Ils veulent faire découvrir leurs banlieues hors des circuits touristiques traditionnels: des habitants bénévoles emmènent les touristes étrangers et français découvrir l'autre côté du périphérique parisien.

Comme à Lyon, Nantes, Marseille ou dans le Pas-de-Calais, ceux que l'on appelle des «Greeters» (de l'anglais «to greet»: accueillir) veulent faire partager gratuitement leur connaissance d'un quartier, leurs anecdotes et, particulièrement en banlieue parisienne, démonter quelques préjugés.

«Il ne faut pas qu'il y ait cette frontière entre Paris qui serait magnifique et la banlieue qui ne le serait pas», estime Michel Moisan, 59 ans. Depuis un an, cet ancien de l'industrie pharmaceutique fait visiter sa ville de Saint-Denis.

A la sortie du métro, entre un vendeur de maïs grillé et quelques magasins de vêtements bon marché, Jane et Michaël Gessner, la soixantaine, sont bien loin du désert de l'Arizona d'où ils sont originaires.

Ces Américains visitent la France pour la première fois. Ils ont gravi les marches de la Tour Eiffel et veulent découvrir Saint-Denis, dans le 93.

«On voulait s'éloigner de Paris, faire une visite avec un «vrai» Français», glisse Jane.

Le couple n'avait «pas entendu parler des émeutes de 2005», ni «aucune idée précise sur la banlieue française»ae mais «quand on a dit au concierge de notre hôtel où on allait, il nous a dit: «N'allez pas en banlieue, c'est dangereux!»», racontent-ils en souriant.

«Mais regardez, c'est adorable!», s'extasie Jane en montrant le parvis de la célébrissime basilique cathédrale où ont été enterrés des rois de France.

Outre ce haut lieu du tourisme, les Américains découvrent l'ancien siège du quotidien communiste l'Humanité, la maison d'éducation de la Légion d'honneur, un ancien couvent transformé en copropriété ou encore l'immense marché de la ville.

«C'est complètement différent de ce qu'on a vu à Paris», commente Michaël, ébahi par la «diversité de population».

«Les «Greeters», ça permet de montrer la Seine-Saint-Denis telle qu'elle est: ce n'est pas qu'un territoire au taux de chômage élevé et où il y a des émeutes. Le vécu des habitants est beaucoup plus positif que ça et souvent, ils sont très fiers de leur ville, de leur quartier», explique Hélène Sallet-Lavorel.

Directrice adjointe du comité départemental du Tourisme 93, elle a lancé le projet dans le département, qui a depuis reçu une cinquantaine de visites, en grande majorité des étrangers.

«Les gens veulent voir autre chose que des monuments classiques. Ils veulent qu'on leur parle de la vie quotidienne, du prix des choses», témoigne Patrick Lucard, qui a monté une association de «Greeters» à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

«Nous ne sommes pas des guides professionnels. Chaque «Greeter» organise la balade qui lui plaît et s'adapte au public. C'est une rencontre très amicale et ça se termine souvent à la terrasse d'un café», dit encore cet analyste financier.

Ces promenades gratuites existent déjà à Paris depuis quatre ans avec succès: 240 «Greeters» ont rejoint l'association Parisien d'un Jour, qui a organisé plus de 4.500 visites en 2010.

Si la Seine-Saint-Denis est le premier département d'Ile-de-France à s'y intéresser, d'autres initiatives sont en train de voir le jour dans les Yvelines et en Seine-et-Marne.