Tous les midis, depuis décembre, de nombreux curieux se pressent à bord d'un bus rouge londonien planté sur une aire de stationnement d'Hossegor en France pour déguster les plats mijotés par deux Landaises qui rêvaient d'ouvrir un restaurant dans un lieu décalé.

Il est baptisé le «Wonder bus cook'in», à l'image de ces femmes de 34 et 36 ans, qui se comparent volontiers à des wonder women. Affichant une volonté de fer, ces deux enseignantes en arts plastiques de formation n'ont pas hésité, en huit mois, à passer le permis poids-lourds pour conduire ce double-decker tout en se lançant dans la plomberie et l'électricité pour transformer le vieux bus en restaurant très cosy.

«L'an dernier, nous avons croisé un bus anglais à vendre et on s'est tout de suite dit: ce serait une super idée de faire un restaurant dedans. On peut se déplacer et aller chez les gens sans contrainte», se souvient Myriam Darrigues, tout en préparant une soupe de carottes à la clémentine dans la petite cuisine installée au rez-de-chaussée.

Après avoir déniché «un bus à la mécanique irréprochable», auprès d'un collectionneur d'objets anglais, Myriam et son amie d'enfance Marisol Vigneau se mettent en quête de financements.

Les banquiers se montrent réticents, ne croyant guère à ce projet fantaisiste mené par deux femmes. Parallèlement, elles se lancent dans l'aménagement du bus. «On a beaucoup «trimé», on a passé huit mois, jours et nuits, à tout refaire», raconte Myriam.

Le résultat est à la hauteur de leurs espérances: l'intérieur est confortable et soigné; au rez-de-chaussée, sur les deux banquettes, des bouillottes en fourrure accueillent les plus frileux alors qu'à l'étage les clients ont le choix entre déjeuner sur table ou le long du bar, dans une atmosphère rose et grise.

«Nous voulions proposer une ambiance chaleureuse à l'intérieur et différente à l'extérieur, c'est-à-dire, un peu bourru avec l'immense drapeau bleu et rouge de l'Union Jack», explique Marisol, tout en descendant les marches du bus portant un lourd plateau. Pour cette mère de trois enfants, qui a abandonné son poste de professeur vacataire, ce contraste est conforme à son tempérament.

«C'est vraiment rigolo», s'enthousiame, Charlotte, cinq ans, venue déjeuner avec sa grand-mère, qui trouve le concept aussi «joli que surprenant».

Des Anglais, nombreux dans la région, sont déjà venus, selon Myriam, nostalgique de ce mode de transports qu'ils ont bien connu, et se sont étonnés de voir que ce n'était pas une simple baraque à frites.

Trois mois après l'ouverture du restaurant, le service du midi affiche le plus souvent complet, avec une quarantaine de couverts par jour. Des curieux se pressent déjà le soir et le week-end, le double-decker se déplace, pour des soirées privées. Les deux jeunes entrepreneuses rêvent déjà de l'installer au bord de la plage d'Hossegor, pour que les clients voient le coucher du soleil depuis les larges vitres du premier étage.