Figure de proue du Bilbao d'aujourd'hui, le musée Guggenheim est l'illustration de la renaissance de cette ville du Pays Basque espagnol. Véritable symbole contemporain, l'institution a «mis sur la carte» cet ancien port du royaume de Castille. Non sans mal.

Il est situé en bordure de la rìa de Bilbao. Ses lignes audacieuses évoquent un bateau pour certains. Flanqué du pont de La Salve sur lequel se dressent Les arches rouges, oeuvre de Daniel Buren, le musée Guggenheim a dynamisé à lui seul non seulement le quartier de l'avenue Abandoibarra, mais aussi toute la ville.

 

Certes, au premier coup d'oeil, Bilbao semble n'avoir rien perdu de son passé métallurgique. Mais la nouvelle Bilbao émerge un peu plus, d'année en année, grâce à des réalisations tel que le pont Zubizuri par exemple, passerelle de conception futuriste qui n'échappe à personne. Les quais ne témoignent plus d'une activité portuaire, mais plutôt d'un certain modernisme plus ou moins épuré et aéré, comme l'illustre la promenade Uribitarte.

Virage à 180 degrés

Partout en ville, il y a un effet Guggenheim. De l'industrie touristique à l'architecture, en passant par la restauration et même les taxis, pratiquement pas un secteur d'activités qui n'en bénéficie directement ou indirectement.

Mais avant que l'oeuvre de l'architecte Frank O. Gehry ne voie le jour, il en a coulé de l'eau sous les quelques ponts de Bilbao.

Ville industrielle plongée dans un marasme économique dont elle n'en voyait pas la fin, la morne Bilbao - triste, bruyante et polluée - entreprend un virage à 180 degrés au tout début des années 90. Elle veut redorer son blason et faire de la culture l'un des moteurs de son économie. Elle va alors profiter de la politique d'expansion de la Fondation Guggenheim. Après les échecs des projets de Venise et de Salzbourg, cette dernière se tourne vers l'Espagne. Mais les Jeux olympiques et l'Exposition universelle coûtent cher. Sous l'impulsion de la conservatrice Carmen Jimenez, Bilbao entreprend de séduire la Fondation et son directeur Thomas Krens. Après plus d'un an de négociations, la ville basque remporte son pari complètement fou et lance les travaux en 1993. On attendait 600 000 visiteurs lors de l'année de l'ouverture, en 1997; ils ont été deux fois plus nombreux à entrer dans l'édifice de titane et de verre.

Aujourd'hui, le musée le plus futuriste du monde fait la part belle aux oeuvres contemporaines d'artistes basques et étrangers, tout en étant ouvert aux tendances plus «classiques». Le musée Guggenheim est devenu un incontournable, le Pays Basque a été conquis par l'architecture et Bilbao se métamorphose.