Les îles Canaries ne correspondent pas à l'idée qu'on s'en fait. D'abord, bien qu'elles appartiennent à l'Espagne, c'est au large de l'Afrique qu'elles sont nichées. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, leur appellation n'a rien à voir avec les petits oiseaux jaunes du même nom... Tour de l'île ou, plutôt, de trois des sept îles qui composent l'archipel.

TENERIFE

Pour l'architecture

De Tenerife, c'est son architecture qui séduit. La Orotava, petite ville tout en courbes au nord de l'île, foisonne de bâtiments inspirés de l'architecture coloniale espagnole. Les maisons bleu poudre, jaunes ou orange aux façades finement ouvragées parsèment les rues. Les ornements en bois foncé font penser à d'épais morceaux de chocolat noir. Sans oublier les fleurs roses, qui égaient joliment une matinée.

Même scénario à La Laguna, plus ancienne ville de Tenerife, dont nous parcourons les petites rues pavées entre deux averses. Protégée par l'UNESCO, La Laguna constitue le centre culturel de l'île. C'est peut-être pour cette raison qu'à un jet de pierre de là, dans la ville de Santa Cruz, on trouve une poignée de bâtiments conçus par des architectes européens. Le réputé Espagnol Santiago Calatrava (notamment connu pour ses ponts spectaculaires) y a laissé sa trace, sans oublier les célébrissimes Suisses Herzog et de Meuron.

Tenerife, c'est aussi le volcan qui se dresse au centre de l'île, le Teide, encore actif. Son sommet, au-dessus des nuages, est le plus haut point d'Espagne. C'est le seul moment de la journée où nous verrons le soleil... Des fleurs rouge vif, d'une forme conique surprenante - «tajinaste rojo» -, ponctuent le paysage de petites taches. Toutefois, la route en lacets qui mène au Teide, aussi pittoresque soit-elle, risque de retourner les estomacs fragiles.

FUERTEVENTURA

Pour la tranquillité

Fuerteventura, c'est l'île mystérieuse. D'abord, il s'agit de la plus ancienne de l'archipel; c'est aussi la plus proche de l'Afrique, ses côtes s'étirant à une distance d'à peine 100 km du continent.

Mais Fuerteventura s'avère surtout une oasis de tranquillité. Selon notre guide, un grand Allemand bronzé qui a élu domicile dans l'île, on peut marcher des jours sans rencontrer âme qui vive... sauf peut-être quelques chèvres ici et là. Et on le croit sur parole. Les routes traversent des kilomètres et des kilomètres de dunes, sous lesquelles sommeillent des volcans endormis. Un étrange silence règne dans les villages où plusieurs commerces ont fermé boutique. Tout cela crée une atmosphère particulière, certes, mais de nombreux touristes (et surfeurs) apprécient le calme serein de Fuerteventura.

Toutefois, à la pointe nord de l'île, plusieurs hôtels au design futuriste ont poussé comme des champignons au milieu des dunes. On comprend le flair des promoteurs lorsqu'on sent le sable fin sous nos pieds, tout en contemplant la mer aux reflets turquoise. Un paysage unique qui a quand même su être conservé dans la majeure partie de l'île.

LANZAROTE

Pourles volcans

L'île de Lanzarote est plus petite, mais davantage peuplée que Fuerteventura. Ses paysages, eux, sont encore plus lunaires. Et loin d'être endormis, on sent les volcans bouillonner sous la terre.

Il fait bon vivre à Lanzarote, une île coquette comme tout. Malgré son aridité, chaque rond-point y est décoré de cactus géants, ou encore de fleurs rouges ou mauves parfaitement entretenues. D'ailleurs, dans un souci d'unité, les maisons sont toutes construites sur le même modèle: basses (pas plus de deux étages), surmontées d'un toit plat et peintes en blanc avec des touches de vert ou de bleu.

Mais c'est la route des volcans qui impressionne le plus à Lanzarote, avec ses paysages de fin du monde. Le contraste entre le sol noir, l'orangé vif des montagnes et le bleu clair du ciel est saisissant. Dans le parc national de Timanfaya, à l'ouest de l'île, on recense quelque 300 volcans. La route qui sillonne les «montagnes de feu» se fait en autocar, d'où il est formellement défendu de descendre, car le parc national est jalousement protégé. La dernière éruption volcanique à Lanzarote remonte à 1824.

Et pour la petite histoire, d'où vient le nom des îles Canaries, si ce n'est des canaris eux-mêmes? L'appellation proviendrait plutôt du mot «chien» en latin, «cane», car de nombreux chiens sauvages peuplaient l'île de Gran Canaria lorsque les explorateurs l'ont découverte. L'expression «cane area» est progressivement devenue «Canaria». C'est du moins ce que raconte la légende...