Même à l'échelle européenne, Chambéry est une petite ville, de 65000 habitants; le double pour l'agglomération. Mais elle eut statut de capitale, lorsque la Savoie était un État indépendant, ce qui lui a valu une histoire passionnante. Et elle est située au coeur d'une superbe région. Jean-Jacques Rousseau, qui y vécut plusieurs années, écrit dans Les confessions: «S'il est une petite ville au monde, où on goûte la douceur de la vie dans un commerce agréable et sûr, c'est Chambéry.»

JOUR 1

10H

Le Château des ducs de Savoie est le principal édifice de la vieille ville. Moitié forteresse, moitié palais, c'est un complexe de bâtiments disparates agglomérés dans un espace délimité par une enceinte. La Sainte-Chapelle, église érigée à l'intérieur du rempart, date du XVe siècle, mais sa façade baroque a été reconstruite au XVIIe. Le bâtiment central, qui abrite les anciens appartements royaux date du XVIIIe siècle. Nous escaladons le remarquable escalier de la Tour mi-ronde pour aller contempler le paysage du le sommet. La vue porte loin jusqu'aux Alpes. Chambéry s'étend à nos pieds, occupant presque toute la largeur d'une cluse entre deux massifs: celui de la Chartreuse, sentinelle avancée des Alpes, et celui de l'Épine qui, géologiquement, appartient au Jura.

MIDI

Balade dans la vieille ville. Les façades, couvertes d'un crépi grisâtre ou beige, sont étroites (les propriétaires étaient taxés sur leur largeur) et plutôt rébarbatives. Mais certaines sont décorées à l'aide de trompe-l'oeil. Une tradition importée de l'Italie voisine par les ducs de Savoie, qui étaient aussi rois du Piémont! Et on se perd avec plaisir dans cet entrelacs de cours et de ruelles reliées par les «allées», ces passages couverts à travers les maisons, qu'à Lyon on appelle les «traboules». Au bout de la rue de Boigne, une des principales artères commerçantes de la ville, se dresse un des monuments les plus curieux d'Europe: la fontaine des Éléphants, érigée à la mémoire d'un fils de la ville qui fit fortune aux Indes comme général d'un maharajah. À la base, quatre éléphants de granit émergent d'une espèce d'arc de triomphe. Comme on ne voit que la partie antérieure de leur corps, les habitants du cru les appellent «les quatre sans cul».

13H

Déjeuner à la terrasse du Café de la Place, sur la place Saint-Léger, qui est au coeur de la zone piétonne de la vieille ville. Tout en longueur, cette esplanade ressemble plutôt à une rue très large qu'à une place. Pendant la journée, c'est l'endroit le plus animé de Chambéry.

14H

Montée aux Charmettes. J'aurais pu prendre un autobus, mais j'ai préféré emprunter le sentier balisé qui part du Carré Curial, une des principales places de la ville. J'ai mis une demi-heure pour atteindre cette ancienne maison de ferme perchée sur un coteau, dans un cadre idyllique. L'endroit est célèbre dans le monde entier, parce que Jean-Jacques Rousseau y passa plusieurs étés en compagnie de madame de Warens, qu'il appelait «Maman». Il écrit dans Les confessions: «Une maison isolée au penchant d'un vallon fait notre asile, et c'est là, qu'en l'espace de cinq ans, j'ai joui d'un siècle de vie.» On visite la demeure, avec ses meubles du XVIIIe siècle, et une exposition consacrée au philosophe emblématique des Lumières, aménagée dans une annexe à l'arrière. Du jardin, ordonné à la française, la vue sur Chambéry et son écrin de montagnes est superbe. En France, 2012 sera une «année Rousseau» pour marquer le 300e anniversaire de naissance du philosophe.

19H

Dîner à l'Atelier, rue de la République. Le chef, Gilles Hérard, a fait ses classes auprès de trois des toques les plus prestigieuses de France: Bocuse, Ducasse et Senderens. Mais il a délaissé le raffinement des «trois étoiles» pour racheter ce bar à vins où il sert une cuisine qu'il qualifie de «plus simple, mais soignée, en revenant à la tradition». On s'en tire à 50 euros par personne, vin compris.

JOUR 2

9H

J'ai réservé une bécane à la Vélostation de la gare. Comme je compte être de retour avant 13h, il ne m'en coûte que 3 euros, mais on prend l'empreinte de ma carte de crédit en guise de caution. Et je pédale jusqu'à la pointe du lac du Bourget - le plus grand lac de France - qui n'est qu'à 10 km par la piste cyclable. Le ciel est couvert et il pleuvine par moments, si bien qu'un rideau de grisaille brouille la rive montagneuse de ce lac célébré par Lamartine («Ô temps! suspends ton vol...»). Je continue quelques kilomètres jusqu'à Aix-les-Bains et heureusement, le ciel se dégage. Avec son casino de style néo-classique, ses anciens palaces reconvertis en immeubles à appartements et ses grands parcs abrités par de généreuses frondaisons, Aix dégage le charme suranné des stations thermales de la Belle Époque. Je suis de retour à Chambéry un peu passé midi.

14H

Je consacre l'après-midi à la visite des sites que je n'avais pas vus la veille. À commencer par la cathédrale, dont l'intérieur est ornée de fresques qu'on présente comme la plus grande surface (6000 m) de peintures en trompe-l'oeil d'Europe. Je poursuis avec le musée Savoisien. Aménagé dans l'ancien couvent franciscain voisin de la cathédrale, il est consacré à l'histoire et aux traditions populaires de la Savoie, ce «pays» qui n'a été rattaché à la France qu'en 1860. Je passe la fin de l'après-midi dans le quartier Curial, qui est la partie moderne du centre-ville. L'édifice le plus remarquable est l'Espace culturel André Malraux. Issu de la planche à dessin du Suisse Mario Botta, à qui on doit notamment le Musée d'art de San Francisco, c'est un amalgame de volumes simples - cylindre, cube, parallélépipède - qui s'imbriquent harmonieusement.

Les frais de ce reportage ont été payés par Savoie-Mont-Blanc, l'Office du tourisme de Chambéry et Air France.

www.savoiemontblanc.com et www.chambery-tourisme.com