Le trafic des trains était fortement perturbé jeudi en Allemagne par une grève sans précédent des conducteurs de la Deutsche Bahn, affectant des millions d'usagers.

Les perturbations touchaient notamment les transports régionaux et de banlieue empruntée chaque jour par des millions d'Allemands qui se rendent au travail et provoquaient la grogne de certains usagers.

Le trafic est «sporadique», a reconnu un porte-parole de la compagnie nationale des chemins de fer.

Les grévistes du syndicat GDL (Gewerkschaft Deutscher Lokomotivführer), qui réclament notamment des hausses de salaire et une baisse du temps de travail, ont comme prévu étendu jeudi matin au trafic passager leur mouvement démarré mercredi dans le fret.

Ils doivent le poursuivre jusqu'à lundi, mais la direction de la Deutsche Bahn a annoncé qu'elle voulait tenter de faire cesser la grève par une procédure en référé. Elle a déposé un recours devant un tribunal de Francfort, a-t-elle précisé. Ce dernier a indiqué à l'agence allemande Dpa vouloir l'examiner dans la journée.

À Berlin, à peine un tiers des trains urbains S-Bahn circulaient jeudi en début de matinée, entraînant des embouteillages matinaux encore plus importants qu'à l'accoutumée. Sur certaines lignes, très empruntées le matin, un train circulait toutes les 20 minutes, selon le compte Twitter du S-Bahn de Berlin.

À la gare centrale de la capitale,  les voyageurs tentaient de rester patients. «Je suis étudiante à Potsdam, je dois me rendre à la fac pour un cours d'amphi et je vais mettre deux heures pour y arriver», se plaignait Gloria Menner, qui qualifiait ces perturbations de «très énervantes» tout en disant comprendre la colère des grévistes.

«Je travaille aussi dans le secteur public et on ne peut pas descendre tout le temps dans la rue comme ça», renchérissait Anna Serafinska, au sujet du sixième mouvement de grève des conducteurs de train depuis septembre, dans un conflit qui semble s'enliser.

Les usagers avaient été prévenus de cette grève ferroviaire, la plus longue depuis 20 ans en Allemagne, et la plupart ont pu préparer des solutions de rechange.

Dans l'Ouest et le Nord du pays, seul un train sur trois circulait sur le réseau régional.

En Rhénanie du nord-Westphalie (ouest), la région la plus peuplée d'Allemagne autour de Cologne et de Düsseldorf, le trafic régional était également fortement touché par le mouvement.

En Bavière (sud), au moins 50% des trains régionaux ont été annulés, selon la Deutsche Bahn. À Munich, deuxième ville du pays, les S-Bahn, empruntés par de très nombreux usagers aux heures de pointe, ne circulaient qu'à raison d'un train par heure.

Dans l'Est, où le mouvement était encore plus suivi qu'ailleurs, seuls 15 à 20% du trafic courtes distances était assuré, selon la Deutsche Bahn.

En Belgique, mais aussi en France, et en Suisse, la grève de la Deutsche Bahn devrait aussi avoir des répercussions pour le réseau transfrontalier.

L'ensemble du trafic ferroviaire doit reprendre normalement lundi à 03h00.

Cette grève intervient au moment où l'Allemagne célèbre ce week-end le 25e anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Deux millions de visiteurs sont attendus pour l'occasion dans la capitale allemande.

Elle devrait perturber aussi les déplacements des dizaines de milliers de partisans de football attendus samedi et dimanche, comme chaque fin de semaine, dans les stades pour les rencontres du championnat d'Allemagne (Bundesliga).

Au coeur du conflit, une revendication de hausse de salaires et de réduction du temps de travail, mais aussi un différend sur la représentativité du syndicat GDL, qui veut négocier avec la Deutsche Bahn au nom d'autres catégories que les seuls conducteurs, où ils recrutent ses adhérents. La compagnie refuse.

Le conflit démarré début septembre est d'une longueur et d'une ampleur inhabituelle en Allemagne, pays réputé pour la qualité de son dialogue social. De nombreux responsables politiques ont critiqué cette grève dure qui inquiète les milieux économiques dans un contexte de conjoncture fragile.

Les médias n'étaient pas en reste. Le quotidien populaire Bild soulignait en Une «la colère» des usagers, en leur donnant la parole dans ses colonnes.