Samedi après-midi, dans l'île de Djurgården. Des familles se prélassent sur la plage en maillot de bain. De grands hérons et des vaches cornues se rafraîchissent dans les marécages. L'ambiance est parfaitement campagnarde. On est pourtant à 15 minutes du centre-ville de Stockholm à pied!

Peu importe où l'on se trouve dans la capitale suédoise, la nature n'est jamais bien loin. La ville compte 219 réserves naturelles, 1000 parcs, et l'eau y est si claire qu'on peut pêcher en plein quartier des affaires. Le moindre prétexte est bon pour sortir le vélo ou le kayak.Djurgården constitue un point de départ idéal pour profiter de la verdure stockholmoise. On peut visiter les moindres recoins de l'île grâce au "droit de libre accès à la nature" décrété par l'État. En fait, on peut se promener et camper partout en Suède - même sur les terrains privés -, pourvu qu'on respecte l'intimité des résidants et l'intégrité des lieux.

En plus de ses arbres et de ses plages, Djurgården compte quelques-unes des attractions les plus populaires de Stockholm. On y trouve le superbe Vasa Museet (voir encadré), un parc d'attractions pour les enfants, de même que le musée à ciel ouvert de Skansen, sorte de «condensé» de la Suède avec ses répliques de 150 bâtiments traditionnels et son zoo d'animaux nordiques.

Plus à l'est, à 20 minutes en bateau du centre-ville, la minuscule île de Fjäderholmarna constitue une autre retraite verte prisée des Stockholmois. Jeunes et vieux vont y pique-niquer sur les parois rocheuses le week-end. C'est aussi un lieu de couvaison privilégié des oies et des goélands. Mais attention: les mâles sont très protecteurs et n'hésitent pas à attaquer quiconque s'approche trop du nid de la femelle, même à plusieurs mètres. Cas vécu.

Stockholm offre des tonnes d'autres possibilités aux amateurs de plein air, avec son archipel de 24 000 îles pour la plupart inhabitées. La ville de 800 000 habitants n'est toutefois pas que nature. Loin de là. C'est aussi un haut lieu de l'urbanité et des tendances en mode et en design, qui ne laissera aucun adepte de béton sur sa faim.

Le coeur de Stockholm - réparti sur 14 îles reliées par 53 ponts - a vécu un véritable renouveau depuis une dizaine d'années. Les restos ethniques se sont multipliés, des tas de commerces indépendants ont ouvert leurs portes, au même rythme que l'économie a repris du tonus. Ragaillardie, la ville s'est autoproclamée «capitale de la Scandinavie» en 2004! Au grand dam de ses rivales, Copenhague, Oslo et Helsinki, irritées par cette prétention.

Le quartier de SOFO, dans l'île de Södermalm, regroupe les établissements les plus branchés du «nouveau Stockholm». Dans les rues Åsögatan, Skånegatan et Nytorgsgatan, au sud de Folkungagatan, on trouve une foule de boutiques de jeunes designers, des librairies underground, des cafés et restaurants qui rivalisent d'une originalité toute scandinave, sobre et sophistiquée. Le magasin Sneakers and Stuff est génial, avec sa collection impressionnante de souliers de sports et son bar à expresso. Idem pour le disquaire Pet Sounds, un haut lieu de rencontre des mélomanes aguerris.

Le soir venu, les nombreux bars et clubs se remplissent vite. On trouve plusieurs cafés terrasses et même des bars situés sur des bateaux dans les environs du quartier historique de Gamla Stan. Un décor idéal pour profiter des longues soirées d'été, quand le soleil se couche vers 23 h pour se lever quatre petites heures plus tard.

Les soirées stockholmoises peuvent s'étirer jusqu'à tard dans la nuit pourvu qu'on en ait les moyens! Le coût de la vie est très cher, ce qui en amènera plusieurs à réfréner leurs ardeurs. On ne paie jamais moins de 8 $ pour une bière en fût et 16 $ pour un cocktail. Un simple passage dans le métro coûte près de 7$ et le prix des repas et attractions est du même calibre.

Il existe malgré tout des moyens d'économiser - parfois des sommes substantielles. La carte Stockholmskortet, vendue 330 couronnes (55 $), donne accès pendant 24 heures à tous les transports en commun, à quelques traversiers et permet d'entrer sans frais dans 75 musées et lieux touristiques. Elle existe aussi en versions 48 heures (77 $) et 72 heures (92 $). Indispensable.

Pour la nourriture, les restaurants ethniques - surtout arabes et asiatiques - tendent à être moins chers. On trouve aussi jusqu'à 15 h des spéciaux sur le lunch dans la plupart des établissements. Il est alors possible de manger des plats traditionnels suédois, comme le hareng frit ou les boulettes de viande accompagnés de patates et de canneberges, pour une vingtaine de dollars.

Les hôtels sont chers, mais il y a encore là moyen de trouver des compromis. Plusieurs particuliers louent des chambres par l'entremise d'agences spécialisées. J'ai réussi à trouver une chambre double très correcte, en plein coeur de la ville, pour 110 $ la nuit. Petit-déjeuner inclus. Le seul hic: il faut partager la salle de bains.

Autres attractions à ne pas manquer pendant son séjour à Stockholm: le palais royal de Drottningholms (à 50 minutes du centre-ville en bateau), les vieux quartiers de Gamla Stan et Riddarholmen et l'hôtel de ville, où se tient chaque année la cérémonie suivant la remise des prix Nobel.

On peut avoir une bonne idée de Stockholm en y passant deux jours, mais mieux vaut en calculer trois ou quatre pour approfondir sa découverte.

ABBA : le triomphe du kitsch

Abba, le groupe suédois le plus populaire de tous les temps avec 370 millions d'albums vendus, est loin de vouloir disparaître du paysage de Stockholm. Un musée consacré au quatuor ouvrira ses portes dans moins d'un an.

La nouvelle attraction racontera l'histoire de Björn, Benny, Agnetha et Anni-Frid depuis leurs débuts en solo jusqu'à la séparation du groupe en 1982. Les visiteurs pourront aussi «vivre» l'expérience Abba en enregistrant une chanson en studio et en se produisant sur une scène reconstituée.

Le musée de 6500 m2 attirera sans doute les plus ardents fans du groupe, mais le prix d'entrée élevé - environ 41 $CAN - risque d'en décourager plusieurs. Surtout qu'on peut acheter un album des grands succès d'Abba pour la moitié de cette somme

L'ouverture est prévue en juin prochain. Une grande fête disco balaiera la ville pendant plusieurs jours afin de souligner l'inauguration du musée.

Vasa Museet : la résurrection d'un navire

L'histoire du Vasa a été courte et tragique: le navire commandé par le roi Gustave Adolphe a chaviré quelques minutes après son lancement en 1628. Il a été récupéré 333 ans plus tard, restauré et exposé dans le musée le plus impressionnant de Stockholm, le Vasa Museet. Le navire a été minutieusement reconstruit par une équipe d'archéologues suédois, qui l'ont ramené à son état original, ou presque. Ils ont aussi restauré les quelque 700 sculptures et objets retrouvés à l'intérieur de l'épave. Une ostéologue a même reconstitué les visages des marins morts dans la tragédie, à partir des squelettes repêchés avec le vaisseau! À visiter sans faute, dans l'île de Djurgården.

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Transport assuré par Air France.