Le 5 octobre 1789, Marie-Antoinette quitte, sous l'émeute, le petit Trianon qu'elle ne reverra plus. Après un an de fermeture, le château, chef d'oeuvre d'architecture, rouvre le 2 octobre dans son intégralité au public tel qu'il était ce jour-là, avec ses meubles, ses cuisines, ses jardins.

La villégiature de campagne préférée de la reine de France rouvre après des travaux qui ont mobilisé quelque 250 personnes, parmi lesquels de nombreux artisans d'art d'exception.

La restauration de ce petit palais, de ses jardins et du «Pavillon français» à quelques dizaines de mètres, ont coûté 5,3 millions d'euros, financés par le mécénat des montres Bréguet (groupe Swatch).

Le 5 octobre 1789, «quand les émeutiers arrivent aux grilles de Versailles en chantant la Carmagnole, Marie-Antoinette se trouve au petit Trianon», raconte à l'AFP Pierre-André Lablaude, architecte en chef des monuments historiques qui a mené les travaux.

Elle «se promène, il pleut, elle se réfugie dans la grotte» artificielle du jardin anglais. On envoie un valet l'informer, il faut rentrer. Le 6, la famille royale part pour Paris, ne reviendra jamais. «Nous avons voulu arrêter l'histoire à ce moment-là, comme si on disait au visiteur, la reine n'est pas là, profitons-en», ajoute l'architecte.

Ce chef d'oeuvre de l'architecture néo-classique a été construit sous Louis XV pour Mme de Pompadour, habité par Mme Du Barry mais reste le symbole de la vie que voulait mener Marie Antoinette, sa principale occupante, loin de l'étiquette de Versailles.

Jusqu'à présent, le visiteur ne pouvait accéder qu'à l'étage «noble», au premier. La surface de visite est désormais plus que triplée. Le rez-de-chaussée qui servait aux services administratifs et le second étage, transformé en réserve, ont été réaménagés dans leurs fonctions d'origine, sur la base des nombreuses archives existantes.

Les appartements de la reine, que l'on pouvait déjà visiter, ont été restaurés, avec leur décoration de fleurs et de fruits rappelant le thème du jardin. Les fenêtres d'origine, avec leurs grands carreaux, ont été rétablies. Des meubles, en réserves ou récemment acquis, ont été ajoutés à ceux, d'un raffinement exquis, qui le composaient.

Boudoir aux «glaces mouvantes» qui fermaient les fenêtres, bibliothèque et ses livres au chiffre P.T (Petit Trianon), salle de bains, appartement du roi, chambres des dames d'honneur, restituent cette «maison d'été, réalisée avec le plus grand luxe», dit Pierre Arizzoli-Clemental, directeur général de Versailles.

Au rez-de-chaussée, le «réchauffoir» plus que cuisine, a été rouvert avec son «potager» (fourneau), comme la salle «de l'argenterie» avec des pièces de service de la reine, en argent ou en porcelaine.

La «fruiterie» - qui servira de salle multimédia avec visite virtuelle du château pour les handicapés - dévoile le système mécanique, jamais utilisé, des «tables volantes», sortes de monte-charges.

Une vitrine expose les «outils de jardin», sans doute de théâtre, de la reine.

Le second étage - «l'attique» autrefois réservé aux invités - est dorénavant consacré aux autres femmes qui ont habité le château, avec leurs meubles et souvenirs : Mme Royale, la fille de Marie-Antoinette, sa nièce l'impératrice Marie-Louise, la duchesse d'Orléans, l'impératrice Eugénie qui a lancé son «culte».

Rez-de-chaussée et attique ne seront visités qu'avec des conférenciers, l'appartement de la reine est en visite libre.