Sept ans après sa disparition, l'artiste  franco-américaine Louise Bourgeois est de retour au MoMA avec l'exposition Louise Bourgeois: An Unfolding Portrait. Son oeuvre autobiographique s'y déploie sous un jour nouveau et justifie une escapade à New York, ville héroïne de cette créatrice d'exception. Avant-goût.

Il aura fallu du temps pour que Louise Bourgeois tisse sa toile et acquière la reconnaissance pour son oeuvre féconde où vie et art se confondent dans une troublante complexité. L'artiste a 71 ans lorsque le MoMA lui consacre une rétrospective en 1982 faisant d'elle la première femme à avoir cet honneur. Lorsqu'elle s'éteint, à 98 ans, elle laisse derrière elle un héritage extraordinaire dont ses araignées gigantesques de métal, qui se dressent à Paris, Bilbao, Londres et Tokyo, sont les expressions les plus connues. Ici et là, Louise Bourgeois ne cesse d'inspirer, y compris les plus jeunes comme en témoigne le livre Une berceuse en chiffons d'Isabelle Arsenault et Amy Novesky sorti en 2016 aux Éditions de la Pastèque.

Pour cette troisième exposition événement consacrée à l'artiste, le MoMA lève le voile sur l'oeuvre imprimé abordé par celle-ci à l'automne de sa vie, et légué au musée. Quelque 300 imprimés et 23 sculptures jettent un nouvel éclairage sur sa démarche créatrice, à la fois intrigante et violente. Cette femme menue, lestée d'un passé trop lourd, exploitait ses traumatismes d'enfance pour donner forme à des expressions tangibles à la façon de reliques cicatrisantes. Parmi les salles aux thèmes chers à l'artiste (la maternité, la sexualité, le corps, la nature...), l'une étonne particulièrement. 

Elle met en scène des livres de tissus aux motifs abstraits composés à partir de vêtements devenus obsolètes pour l'artiste alors âgée de plus de 80 ans. Elle renoue ainsi avec sa jeunesse passée aux côtés de parents restaurateurs de tapisseries. Dans son élan, elle intègre robes, combinaisons et manteaux dans ses «cellules», sortes d'installations sous forme de cages dont on peut approcher un exemplaire, chevauché par une araignée géante, dans l'atrium du MoMA.

Les amoureux de New York resteront suspendus aux dessins et sculptures architecturales où perce la passion inconditionnelle de l'artiste qui s'installa là-bas en 1938, après avoir épousé un historien de l'art américain réputé. «À son arrivée, elle a adoré la ville et ses gratte-ciel, explique Deborah Wye, commissaire de l'exposition et amie de l'artiste. C'est pourquoi beaucoup de ses images représentent des immeubles humanisés. Elle pouvait voir un personnage dans un gratte-ciel, et une enfilade de tours était à ses yeux des êtres en relation.» Jean-Louis, l'un de ses trois fils, y apparaît ainsi sous la forme d'une construction sur pilotis. Un clin d'oeil parmi d'autres.

Louise Bourgeois: An Unfolding Portrait, au MoMA, jusqu'au 28 janvier 2018. Un catalogue de plus de 4000 oeuvres détaillées de l'artiste est accessible gratuitement en ligne. moma.org/bourgeoisprints

Trois autres expositions à voir à New York cet automne

Les mobiles de Calder

Cela fait longtemps que les mobiles ont rejoint le monde des adultes. Ils sont même devenus furieusement tendance en déco ces dernières années. L'exposition consacrée à Alexander Calder, maître du genre, par le Whitney Museum réunit des sculptures poétiques et gracieuses composant une constellation. Certaines d'entre elles sont mises en mouvement à heures fixes pour permettre d'admirer l'ondulation des oeuvres. 

Calder: Hypermobility, au Whitney Museum of American Art, jusqu'au 23 octobre 2017. whitney.org

Ombres chinoises

L'exposition L'art et la Chine après 1989: Théâtre du monde au Guggenheim brosse le portrait de la société chinoise de Tiananmen à 2008. Peintures, photographies, vidéos, installations... tous les modes d'expression ont été retenus pour la plus importante présentation d'art chinois moderne en Amérique du Nord, que l'on dit en coulisse cruciale pour comprendre l'art contemporain. 

Art and China after 1989: Theater of the World, au Guggenheim, jusqu'au 7 janvier 2018. www.guggenheim.org

L'art afro-américain 2.0

Le Studio Museum d'Harlem, de plus en plus célébré par la communauté culturelle new-yorkaise pour son dynamisme, poursuit sa mission de mise en avant de la création afro-américaine avec l'exposition Fictions. Dix-neuf artistes émergents des quatre coins des États-Unis livrent en vrac objets du quotidien, souvenirs d'enfance, bribes d'histoire et tranches de vie par le truchement de photos, dessins, collages, sculptures et autres médiums. 

Fictions, au Studio Museum d'Harlem, jusqu'au 7 janvier 2018. www.studiomuseum.org

Photo Ron Amstutz, fournie par le au Whitney Museum

Une installation de l'exposition Calder: Hypermobility au Whitney Museum of American Art.