La justice allemande a décrété une interdiction des vols entre 23h et 05h du matin à Francfort, le premier aéroport d'Allemagne et troisième d'Europe, un coup dur pour l'activité fret de la compagnie Lufthansa notamment, qui décrochait en Bourse.

Le tribunal de Leipzig (est) a confirmé une interdiction provisoire décidée en octobre dernier par le tribunal administratif de Hesse, région où se situe Francfort. Des associations de riverains de l'aéroport se battaient depuis des années pour obtenir cette interdiction en raison des nuisances sonores.

L'interdiction concerne 17 vols nocturnes, qui devaient initialement être autorisés au moment de l'ouverture d'une quatrième piste à l'aéroport le 21 octobre.

Par ailleurs, le tribunal fédéral de Leipzig a ordonné à l'État régional de Hesse de réexaminer le degré des nuisances sonores pour les 133 vols qui ont lieu entre 22h et 23h et entre 5h et 06h du matin.

Les vols de nuit peuvent seulement être autorisés si un «besoin particulier» est établi. La région de Hesse doit revoir ses plans et prouver que ce besoin existe si elle veut obtenir la levée de cette interdiction, a encore ajouté le tribunal.

Lufthansa Cargo, la division fret de la première compagnie allemande, a estimé que la privation de vols de nuit sur son plateforme aéroportuaire de Francfort devrait amputer son bénéfice de 40 millions d'euros par an.

À la Bourse de Francfort vers 10h GMT, l'action Lufthansa chutait de 3,7% à 10,16 euros sur l'indice vedette Dax en recul de 1,81% à la même heure. Et le gestionnaire de l'aéroport, Fraport, perdait 2,22% à 49,93 euros sur l'indice des valeurs moyennes MDax (-2,04% à la même heure).

«On menace de couper les ailes de Francfort, de la Hesse, de l'Allemagne toute entière en tant que nation d'exportations et de logistique», a dénoncé le patron de Lufthansa Christoph Franz dans un communiqué. «C'est un coup dur pour l'économie allemande et il ne fait aucun doute que la compétitivité internationale de l'un des plus grands carrefours aériens d'Europe va dégringoler».

Même dépit à la fédération allemande du secteur aérien BDL, dont le président Klaus-Peter Siegloch estime que les «possibilités de développement de Francfort se dégradent par rapport à d'importants concurrents en Europe et au Proche-Orient» comme Amsterdam, Paris, Londres et Dubaï.

À l'inverse Jörg Reuter, l'un des responsables d'une des nombreuses associations de riverains contre les nuisances sonores de l'aéroport, a salué une «victoire» juridique qui pourrait faire jurisprudence pour d'autres aéroports en Allemagne, selon lui.

«Il faut trouver partout un équilibre entre les intérêts des riverains et de l'économie» a-t-il déclaré à l'AFP.