Les avions de la première compagnie aérienne européenne Lufthansa étaient presque tous immobilisés lundi en raison d'un vaste mouvement de grève de son personnel au sol qui réclame des hausses de salaires.

Sur quelque 1800 vols normalement prévus, seuls 20 vols courte-distance étaient maintenus et 12 long-courriers, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la compagnie allemande.

Anticipant le mouvement, Lufthansa, première compagnie aérienne européenne en termes de passagers transportés, avait averti dès ce week-end que la plupart de ses avions ne décolleraient pas lundi.

La raison en est une grève dite «d'avertissement» lancée pour cette seule journée par le puissant syndicat du secteur des services allemand Verdi dans le cadre de négociations salariales annuelles houleuses.

Plusieurs milliers d'employés doivent arrêter le travail dans le courant de la journée, alors que le mouvement a commencé dès les premières heures de la matinée, a indiqué une porte-parole de Verdi, qui a prévu de faire un point sur le mouvement dans l'après-midi.

Fin mars, une première grève d'avertissement avait déjà obligé Lufthansa à annuler quelque 700 vols.

Dix aéroports en Allemagne sont touchés par ce mouvement social, dont les deux principaux hubs de Lufthansa, Francfort (ouest) -premier aéroport allemand et troisième européen- et Munich (sud), Hambourg (nord) ou encore Düsseldorf (ouest).

Si les vols vers l'Allemagne et l'Europe étaient les plus touchés, le nombre de vols long-courriers a aussi été largement réduit. À Francfort, par exemple, seuls six vols étaient prévus sur 50, tandis qu'à Munich (sud), trois sur 17 étaient maintenus, tout comme à Düsseldorf.

Cherchant à éviter trop d'attente inutile et de chaos dans les aéroports, Lufthansa a multiplié en amont les messages à ses clients, les invitant à consulter son site www.lufthansa.com.

Le calme semblait d'ailleurs régner lundi à la mi-journée dans les aéroports allemands, dont de nombreux comptoirs d'enregistrement restaient vides. À Francfort, les employés ont défilé dans le hall de l'aéroport avec des sifflets.

Les billets pour des vols annulés peuvent être remboursés ou échangés pour un autre vol. Pour les trajets au sein de l'Allemagne, les voyageurs peuvent aussi changer leur vol pour un billet de train, grâce à un accord passé avec la compagnie ferroviaire allemande Deutsche Bahn, qui a prévu des trains et du personnel supplémentaires.

Les vols opérés par Germanwings, une filiale de Lufthansa, n'étaient pas touchés par la grève. «La compagnie attend pour aujourd'hui une activité en grande partie normale», a-t-elle indiqué, prévenant tout de même de possibles retards et ralentissements.

Verdi réclame une hausse de salaire de 5,2% sur douze mois pour quelque 33 000 salariés de Lufthansa en Allemagne et demande des garanties sur l'emploi.

Or selon le syndicat, au terme d'une troisième séance de négociations, Lufthansa n'a proposé qu'entre 0,4 et 0,6% d'augmentation.

Lufthansa affirme de son côté avoir proposé une hausse de salaire de 2,3% pour les employés de sa division Lufthansa Technik, de 2,1% pour ceux de Lufthansa Cargo et de 1,7% pour ceux de la compagnie aérienne. En outre, la compagnie aurait proposé un paiement de 1% du revenu annuel en une fois si la compagnie réussit à atteindre son objectif de marge opérationnelle de 3% en 2014, ainsi qu'une prime unique de 400 euros, pour la période de février à septembre.

Si ces négociations concernent essentiellement le personnel au sol, Verdi compte aussi une minorité du personnel de cabine parmi ses affiliés. La majorité du personnel de cabine est syndiquée à une autre organisation, Ufo, qui est parvenue à un accord en novembre avec Lufthansa, sur une hausse de 4,6% des salaires valable deux ans à compter de janvier 2013.

Pour redresser sa rentabilité, Lufthansa a lancé l'an dernier un vaste plan de restructuration, qui prévoit la suppression de 3500 postes dans les services administratifs..