Sur scène, les musiciens du Sun Ra Arkestra viennent de débarquer avec leurs cuivres et leurs percussions. Ils mêlent leur musique à celle du groupe qui tient l'affiche depuis huit soirs consécutifs, les vétérans du rock indépendant Yo La Tengo. Le mélange fait des flammèches, la foule s'enthousiasme. Le tout finira par une soirée inoubliable.

Les soirées inoubliables, c'est un peu la spécialité du Bowery Ballroom, l'une des salles de spectacle les plus mythiques de la ville de New York. Si les touristes se rendent souvent dans la Grosse Pomme pour assister à une comédie musicale, y voir un spectacle rock peut aussi servir de prétexte à une virée new-yorkaise. Et la petite salle de la rue Delancey, dans le Lower East Side, est sans doute le meilleur endroit pour attraper un groupe de l'heure dans une atmosphère unique.

Le Bowery Ballroom peut accueillir 550 personnes (à peu près l'équivalent de la salle Le National, à Montréal). Un plancher principal, un balcon en demi-cercle, un bar au sous-sol pour continuer la fête après le spectacle. Ici, les spectateurs ne sont jamais loin de l'action.

Installé dans une ancienne bâtisse qui a notamment abrité une bijouterie et un magasin de vêtements, le Bowery Ballroom occupe une place particulière dans le coeur des New-Yorkais. En fait, c'en est presque devenu un tic. Les médias et mélomanes locaux utilisent presque invariablement l'expression «our beloved Bowery Ballroom» (notre Bowery Ballroom bien aimé) pour en parler.

«Le Bowery Ballroom, construit juste avant le grand krach de Wall Street de 1929, a une importance autant historique qu'architecturale pour les New-Yorkais, explique Olivia Isenhart, journaliste musicale et rédactrice principale du blogue musical Pancakes & Whiskey. Mais il y a aussi le fait qu'il offre une expérience musicale unique.»

«Comme c'est l'une des salles les plus intimes de New York pour sa catégorie, le Bowery offre souvent la rare occasion de voir certains groupes et artistes de près. Selon l'heure à laquelle vous arrivez, il est assez facile d'avoir les coudes sur la scène.»

«À la fois intime et grandiose»

Le magazine Rolling Stone place le Bowery Ballroom en toute première place de ses salles préférées aux États-Unis, la qualifiant d'«à la fois intime et grandiose». «C'est à une loge ou deux près de la perfection», a dit au magazine David T. Viecelli, agent d'Arcade Fire. Au premier coup d'oeil, les Montréalais habitués au cachet de La Sala Rossa ou du Théâtre Corona trouveront peut-être qu'on fait tout un plat de l'endroit. Mais la programmation et la configuration, qui procure une réelle proximité entre les musiciens et les spectateurs, s'occupent de créer la magie.

Et qu'est-ce qu'on voit au Bowery Ballroom? Pas U2 et Beyoncé, évidemment, mais plutôt un mélange d'artistes en émergence judicieusement choisis et de groupes plus établis en tournée nord-américaine. En 2018, des noms comme Superchunk, Calexico et Pedro the Lion figurent par exemple au programme. Aux dernières nouvelles, aucun des trois groupes n'avait prévu d'arrêt à Montréal.