La grève des hôtesses et stewards de Lufthansa s'est durcie avec l'annonce d'un arrêt de travail de 24 heures pour vendredi, qui a contraint la première compagnie aérienne allemande à annuler par avance les deux tiers de ses vols.

Le syndicat Ufo a annoncé mercredi soir un mouvement de grève nationale sans précédent de 24 heures, soit de jeudi minuit à vendredi minuit si la compagnie n'acceptait pas ses revendications.

Les débrayages concerneront les aéroports de Francfort (ouest), le premier noeud aérien de la compagnie et troisième aéroport européen, ainsi que Berlin, Munich (sud), mais aussi Düsseldorf (nord-ouest), Stuttgart (sud-ouest) et Hambourg (nord).

Lufthansa a annulé 1200 vols vendredi, soit les deux tiers de son trafic. La compagnie prévoit d'assurer le reste avec ses filiales non concernées par le mouvement social, comme Swiss, Austrian Airlines, Brussels Airlines, Germanwings ou Eurowings.

En raison des perturbations à venir, Lufthansa a déjà supprimé environ 50 vols qui étaient prévus jeudi, aussi bien sur des lignes intérieures qu'européennes ou intercontinentales.

Les vols supprimés dès jeudi concernaient des liaisons intérieures comme Berlin-Cologne, mais aussi européennes, comme Dublin-Francfort ou Munich-Rome, et intercontinentaux comme New York-Francfort ou Hong Kong-Munich, selon des informations publiées sur le site internet du groupe.

Le mouvement de grève entamé la semaine dernière s'est progressivement durci.

Il a démarré vendredi avec un premier débrayage de huit heures à l'aéroport de Francfort. De nouveaux arrêts de travail ont eu lieu mardi à Francfort, ainsi qu'à Berlin-Tegel et Munich, causant l'annulation de centaines de vols.

Selon Peter Oppitzhauser, analyste chez Crédit Agricole Chevreux cité par l'agence Dow Jones Newswires, ces deux premières grèves pourraient avoir déjà entamé de 2% le résultat opérationnel annuel de Lufthansa, qui table jusqu'à présent sur 500 millions d'euros hors coûts de restructuration.

Malgré le durcissement du conflit, à 9H56 GMT l'action Lufthansa prenait 1,45% à 9,79 euros sur l'indice Dax de la Bourse de Francfort, qui était en hausse de 1,24% avant une réunion très attendue de la Banque centrale européenne.

Ufo, qui revendique l'adhésion d'environ deux tiers des quelque 18 000 hôtesses et stewards de la compagnie, réclame notamment une hausse de salaire de 5% sur 12 mois à compter d'avril 2012, après trois ans de stagnation.

Le syndicat rejette aussi catégoriquement le recours à du personnel de cabine intérimaire à bord d'appareils de la Lufthansa, ce que la compagnie allemande a commencé à faire depuis juin.

La compagnie a quant à elle proposé d'augmenter les rémunérations de 3,5%, de renoncer aux licenciements économiques, aux contrats à durée déterminée et au recours aux intérimaires, du moins temporairement.

La direction, confrontée comme nombre d'autres grandes compagnies à des difficultés économiques, demandait en échange de cette offre une contribution à une augmentation de la compétitivité, sous la forme par exemple de deux heures de travail supplémentaires par mois.

Mais les négociations entre les deux camps sont au point mort.

«Nous sommes disposés à une médiation sur les salaires mais le recours au travail intérimaire doit être exclu des négociations», a déclaré jeudi à l'AFP un porte-parole de Lufthansa. «Ufo ne nous a pas encore contacté», a-t-il précisé.

«Nous regrettons beaucoup d'en être arrivés à cette escalade mais les négociations sont arrivées à un point où il n'y a plus d'alternative à la grève», a martelé le syndicat Ufo dans un communiqué mercredi soir.