilleure brandade du monde, crémeuse, onctueuse, bien aillée et persillée, un délice dont on vous donnera volontiers la recette.Prenons aussi des picholines, petites olives très vertes et très croquantes. Chez Bosch, une barquette de tellines, minuscules coquillages apprêtés à l'ail et au persil avec un peu de crème fraîche, qu'on mange comme des cacahuètes, sans pouvoir s'arrêter. Au Panissain, quelques tranches de bon pain, vendu au poids. Le pain aux figues et le pain d'épices sont aussi bien tentants, en cas d'urgence foie gras.

Une fois ces courses faites, tout le monde se retrouve au Comptoir des Halles, troquet judicieusement placé juste en face du marché. Là, les gens déballent qui un paquet de jambon serrano, qui un sachet d'olives, un morceau de bleu, un pot de brandade... On met tout ça sur le comptoiret on partage tandis que le patron, Gérard,débite les verres de rosé à 1, les «foetus limés» (un demi-whisky additionné de limonade) et les pastis. Et n'allez pas vous en tenir au Perrier sous prétexte qu'il n'est que midi: on vous regardera de travers!

Vers 13h, à la fermeture des Halles, le café est si plein qu'on a du mal à bouger. Ça discute corrida et flamenco, ça rigole, ça se lance des piques, ça offre des tournées... l'ambiance est à tuer.

Puis, vers 15h, Gérard et Florent, son frère et associé, commencent à ramasser tables et chaises. L'heure de fermeture approche, il ne restera plus qu'à aller errer dans les belles vieilles rues de Nîmes, le nez en l'air, jusqu'aux admirables jardins de la Fontaine, au pied de la tour Magne, pour voir les joueurs de boules sacrifier à ce rite immuable: je tire ou je pointe?