«Berlin est pauvre, mais sexy» : ce slogan, trouvé par son maire Klaus Wowereit, fait la fortune de la capitale allemande où l'hébergement et la desserte aérienne des compagnies à rabais comme la vie nocturne attirent les touristes en temps de crise.

La ville a connu en 2008, pour la cinquième fois d'affilée, un nombre record de visiteurs: 7,9 millions, soit un plus de 4,2 % sur un an, selon l'Office régional des statistiques. Au début des années 1990, après la Réunification, il s'élevait à environ 3 millions, dont une grande majorité d'Allemands venus (re)découvrir leur capitale.

Le nombre de nuitées s'inscrit également en hausse, de 2,8 % à 17,77 millions.

«Berlin a un bon rapport qualité-prix», fait valoir Christian Tänzler, porte-parole de l'Office du tourisme. Une chambre dans un hôtel quatre étoiles peut coûter moins de 150 euros (245 $), contre plus du double à Paris ou à Londres.

En cette période de crise, Berlin joue sur sa réputation d'une des capitales les moins chères d'Europe. Elle promet ainsi, dans ses campagnes publicitaires, «une hôtellerie et des produits de consommation à des prix souvent plus attractifs» aux Français ou de «très bons prix» aux Espagnols.

Un argument financier qui semble fonctionner, puisque le nombre de touristes français a augmenté de près de 15 % l'an dernier, à environ 134 000 personnes.

Autre avantage, Berlin est «la deuxième plaque tournante pour les compagnies aériennes à rabais en Europe, derrière Londres», explique M. Tänzler.

Près de la moitié des passagers utilisent les compagnies à rabais, ajoute un porte-parole des aéroports berlinois. L'implantation en 2003 et 2004 de Ryanair et easyJet a donné un «grand coup d'accélérateur» et aujourd'hui, «elles sont moins touchées par la crise que d'autres compagnies aériennes», explique-t-il.

Du coup, le nombre de touristes étrangers a explosé et représente aujourd'hui plus du tiers du total. Le plus gros contingent, 310 100, est composé des Britanniques - dont le nombre est toutefois en recul - devant les Italiens et les Néerlandais.

Les habitants d'Europe de l'Est ne sont pas absents, particulièrement les Polonais et les Russes, avec «un grand intérêt pour le magasinage», explique M. Tänzler.

Certains d'entre eux viennent profiter de la large offre culturelle berlinoise, qui compte seize musées nationaux et une ribambelle de théâtres. D'autres viennent se plonger dans l'histoire de la ville, avec en point d'orgue cette année les commémorations des vingt ans de la chute du Mur. L'intérêt est grand du côté des pays de l'Ouest, précise M. Tänzler.

Mais Berlin entend se vendre sous d'autres aspects. Sa vie nocturne, par exemple, avec des bars ouverts toute la nuit mais pas chers et des clubs, comme le Berghain, logé dans une ancienne centrale électrique et considéré comme la Mecque de la musique techno.

Le vendredi et le samedi soir, la ville voit débarquer des jeunes venus y passer la soirée, et dont certains repartent dès le lendemain. Et pour ceux qui choisissent de rester une nuit, il existe des modes de logement alternatifs aux hôtels, et moins chers, comme des petites pensions ou des sous-locations d'appartement.

En moyenne, les étrangers ne passent d'ailleurs que 2,6 jours dans la capitale, selon l'Office du tourisme.

Autre point fort, l'organisation de congrès et de salons. Berlin est depuis l'an dernier la deuxième ville au monde derrière Vienne pour le nombre de conférences organisées et les 63 gros salons qui y ont eu lieu en 2008 ont attiré plus de deux millions de personnes, selon des chiffres de la société organisatrice Messe Berlin.