L'Historial Charles de Gaulle. Le nom est pompeux, l'homme pouvait l'être aussi. On aurait tort, toutefois, de se laisser rebuter: le tout nouvel espace consacré au général célèbre recyclé en président de la République est tout sauf ennuyeux. Peut-être parce l'audiovisuel est partout. Pas étonnant, étant donné que de Gaulle est le premier chef d'État français dont tout le parcours fut entièrement filmé et photographié. Souvent, aussi, enregistré.

Cet Historial a ouvert ses portes en février, au coeur de Paris. Il fait partie du Musée de l'armée, voisin de l'esplanade des Invalides. Un musée qui a lui-même entrepris une sérieuse cure de rajeunissement au cours des dernières années. Il en avait bien besoin, et le résultat est saisissant. C'est dans ce cadre que l'Historial Charles de Gaulle s'est installé, «ni mémorial ni musée au sens traditionnel du terme», dit la documentation.

De fait, contrairement à un musée traditionnel, on n'y trouve aucun objet ayant appartenu au général. Il était, dit-on, hostile au «culte des reliques». Pas de vitrines, donc, ni de vieux fauteuil ou de plume à monogramme. Le parcours se fait plutôt à l'aide de films, de photos, d'affiches et de commentaires rendus par un audioguide que le visiteur porte du début à la fin de la visite. Le tout nous donne un de Gaulle bien vivant, bien réel, même si ce diable d'homme a semblé s'être moqué du temps.

Il est en effet né à la Belle Époque et s'est éteint après que l'homme eut marché sur la Lune. Le monde change, de Gaulle change, et le visiteur progresse à travers ce double cheminement dans un espace d'images et de son. Bien sûr, «l'homme du 18 juin», le résistant de Radio-Londres sont largement décrits, tout comme le Libérateur de 1944.

La période où cet être d'exception - tant côté physique que du caractère - a présidé la République française est aussi fort bien documentée. On y retrouve notamment plusieurs extraits de son voyage au Québec, en 1967, marqué par l'explosif «Vive le Québec libre». Autant de Gaulle était alors sûr de lui, autant les films d'archives nous le montrent, l'année suivante, un peu désorienté par l'explosion de mai 68.

Pas besoin d'être un fan de de Gaulle pour apprécier cette exposition permanente. Amateur d'histoire suffit.

L'année 2008 est incidemment porteuse pour le général. Un mémorial Charles de Gaulle - également à la pointe du modernisme - a en effet ouvert ses portes à Colombey-les-Deux-Églises en juillet, le village où le général s'était installé en 1934 et où il repose pour l'éternité.

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Pour en savoir davantage: www.invalides.org