Le nouveau musée de l'Acropole, un bâtiment de verre situé au pied du site antique, célèbre dans le monde entier, du centre historique d'Athènes, s'apprête à ouvrir ses portes samedi lors d'une cérémonie solennelle, après des années de reports et de controverses.

«Après plusieurs aventures, entraves et critiques, le nouveau musée de l'Acropole est prêt: un symbole de la Grèce moderne qui rend hommage à ses ancêtres, le devoir d'une nation vis-à-vis son patrimoine culturel», a souligné mercredi soir le ministre de la Culture, Antonis Samaras, lors d'une première présentation du musée aux médias.Conçu par l'architecte franco-suisse Bernard Tschumi, cet édifice ultra-moderne posé sur des pilotis au milieu de vestiges archéologiques, impressionne par sa géométrie.

Situé à 300 mètres du monument antique et imprégné par la lumière naturelle, l'édifice offre une vue panoramique sur le Parthénon, l'un des monuments les plus visités dans le monde et fleuron architectural de l'époque classique du Ve siècle avant notre ère.

Dans ce musée de trois niveaux, haut de 23 mètres et d'une superficie 15 000 m2, sont exposés plus de 350 vestiges et sculptures de l'Acropole, entassés jusqu'ici dans un petit musée sur le Rocher sacré et dont le transfert fut l'objet d'une opération gigantesque étalée sur plusieurs mois qui s'acheva au printemps 2008.

Une toiture couvrant une partie des vestiges mis au jour lors des travaux de terrassement domine l'une des deux entrées du musée, située sur la promenade qui longe le versant sud du rocher.

Au premier niveau, une série d'objets dont des céramiques, bas reliefs et sculptures antiques, provenant des lieux de culte situés dans l'Antiquité sur les versants de l'Acropole, ornent les deux côtés de la salle.

Les cinq Cariatides du temple d'Erexthion dominent le dessus d'une rampe en verre qui mène au deuxième niveau, une salle d'une trentaine de colonnes et où sont exposés les sculptures archaïques (800 à 500 avant notre ère) d'Erechthéion, d'Athéna Niké et de l'entrée monumentale du temple, les Propylées.

Le point culminant de l'ouvrage, est la salle dite du Parthénon, au troisième niveau «où la lumière naturelle est le metteur en scène et démontre les couleurs et le volume plastique des frises, des métopes et des frontons du temple», souligne le président du musée Dimitris Pantermalis.

Après une série des discussions, les archéologues grecs ont opté pour une reconstitution de la frise du Parthénon grâce à l'intégration des quelques vestiges conservés à Athènes et des copies des plaques, dont la majorité, se trouvent à Londres et qui se distinguent par leur couleur blanche.

Cette salle vedette se veut ainsi «une réclamation» pour le rapatriement de la frise du Parthénon, dite «marbres d'Elgin» du nom du diplomate britannique qui les arracha au monument phare de la civilisation grecque et conservée au British Museum à Londres, une bataille que la Grèce mène en vain pendant trente ans.

«Pour la première fois le visiteur aura une vue de l'ensemble des frises et prendra conscience du problème de la dispersion des pièces entre Londres et Athènes», explique M. Pantermalis.

Quatre cent visiteurs pourront s'asseoir dans cette salle et contempler la vue panoramique sur le monument et la ville d'Athènes.

«Ce musée est un catalyseur pour le rapatriement des frises emportées et pillées», souligne de son côté M. Samaras, qui prévoit une inauguration en grande pompe samedi du nouveau musée en présence de plusieurs personnalités.

Depuis 1974, les gouvernements successifs du pays tentèrent de réaliser ce musée mais ce n'est que lors du quatrième concours international, en 2001, que le dessin de Bernard Tschumi mettra sur les rails sa construction. Toutefois, plusieurs controverses concernant surtout le lieu choisi pour ce musée vont retarder sa réalisation.

Doté d'un budget de 130 millions d'euros, le musée a la capacité d'accueillir 10 000 visiteurs par jour.