Quand on les aperçoit soudain de loin, les villages de la Costa des Sol sont comme des colombes tombées du ciel et endormies sur les rochers. Il y en a des dizaines entre Gibraltar et Grenade. Nous en avons choisi dans cinq coins différents. Afin de ne pas passer trop de temps en voiture, nous vous suggérons de vous installer dans un hôtel de Torremolinos, position à la fois centrale et agréable, et de rayonner par la suite chaque jour pour vos visites grâce à l'autoroute A7 toute proche.

JOUR 1

Salobreña et Orgiva

Salobreña et Orgiva sont les plus à l'est du secteur, près de Motril. J'y étais un jeudi matin, jour de marché à Orgiva, installé au pied des neiges de la Sierra Nevada. Venus de toute la région, les marchands proposent fruits, légumes, vêtements, chaussures, bijoux, etc. J'ai garé la voiture dans une petite rue, serrée contre un mur. Pour 4, j'ai acheté un grand sac d'olives de toutes sortes que j'ai dégustées tout le long de mon séjour. Puis, dans une charcuterie, on m'a préparé un bocadillo (sandwich) au jambon cru. Miam! En repartant, j'ai voulu acheter deux oranges à une marchande qui en vendait devant chez elle, à l'entrée du village. Elle me les a données. Goûtez aux oranges: bien meilleures que celles de Floride, plus douces, plus sucrées.

 

Si vous aimez les excursions en montagne, Orgiva est aussi la porte d'un circuit de petits villages du massif des Alpujarras.

Quelques amandiers en fleurs plus tard, j'étais à Salobreña, sur la côte. Soleil éblouissant. Une ville en pente, comme un drap recouvrant la colline jusqu'au Castillo Árabe, qui contraste avec ses pierres dorées. Je suis monté en auto jusqu'au château, par une petite rue pavée. Virages serrés. Grimpette mémorable.

En haut, la vue est superbe sur la vallée, la montagne, la mer et les maisons blanchies à la chaux aux toits rouges. Il ne reste pas grand-chose du château du XIIIe siècle. Des rénovations architecturales ont effacé une partie de son histoire, mais la promenade sur les murailles vaut le coup. Si vous êtes là à Pâques, il y a des activités religieuses, de même que le 3 mai, jour de la Croix, où cavaliers et danseuses animent la cité.

JOUR 2

Nerja, Frigiliana, Cómpeta et Archez

Après avoir jeté un coup d'oeil au petit port bourgeois de Marina del Este, je suis arrivé à Nerja. Charmante petite ville côtière, où les touristes du monde entier vont voir les spectaculaires grottes de Nerja et le célèbre Balcon de l'Europe, un belvédère créé au-dessus d'une falaise ainsi baptisé par le roi Alfonso XII en 1885. Belle vue sur la côte. Le vent salin dans les cheveux. Des restaurants-terrasses, des allées, des promenades piétonnes et... des Anglais, beaucoup d'Anglais, même en morte-saison.

De Nerja, on atteint, 7 km plus loin, Frigiliana, sur les flancs d'une colline. C'est un autre petit village blanc encore calme, bien que les projets immobiliers s'y multiplient. Au bout du village, une route en zigzag, très panoramique, mène à Cómpeta, au coeur de l'Axarquia, un paradis pour les chèvres et... les randonneurs. Le village est un entrelacement de ruelles mignonnes et de rues en pente. La plaza Almijara et ses belles décorations, ainsi que le Paseo de las Tradiciones, près de l'église, sont soignés et plaisants. Cómpeta produit un vin rouge réputé. On presse encore les raisins avec les pieds!

Puis, dans une vallée voisine, le village d'Archez fait le beau avec son clocher, un ancien minaret almohade dans les tons d'ocre. Silence total dans le village jusqu'à ce qu'un cheval noir brise son attache et parte au galop dans les ruelles, ce qui n'a pas semé vraiment beaucoup d'émoi chez les habitants assis à l'ombre sur leurs chaises.

JOUR 3

Benalmádena Pueblo, Mijas et Fuengirola

Benalmádena Costa est très touristique, avec sa longue plage et son parc de la Paloma, où l'on croise poules, coqs, pigeons, canards et paons en liberté. Son quartier Arroyo de la Miel vaut un petit coup d'oeil mais n'égale pas la beauté de Benalmádena Pueblo, quelques kilomètres plus haut: mon coup de coeur de la Costa del Sol.

J'ai eu de la chance: après avoir parcouru la rue principale, j'allais repartir, mais j'ai vu un stationnement et un petit ascenseur extérieur. Bizarre. Je me suis garé. J'ai pris l'ascenseur. Le vrai beau village était en haut. Une église, un belvédère, une place avec une fontaine et des orangers, les plaques de rue en céramique. Le village était la capitale de la province en 1970 à cause de la beauté des lieux. Inquiète du peu de touristes, une dame assise devant sa porte m'aurait parlé toute la journée. J'ai mangé là, au restaurant Manaos. Des calmaritos, un verre de rouge. Le bonheur.

Également intéressant pour une visite l'après-midi, Mijas, à ne pas confondre avec La Cala de Mijas et sa belle tour arabe en bord de mer. Établi à 425 m d'altitude, Mijas est très soigné. Rues pavées ou dallées, escaliers aux rebords en céramique, gouttières de terre cuite: tout est propre et bien entretenu.

Un musée historique présente les activités passées du lieu: tissage de la paille, pressage des olives, carrières de marbre, etc. Il y a de beaux tableaux en terre cuite illustrant ce passé. Aujourd'hui, m'a dit un employé, le village ne vit plus que grâce aux touristes... Quand il y en a.

De Mijas partent quatre sentiers d'excursion de quelques heures dans les pins de la sierra. Une carte avec les itinéraires est fournie à l'Office du tourisme. Du 28 mars au 4 avril, la semaine sainte est aussi l'occasion de processions spectaculaires, semble-t-il.

Enfin, je suis redescendu à Fuengirola, où toutes les rues du vieux quartier sont piétonnes ou presque. Il y a un château mauresque, et la promenade maritime est agréable. Sur la plage, un cuisinier faisait griller des anchois sur la braise.

JOUR 4

Ronda

Située à 45 km de la côte, Ronda la romantique vaut le détour. Ses falaises de 100 m de haut sont spectaculaires. Quand on arrive de Marbella, il faut y entrer par Ronda Sur. On arrive alors directement dans le vieux quartier.

Je me suis fait un circuit en visitant d'abord le Mercadillo - la ville nouvelle, avec ses églises et son arène de corrida (plaza de toros), aux arcades et colonnes toscanes en grès doré. Une des plus belles du pays. J'ai appris d'ailleurs qu'en Espagne, un vent de changement fait que 70 communes ont aboli la corrida à cause des sévices qu'elles infligent aux taureaux. La visite du musée de la tauromachie, sous les gradins de l'arène, est intéressante: costumes de toreros, armes à feu, équipements, tableaux et affiches.

La visite du vieux quartier arabe La Ciudad ne manque pas non plus d'intérêt. Il faut se rendre au niveau de la gorge El Tajo par l'escalier souterrain et humide de La Mina: 200 marches à descendre... et à remonter. Mais c'est pittoresque. Les jardins à la française de la Casa del Rey Moro sont bien dessinés. Je suis passé ensuite sur les vieux ponts Viejo et Árabe. J'ai admiré les vieux hammams et je suis remonté dans les rues du Barrio San Francisco, apercevant aussi un habitat construit dans le rocher.

Conseils pour Ronda: éviter de venir le dimanche (tout est fermé), venir assez tôt car il y a beaucoup à voir et bien s'habiller, car on est en montagne et il peut faire frais.

JOUR 5

Casares

Peut-être le village le plus spectaculaire de la Costa del Sol. À une quinzaine de kilomètres de la côte, près d'Estepona, Casares est posé sur un piton et déborde dans la vallée. Juste avant d'y arriver, un belvédère permet de monter sur un promontoire pour observer le village et les ruines du château bâti par Ibn-el-Jatib au XIIIe siècle. Des vautours planent alors près de vous, attendant peut-être que vous tombiez!

Dans le village, pas un chat. C'est l'heure de la sieste. Les maisons sont belles. Les habitants les décorent de céramique. Les ruelles sont pavées avec goût ou parées d'escaliers en pierre. Le château est situé à côté de l'église Ermita de la Vera Cruz. De là, on a une vue panoramique de 360 degrés. Il y aussi un petit cimetière blanc où les cercueils sont placés dans des niches, presque toutes fleuries.

Village perché, Casares a résisté aux troupes de Napoléon en 1813. Si on s'intéresse à la politique, on peut visiter la maison natale de Blas Infante, humaniste, écrivain et père de la nation andalouse, assassiné par les franquistes en 1936.

Une dizaine de kilomètres plus loin, le village de Gaucín ouvre la voie de la Serranía de Ronda, une zone de reliefs montagneux qui regorgent d'autres villages perchés et silencieux comme Algatocín, Benaoján, Ubrique ou Cortes de la Frontera. Si le temps vous le permet...

Les frais de ce reportage ont été payés par Air Transat et l'Office de tourisme de l'Espagne

REPÈRES

COMMENT S'Y RENDRE

Jusqu'au 26 avril, Air Transat assure depuis Montréal un vol par semaine à destination de Malaga, via Paris. Un vol allerretour le 9 mars coûte 747$. Avec hébergement, Voyages Transat propose des forfaits à 1047$ par personne pour 7 jours (vols, repas, hébergement et transferts). Info : www.vacancestransat.ca

OÙ DORMIR

Si vous vous installez à Torremolinos pour rayonner dans la région, l'hôtel Melia Costa del Sol est une option. Chambres plaisantes, connections Wi-Fi excellente dans les étages inférieurs, ordinateurs à disposition et très bonne cuisine. L'hôtel est situé au bord de la plage, à deux pas des restaurants et de l'animation.

SE DÉPLACER

J'ai conduit pendant 11 jours une Renault Mégane. Voiture parfaite pour deux personnes si vous n'avez pas de grosses valises car le coffre n'est pas très grand. Elle se débrouille très bien dans les virages pour monter aux villages. Prendre une diesel. Elle consomme 5,6 l aux 100 km. Avec Hertz, il faut compter entre 400 et 500 pour 10 jours de location, assurance comprise. Magasiner sur l'internet. Contrairement à la France, les Espagnols conduisent très vite et ne respectent pas les limites de vitesse.

ORGANISER SON HORAIRE

Les Espagnols font la sieste. Il y a donc des pauses entre 13 h et 16 h. Se promener dans les ruelles pendant la sieste est magique : les lieux sont à vous. Si vous voulez visiter les musées, magasiner ou aller à la banque, oubliez cette plage horaire. Le matin, tout ouvre à 9h ou 10h. Les musées ferment souvent vers 17 h ou 18 h et les commerces, vers 19 h. Les restaurants sont ouverts le plus souvent en permanence, avec la plus grande activité après 20h et jusqu'au milieu de la nuit.

OÙ MANGER

Dans les villages, il y a souvent des restaurants pour les touristes et d'autres pour les gens de l'endroit. Prenez le temps de choisir. L'Espagne vit une grave crise économique. J'ai trouvé partout des menus de 5 à 12, avec entrée, plat, dessert et parfois même une boisson.

À NE PAS OUBLIER

Pensez à prendre vos lunettes de soleil, de la crème solaire, un chapeau (attention aux insolations), de bonnes chaussures et un coupe-vent.