Des festivals en plein air aux discothèques cachées dans les sous-sols, expérimentant les musiques les plus diverses, radeaux sur le fleuve où l'on danse jusqu'à l'aube, Belgrade est devenue en quelques années une ville de la fête où l'on vient nombreux, parfois de loin.

Ces nuits trépidantes de la capitale serbe, où l'on entend les échos des concerts et autres célébrations jusqu'aux premières lueurs du jour, bouleversent en profondeur l'image d'une ville qui fut liée pendant longtemps aux drames qui ont accompagné l'effondrement de la Yougoslavie dans les années 90.

L'influent guide Lonely Planet a décerné à Belgrade le titre de capitale de la fête.

«C'était avant tout du bouche à oreille. Mais tant de mes amis ont aimé leur séjour ici l'été dernier que j'ai décidé de venir voir par moi-même», confie Andrea Lutz, venue d'Allemagne.

Andrea et plusieurs de ses amis sont arrivés à Belgrade pour un concert de Massive Attack, le groupe légendaire de Bristol, et ils ont décidé de prolonger leur séjour d'une semaine.

«C'est fabuleux, vous pouvez rester debout 24 heures. Il y a toujours un endroit où aller pour faire la fête», poursuit Andrea.

Depuis la chute du régime de Slobodan Milosevic, en 2000, qui avait conduit le pays à l'isolement international, clubs, restaurants et bars se sont multipliés dans la ville, animant rues et places d'une ville autrefois grise et morne.

Plus de 400 000 touristes étrangers ont visité Belgrade en 2009, selon Jasna Dimitrijevic, du Bureau du tourisme de Belgrade.

Leur nombre pourrait encore augmenter cette année, avec les nombreuses liaisons aériennes à bas coût qui se sont ouvertes ces derniers mois, accentuant l'ouverture du pays à l'Europe.

«Belgrade n'est pas un joyau historique ou artistique. J'aime la considérer comme un diamant non travaillé. Ce que vous voyez n'est pas ce que vous obtiendrez», commente Goran Tuseljakovski, propriétaire d'un petit hôtel dans le centre ville.

Dans l'entrée, un groupe d'Anglais prépare sa soirée. Lisa Pearson et son petit ami sont venus assister au festival Exit à Novi Sad, la deuxième ville du pays éloignée de 70 km seulement de Belgrade, mais ils voulaient d'abord découvrir la capitale serbe.

«C'est beaucoup moins cher que n'importe où en Europe», remarque la jeune femme.

La plupart des clubs, même les plus courus, ne font pas payer l'entrée et les contrôles n'existent pas. Le prix des consommations est aussi très abordable, en comparaison avec les tarifs pratiqués en Europe occidentale.

Lisa et son compagnon, Gordon, choisissent finalement de se rendre au «Tribal», un tout nouveau club où deux DJ Italiens présentent les derniers tubes techno assaisonnés de rythmes de world music.

Maurizio, venu d'Italie, séjourne à Belgrade pour la deuxième fois et remarque des améliorations.

«Il existe des informations en anglais, des stations de bus sont équipées de cartes. Il y a quatre ans, la ville était comme un 'jeu d'orientation' pour les étrangers», dit-il en montrant les nom des rues inscrit en caractères cyrilliques.

Jelena Ros compare Belgrade avec Ljubljana, la capitale de la Slovénie dont elle est originaire.

«J'ai vu un graffiti 'Belgrade ne dort jamais'. Comparé avec ma ville, Ljubljana, ou tout ferme à minuit, c'est vrai! Ici la fête commence à minuit», dit-elle avant de prendre la route des radeaux, ces plateformes le long des rives de la Save et du Danube où la jeunesse vient écouter de la musique, manger ou bavarder.

Sur le «Blaywatch», de jolies filles élégantes dansent aux rythmes du «turbo-folk», un mélange de folk et de rock très apprécié dans les Balkans.

On les appelle ici des «sponzoruse», des jeunes filles à la recherche d'un «sponsor», un petit ami et peut-être un mari fortuné.