Pour retrouver la mémoire de ses vestiges, Marseille, plus ancienne ville de France, vient de remettre en valeur le site de son port antique vieux de 2.600 ans et découvert à la fin des années 1960 à la faveur de travaux immobiliers.

Alors qu'elle se prépare à devenir en 2013 capitale européenne de la culture, Marseille veut se défaire de la réputation d'être «une ville antique sans antiquité».

Le «Jardin des Vestiges» (9.000 m2), nommé ainsi depuis son ouverture au public dans le cadre du Musée d'Histoire de Marseille voilà 26 ans, s'appellera désormais «Port antique».

De nouveaux éclairages, un cheminement redessiné, des panneaux trilingues (français, anglais, italien) pour décrire les onze éléments majeurs conservés in situ et un nouvel accès ouvrant directement sur la ville, juste derrière le Vieux-Port, le rendent plus attrayant. Le réaménagement a coûté 650.000 euros à la ville.

Mais «ce n'est qu'une étape», a assuré vendredi soir lors d'une cérémonie sur le site André Malrait, adjoint au maire chargé du patrimoine. Il veut parvenir à montrer au public la flotte antique découverte sur le site lors des fouilles menées de 1967 à 1983, avec une dizaine de vaisseaux grecs «uniques au monde» qui dorment actuellement dans les réserves.

Seule l'impressionnante épave d'un navire de commerce romain du début du IIIe siècle long de 23 m, abandonné sur place du fait d'un envasement progressif, est actuellement exposée dans le Musée d'Histoire dont le Port antique constitue une première salle à ciel ouvert.

«Il sera sans doute possible de les exposer in situ et d'accompagner cette exposition par une scénographie qui permettra aux visiteurs de bien comprendre que ce port antique est le lieu-même où débarquèrent Protis et ses compagnons phocéens», explique M. Malrait.

Avec la Direction régionale de l'action culturelle et des Monuments historiques, Marseille a lancé selon lui «une grande campagne de restauration du patrimoine».

Outre la restauration du musée des Docks romains situés près de la place de Lenche, sous laquelle se trouvaient l'agora et le forum de la ville antique, des fouilles seront menées en juillet-août 2010 pour sortir des vestiges du théâtre grec. «Il faisait dix mille places, ce qui permet d'estimer que la ville comptait au moins 25.000 habitants et était une des plus grandes du bassin méditerranéen», assure M. Malrait.

Les fouilles du Port antique avaient permis de donner des bases à la légende faisant remonter la fondation de Marseille à une histoire d'amour entre Protis, le marin phocéen, et Gyptis, une princesse ligure.

Elles avaient démarré en marge de la construction d'un centre commercial, le Centre Bourse, suscitant à l'époque une formidable polémique entre promoteurs immobiliers, hommes politiques et archéologues.

La bataille avait permis le lancement de la première fouille urbaine d'importance en France et ouvert la voie à l'archéologie de sauvetage. Dès décembre 1971, le terrain avait été classé pour constituer une réserve archéologique d'une superficie de près d'un hectare.

Depuis, d'autres fouilles dans la ville ont permis de retrouver notamment une basilique paléochrétienne ou encore, près de la gare Saint-Charles, un site néolithique.