Le tourisme en est encore à ses débuts en Albanie et certains rêvent que le pays puisse un jour concurrencer d'autres pays voisins, comme le Monténégro, mais beaucoup reste à faire, ce qu'admettent les deux principaux candidats aux élections législatives de demain.

«C'est la Suisse avec la mer!» s'exclame le premier ministre albanais, Sali Berisha, en parlant du potentiel touristique «extraordinaire» de son pays. Il souhaite le développement des infrastructures vers les montagnes, de façon à créer une «base solide» pour le «tourisme hivernal et de montagne».

 

Car le tourisme albanais est en essor principalement dans le sud du pays et sur la côte, entre la région de Vlora et la frontière avec la Grèce, mais l'intérieur des terres est encore très insuffisamment exploité.

Pour le maire de Tirana, Edi Rama, candidat de l'opposition socialiste, le tourisme constitue aussi «l'un des potentiels les plus importants du pays pour son développement futur», mais les questions de propriété demandent une «clarification».

Un euphémisme pour évoquer les très fréquents problèmes de propriété foncière en Albanie et qui font si peur aux investisseurs étrangers.

Julien Roche, un investisseur français en Albanie, évoque «la grande difficulté» d'avoir «la certitude» d'acheter dans le pays un terrain «du bon propriétaire».

«Les revendications de propriété sur les terrains sont très nombreuses et la justice n'est pas toujours apte à trancher rapidement. Les conflits peuvent durer des années pour arriver à un échec.»

Le chef de la délégation de la Commission européenne à Tirana, Helmuth Lohan, soulignait aussi récemment que la croissance du pays et des investissements étrangers nécessitent au préalable des «titres de propriété sans équivoque et la sécurité sur le plan juridique».

D'autre part, poursuit M. Roche, il existe «très souvent une réticence à vendre un terrain à un étranger».

«Il faut des heures de route pour arriver dans le sud» depuis Tirana et les Grecs ne veulent pas que l'aéroport de Corfou, pourtant proche, «puisse desservir l'Albanie, alors que des synergies bien gérées seraient rentables pour les deux pays», relève également M. Roche.

Il est enfin indispensable, déclare-t-il, de «former à grande échelle le personnel touristique». L'année dernière, 2,5 millions de touristes sont venus en Albanie. De ce nombre, 1,2 million sont des Albanais de l'étranger revenus au pays pour leurs vacances, selon une source diplomatique. Il n'y avait que 300 000 touristes en 2004, rappelle M. Berisha.

Ilir Metaj, responsable pour le tourisme à Vlora, est conscient de l'ampleur de la tâche: «Il est facile de faire venir un touriste. Le plus difficile, c'est de le faire revenir.»

«Le tourisme est une industrie jeune chez nous», dit-il, et si le sud de l'Albanie a des atouts indéniables comme des plages vierges, il faut améliorer les infrastructures et la qualité des services.

«Beaucoup de choses restent à faire et l'Albanie est en retard» par rapport aux autres pays de la région, ajoute M. Metaj, mais elle peut devenir concurrentielle face à la Macédoine, au Monténégro et, pourquoi pas, à la Grèce.

Mettre en place un «tourisme professionnel» demande encore beaucoup d'efforts. À l'intérieur des terres, près de Gjirokaster (sud), où les ruines romaines, byzantines ou ottomanes apparaissent souvent dans le paysage, Engjell Serjani, du ministère albanais de la Culture, reconnaît que la région ne peut pas encore «faire face à un flux intensif» de touristes.

Pour Sedat Ismailati, un modeste restaurateur de Libohova, «il faudra du temps pour rattraper les années perdues».