Pourquoi les Canadiens sont-ils de plus en plus nombreux à visiter Copenhague? Après un séjour dans la capitale du Danemark, notre journaliste Émilie Côté en a une bonne idée. Douze restaurants de Copenhague cumulent 13 étoiles Michelin, soit plus que Rome et Madrid. Et le tiers des Copenhaguois vont au travail en vélo. Copenhague, en fait, est la capitale du mieux vivre.

À peine 500 000 personnes vivent à Copenhague, 1,5 million dans sa grande région métropolitaine. Le Danemark est un pays moins populeux que le Québec : 5 millions d'habitants. Pourtant, la culture danoise fait beaucoup parler d'elle et attire de plus en plus de Canadiens.L'an dernier, les touristes canadiens ont réservé 30 522 nuits dans des chambres d'hôtels. Trois fois plus qu'il y a 10 ans. Devant cet intérêt, Air Canada a décidé d'offrir un vol direct Toronto-Copenhague depuis le 24 juin.

Nous avons passé quelques heures avec Henrik Thierlein, attaché de presse pour les journalistes étrangers, à Wonderful Copenhague, le bureau touristique de la capitale danoise. Grâce à lui et à l'issue d'une visite de quatre jours, nous avons identifié quatre raisons d'aller à Copenhague.

La gastronomie

Selon le Restaurant Magazine, c'est à Copenhague que l'on retrouve le meilleur restaurant au monde, le Noma. Pour y luncher ou y souper, il faut s'y prendre au moins trois mois d'avance. La journée où Noma a délogé El Bulli de l'Espagnol Ferran Adria, 200 000 clients ont tenté d'y effectuer une réservation.

Douze restaurants de Copenhague ont droit, au total, à 13 étoiles Michelin (le Noma en a deux). C'est plus que des villes renommées comme Madrid et Rome.

Le chef du Noma, René Redzepi, n'a que 32 ans. «Copenhague mise sur ses jeunes chefs créatifs. Le gouvernement investit beaucoup dans l'industrie, en offrant notamment des bourses d'études », explique Henrik Thierlein. Il y a beaucoup de chefs dans les restaurants Michelin qui ont entre 20 et 30 ans. Ce sont des architectes de l'assiette.»

Ces chefs sont des ambassadeurs de la «cuisine nordique», une cuisine tirée des produits locaux, pour la plupart bio: poisson frais, fruits racines, baies, herbes, légumes de saison, etc.

Pour des gens de certaines parties du monde, la cuisine scandinave est «nouvelle et exotique», souligne Henrik Thierlein. «Les gens connaissent depuis longtemps les tapas, les sushis, la cuisine française et italienne, explique-t-il. Mais la cuisine scandinave, c'est relativement nouveau.»

Mais pas besoin d'aller dans un restaurant Michelin pour manger le meilleur saumon de sa vie. Henrik Thierlein nous a par exemple fait découvrir le restaurant BioM, où un jeune chef de 28 ans change le menu quatre fois par année, selon les produits de saison. Dans son établissement, tout est recyclé, frais ou biologique, du papier de toilette au poisson, en passant par les chaises et les légumes.

Brian nous a servis une salade de saumon, des pétoncles sur un risotto aux champignons, du porc et des tomates confites, puis du contrefilet danois avec des asperges. C'était délicieux.

Si vous allez à Copenhague, il faut aussi goûter à deux spécialités locales. D'abord, au café-bistro Aaman's, un sandwich-tartine. Adam Aamann, le chef qui a réinventé et donné une touche contemporaine au smørrebrød, le sandwich-tartine danois par excellence, est par ailleurs chargé de la restauration du pavillon du Danemark, à l'Expo universelle de Shanghai. Les smushis (des bouchées-sandwichs danois inspirées des sushis), valent aussi le détour au Royal Café, petit resto niché dans une cour. Prenez aussi le temps de flâner dans les très nombreux cafés de Copenhague au décor de magazines. Chez Emmery's, par exemple.

Photo: Émilie Côté, La Presse

La rue commerçante Strøget, la plus longue artère piétonne de Copenhague, est remplie de squares.

Design

C'est à Copenhague que le tout premier hôtel-design au monde a été inauguré, le SAS Royal Hotel, en 1960, conçu par le grand Arne Jacobsen. Aujourd'hui, la capitale danoise en compte plusieurs, dans la catégorie des grands hôtels comme des auberges de jeunesse.

Pour en apprendre plus sur le design danois, il faut visiter le Dansk Design Center.

Mode de vie éco-urbain

Copenhague est une ville verte à tous les points de vue. Plus de la moitié des aliments consommés dans les établissements publics de Copenhague sont biologiques. Un record mondial.

En 2008, l'Union cycliste internationale a aussi sacré la capitale du Damemark «la ville du vélo».

«Nous sommes une nation sur deux roues», lance Henrik Thierlein. Plus du tiers des gens utilisent une bicyclette pour aller travailler. Le but est d'atteindre 50% en 2015.» À Montréal, seulement 1,5% des gens vont travailler en vélo.

À Copenhague, les gens utilisent aussi davantage le transport en commun que la voiture : 39%, contre 27%. Il y a plus de 350 km de pistes cyclables. Sur un tronçon appelé « Green wave », les feux sont synchronisés dans le sens de la circulation, de sorte qu'un cycliste roulant à 20 km/h ne croise que des feux verts.

Le vélo est aussi la meilleure façon de visiter Copenhague, si le beau temps est de la partie. Pour ma part, je n'ai pris le métro que pour me rendre à l'aéroport situé à 10 minutes du centre-ville. Pour le reste, j'ai loué un vélo. Les bicyclettes publiques libre-service, comme les Bixi, sont toutefois moins nombreuses qu'à Montréal.

Architecture et histoire

Le Danemark est toujours une monarchie constitutionnelle. Il y a longtemps que la famille royale a quitté le Palais royal de Rosenborg Slot, devenu musée depuis 1838. Le château de style renaissance, avec ses collections royales d'art, de joyaux et d'orfèvrerie, vaut le déplacement.

Tout près, il y a le parc Kongens Have, au jardin botanique. On peut aussi voir la galerie nationale du Danemark au Statens Museum for Kunst.

Pour une superbe vue d'ensemble de la ville, rendez-vous en haut de Rundetaarn, la plus vieille tour ronde d'Europe. Construite à l'initiative du Roi Christian IV (1588-1648), on y accède grâce à une rampe en colimaçon de 209m, qui monte en spirale et fait sept fois et demi le tour de la tour. Elle mène aussi à l'impressionnante et magnifique bibliothèque transformée en salle d'exposition contemporaine.

Sinon, le quartier «carte postale» de Copenhague est Nyhavn (qui signifie «nouveau port» en danois), la plus vieille partie de la ville construite le long d'un canal. Les maisons colorées qui le bordent datent du 17e siècle. Hyhavn est rempli de restaurants-terrasses où les gens mangent sous des couvertures quand il fait frisquet. Charmant.

Il faut aussi aller se balader dans la citadelle fortifiée de Kastellet, puis dans le parc Churchill, au bord de l'eau, où se trouve l'attraction touristique la plus populaire de Copenhague, La petite sirène. Mais la statue en hommage au conte écrit par le célèbre romancier danois Hans Christian Andersen (1805-1875) se trouve actuellement à Shanghai, pour représenter le Danemark à l'Expo universelle. Une installation multimédia nous permet tout de même de la voir en direct de Shanghai.

Les frais de ce voyage ont été payés par Wonderful Copenhagen (www.visitcopenhagen.dk).

Photo: Émilie Côté, La Presse

Les amateurs de design qui visitent Copenhague ne doivent pas manquer le musée Dansk Design Center.

Une histoire d'amour

Depuis 15 ans, le nombre de voyageurs à Copenhague a augmenté de 9,8% par année, comparativement à 1,5% pour l'ensemble des voyageurs étrangers. En 2009, 30 522 chambres d'hôtel de la capitale danoise ont été réservées par des Canadiens, contre 21 202 en 2000, et 9041 en 1996.

La communauté de Christiana

Au beau milieu de Copenhague, sur le terrain d'une ancienne caserne militaire, vit depuis 1971 la communauté de Christiania. Une communauté libre et autogérée, qui prône la tolérance et la liberté. Christiania est devenu un lieu touristique, mais l'esprit d'indépendance de sa communauté est encore là: il y a des gens qui boivent de la bière le midi, des clochards qui traînent, des jeunes qui viennent y fumer du pot, mais aussi des artistes qui y ont une galerie, de jeunes familles qui s'occupent de fermettes biologiques, etc. Pensez un peu à Venice Beach, à Los Angeles.

Retour dans le temps

Tivoli est le célèbre parc d'attractions situé au milieu de Copenhague. C'est un endroit où les jeux, les jardins et les restaurants plaisent aux 7 à 77 ans, surtout les soirs de feux d'artifice. Le décor d'époque est tout à fait charmant. On y va pour se sentir comme dans un film et pour retrouver son coeur d'enfant.

Trucs et conseils

Beaucoup de gens écartent l'idée d'aller à Copenhague parce que la vie y est chère. Il est vrai que la facture peut monter rapidement en couronnes danoises. J'ai payé une bière locale en fut, la Carlsberg, autour de 12$. Mais il y a des façons de limiter les coûts, en achetant notamment la carte Copenhague, qui donne accès aux musées et au transport en commun de façon illimitée.

Manger

Assurez-vous que le déjeuner soit compris à votre hôtel. Et si vous voulez goûter à la haute gastronomie de Copenhague, sans payer le gros prix, faites du lunch votre repas principal. La plupart des grands restaurants sont ouverts jusqu'à 15h. Pour le dessert, offrez-vous un cornet de crème glacée ou une gaufre vendue dans la rue.

Dormir

La plupart des voyageurs n'ont pas les moyens de se payer une chambre dans un hôtel design cinq étoiles. Qu'importe. On peut aller y prendre un verre. Ou y rester une seule nuit. Une chaîne de Copenhague, appelée Danhostel, possède une grande auberge de jeunesse, dont l'ameublement a été conçu par la compagnie danoise GUBI, qui a aménagé le resto du musée MOMA de New York. Pour les amateurs de design, il est aussi possible de réserver à l'hôtel Fox, où les chambres ont été décorées par des artistes, pour moins de 100$ la nuit.

Acheter

Copenhague regorge de belles boutiques. Quelques suggestions : la chaîne de magasins danoise Vero Moda et la chaîne suédoise Monki pour des vêtements à prix très raisonnables. On peut aussi aller dans le quartier de Nørrebro, où on trouve des friperies.

Se déplacer

On peut presque tout faire à pied, à Copenhague. On peut aussi louer un vélo ou utiliser le transport en commun. Le billet de métro coûte environ 3,50$. La carte Copenhague peut s'avérer plus économique.

Photo: Émilie Côté, La Presse

Plus du tiers des Copenhaguois utilisent leur bicyclette pour aller travailler.