Habitué à parcourir en hiver les forêts de Thuringe (centre-est de l'Allemagne), Steffen Sannewald ne jure que par le nouveau complexe de ski d'Oberhof : comme lui, les meilleurs biathlètes et fondeurs mondiaux sont séduits par ce «ski en salle» possible toute l'année.

Jamais Steffen n'avait chaussé ses skis de fond aussi tôt : «C'est fantastique. On a vraiment l'impression d'être en plein hiver», assure ce quinquagénaire, encore tout essoufflé par la boucle de 2 km qu'il vient de terminer.

La «Ski-Halle» d'Oberhof, un complexe couvert de 46.000 mètres carrés épousant les mouvements du terrain entre 810 et 830 m d'altitude, lui a fait une telle impression qu'il va prendre une semaine de vacances en novembre pour revenir en Thuringe avec des amis.

«On est sûr de trouver de la neige, ce qui n'est plus toujours le cas en hiver ces derniers temps», explique-t-il.

C'est précisément ce qui a motivé la construction de ce site, ouvert fin août après un an de travaux d'un montant de 14 millions d'euros.

«À Oberhof, on peut faire maintenant du ski de fond toute l'année dans d'excellentes conditions, qu'il fasse 30 degrés en juillet ou qu'il gèle à pierre fendre en février», souligne Dirk Bremermann, le directeur du marketing d'Oberhof Sportstätten, la société gestionnaire.

La station de sports d'hiver un peu désuète de 7000 habitants n'est pas une nouvelle venue dans le monde du ski : à l'époque de la RDA, elle était le centre d'entraînement des meilleurs fondeurs, biathlètes et sauteurs à ski est-allemands, ambassadeurs du régime communiste et machines à gagner des médailles olympiques.

La petite bourgade reste un passage obligé pour l'élite mondiale, avec des étapes de Coupe du monde de biathlon, combiné nordique et ski de fond.

D'où l'idée d'y construire le premier complexe au monde, hors Suède et Finlande, destiné exclusivement au ski de fond, fonctionnant avec un tapis de 30 cm de neige artificielle réfrigéré à -4 degrés, comme s'il s'agissait d'un «énorme frigo», sourit M. Bremermann.

«Au début, il ne devait être ouvert qu'aux sportifs de haut niveau, mais le grand public, déjà sensibilisé au ski de fond, nous intéresse», insiste-t-il.

Contrairement aux complexes couverts destinés au ski alpin --il en existe cinq en Allemagne, une vingtaine en Europe, au Japon et aux Emirats arabes unis--, tous les publics trouvent leur compte à la «Ski-Halle».

«À quelques mois des JO-2010, les athlètes ont des conditions idéales pour préparer leur saison et respecter leur programme d'entraînement : ils ont de la neige, la météo ne les perturbe pas et cela coûte moins cher que de +monter+ sur les glaciers», note Dirk Bremermann.

Il vise aussi les skieurs amateurs de Munich, Francfort ou Berlin, prêts à débourser 14 euros pour une heure de ski ou 35 euros pour un forfait journalier : pour atteindre l'équilibre financier d'ici à «2-3 ans», il faudra en séduire 20.000 par mois.