S'envoler vers le Sud l'hiver, cela va de soi. Mais l'Europe? Pour plusieurs, je gâchais là un voyage qui, à une autre époque de l'année, aurait pu être si agréable.

Je ne voyais pourtant que des avantages ou presque à cette petite virée de trois semaines au Benelux.

Soyons terre à terre: une petite remarque d'une amie m'avait un peu refroidie. Son hôtel à Amsterdam, «charmant» mais avec des chambres aux dimensions lilliputiennes, avait coûté 182, pas loin de 275$ par jour. Pas à la portée de tout le monde, disons!

 

Ma chambre, dans un hôtel 3 étoiles, tout près des grands musées et tenu par un couple absolument charmant, coûtait 45, taxes et petit-déjeuner substantiel inclus. Si le prix des repas demeure à peu près constant toute l'année, les hôtels nous font les yeux doux dès que le mercure descend. Voilà déjà un des avantages, et non le moindre, de mettre le cap sur l'Europe durant la basse saison.

Évidemment, il y a... l'hiver. En janvier, une température autour de 0 ºC durant trois semaines. Au Québec aussi, il a fait doux cet hiver mais la différence, c'est que là-bas, c'est quasi garanti (en fait, si jamais le mercure descend jusqu'à -15 ºC, les bulletins télévisés ne parleront plus que de ça) ... Un manteau d'hiver, donc, des bottes au cas où, mais je n'ai jamais eu besoin de tuque ou de mitaines, sauf au bord de l'eau et en plein vent pour admirer les moulins de Zaanse Schans. Une mince couche de neige couvrait les Pays-Bas, mais pas un flocon en Belgique et au Luxembourg, sauf des plaques éparses aperçues du train entre Bruxelles et le Luxembourg. Rien pour refroidir l'enthousiasme d'une Québécoise!

Comme les visiteurs en cette saison sont surtout locaux, le Rijksmuseum avec ses tableaux de Rembrandt et de Vermeer et les autres grands musées d'Amsterdam sont accessibles sans la moindre attente. Même sur la Grand-Place de Bruxelles ou dans le Red Light d'Amsterdam, on est loin de bousculer des touristes. Pas de cohue nulle part et un accès immédiat et sans réservation aux trains inter-cités.

Un petit mot sur la bouffe. Beaucoup des plats typiques du Benelux (que ce soit la soupe aux pois de Volendam, aux Pays-Bas, le hochepot à Amsterdam ou la carbonade flamande si prisée en Belgique) sont typiquement hivernaux. Certains, comme les chicons (endives) au gratin, ne sont d'ailleurs servis qu'en hiver.

Sur une note plus subjective, ajoutons que la lumière hivernale, plus tamisée, donne aux paysages cette douceur ineffable caractéristique des grands maîtres de la peinture flamande.

Quelques inconvénients

Des inconvénients, il y en a... évidemment.

Ainsi, certains sites touristiques peuvent être fermés l'hiver, habituellement des attraits un peu mineurs sauf peut-être les magnifiques jardins de Keukenhof, dont les plantes à bulbes (tulipes, crocus, jacinthes, narcisses) sont visibles seulement, nature oblige, de la fin mars à la mi-mai. Mon seul véritable regret! Par ailleurs, si elle est offerte, la petite croisière sur les canaux d'Amsterdam est tout de même moins tentante par -1 C.

Enfin, même s'il n'est pas rigoureux, c'est tout de même l'hiver. Les irréductibles pour qui vacances riment avec «gougounes» et couenne bien dorée auraient donc avantage à attendre le retour de l'été, quitte à payer un peu plus.