Le Craftsbury Outdoor Center, au Vermont, a investi massivement dans ses installations au cours des dernières années et les fondeurs québécois en ont pris bonne note. C'est l'endroit idéal pour de vraies vacances de ski de fond.

Sur la Lost Nation Road, à 25 km au sud-ouest de l'Interstate 91, on est au beau milieu de nulle part. Ici, pas de station de ski alpin. Pas de condos. Pas de restos branchés. Même pas de réseau cellulaire. Que de pittoresques champs vallonnés. Et le Craftsbury Outdoor Center.

Depuis un an, un impressionnant pavillon tout en bois domine les lieux. Il a été construit au coût de plus de 1 million de dollars à l'instigation de Dick Dreissigacker et Judy Geer, propriétaires du centre depuis 2008. On y trouve une boutique de ski, une cantine, une salle de fartage et un gymnase. À côté, d'imposants panneaux solaires fournissent une bonne partie de l'énergie nécessaire au complexe.

Le centre a aussi investi dans un système de fabrication de neige artificielle, ce qui est de plus en plus courant dans le nord-est des États-Unis. « Nous pouvons ainsi commencer notre saison dès la mi-novembre avec une piste d'environ 1,5 km », explique John Brodhead, directeur du ski de fond au Craftsbury Outdoor Center.

Ces investissements ne sont pas passés inaperçus. En à peine cinq ans, le nombre de jours-ski a quadruplé à Craftsbury pour atteindre 40 000 par année. De nombreux fondeurs d'ici fréquentent le centre, que ce soit pour l'entraînement ou des compétitions. M. Brodhead estime que les Québécois représentent désormais 10 % de la clientèle.

« Mais ça reste un secret assez bien gardé », affirme Sylvie Girard, fondatrice du club Montériski, qui se rend surtout à Craftsbury en début de saison.

PISTES PARFAITEMENT TRACÉES

Craftsbury se démarque aussi par la qualité exceptionnelle du damage de ses pistes. Le centre possède trois dameuses semblables à celles utilisées dans les stations de ski alpin. Chaque matin, elles tracent les 23 km du réseau central (les autres pistes sont damées tous les deux ou trois jours). « Elles mélangent la vieille neige avec la nouvelle pour en faire une base ferme et constante », indique John Brodhead. Le matin, la vue des pistes parfaitement tracées incite à chausser ses skis au plus vite !

Le domaine est vaste : il compte 100 km de sentiers. Le plus court fait 700 m et le plus long, près de 20 km. Les week-ends de janvier et février, une navette matinale relie le centre au Highland Lodge, situé à 25 minutes de route, ce qui permet de faire la plus longue piste sans avoir à revenir sur ses pas. Il est également possible de skier sur deux des lacs des environs.

On trouve par ailleurs à Craftsbury deux champs de tir de biathlon. Le centre vient de recruter un entraîneur d'origine serbe, Miroslav Segrt, qui donne des cours d'initiation à ce sport pour le moins intrigant. Il en coûte environ 50 $ US pour une leçon de deux heures, location d'équipement incluse.

Le Craftsbury Outdoor Center est devenu une Mecque du ski de fond, c'est incontestable. Mais ce n'est pas pour tout le monde. La seule piste vraiment facile, sans dénivellation importante, est celle du grand lac Hosmer. Les autres comportent toutes des pentes plus ou moins prononcées. En outre, les skieurs qui apprécient la tranquillité voudront s'assurer qu'aucune compétition n'aura lieu pendant leur visite, certains événements attirant des centaines de coureurs !

Pour tirer le maximum de Craftsbury, une journée ne suffit pas. Le centre compte deux lodges regroupant une trentaine de chambres, ainsi que des chalets. Le confort n'est pas celui du célèbre Trapp Family Lodge, situé à une heure de route. La plupart des chambres partagent des salles de bains communes, mais les lieux sont très bien entretenus. Les week-ends, les tarifs pour deux personnes oscillent entre 221 et 311 $ US. Pour un chalet, il faut compter au moins 351 $ US.

L'hébergement comprend trois repas servis en formule buffet dans la grande salle à manger de Craftsbury, qui fait penser à une cabane à sucre. C'est là qu'on fait plus amplement connaissance avec les autres skieurs. Le centre se fait un point d'honneur de mettre en vedette les produits du Vermont, souvent biologiques : à un mur, une grande carte montre la provenance des principaux aliments. Quoi de mieux qu'une bonne bouffe après une journée passée à brûler des calories sur les pistes ?

Infos: http://www.craftsbury.com/

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Depuis un an, un impressionnant pavillon tout en bois domine le Craftsbury Outdoor Center.

De nouveaux proprios ambitieux

C'est la fermeture d'une école qui a permis au Craftsbury Outdoor Center de voir le jour, en 1976.

Fondée en 1956, la Craftsbury School a été incendiée par l'un de ses élèves en 1961. Reconstruite sous le nom de Cutler Academy, elle a fermé ses portes en 1976 en raison d'une baisse marquée des inscriptions.

Un courtier en valeurs mobilières, Russell Spring, a racheté les installations peu de temps après. Il a commencé à faire percer des pistes de ski de fond dans les forêts environnantes. Profitant de la présence du grand lac Hosmer, long de plus de 2 km, il a aussi mis sur pied un centre d'entraînement pour l'aviron, devenu l'un des plus importants aux États-Unis.

Après avoir passé plus de 30 ans à améliorer les installations, M. Spring les a vendues à Dick Dreissigacker et Judy Geer en 2008. Ces deux médaillés olympiques en aviron et leurs enfants fréquentaient le centre depuis des années et avaient plein d'idées pour la suite des choses.

Il faut dire que M. Dreissigacker et son frère, Peter, ont fait fortune en fondant, en 1976, l'entreprise de fabrication de machines à ramer Concept 2, qui a connu un grand succès. M. Dreissigacker et Mme Geer ont transformé le Craftsbury Outdoor Center en organisme à but non lucratif, ce qui leur permet de bénéficier d'aides fiscales.

Après avoir investi dans l'acquisition d'un système de fabrication de neige artificielle et dans la construction d'un pavillon d'accueil, les propriétaires envisagent maintenant de bonifier l'offre d'hébergement à Craftsbury.

Le centre n'a pas augmenté ses tarifs pour financer ces projets. Il les a plutôt réduits, de sorte que les droits d'accès sont passés de 14 à 10 $ US par jour. On a aussi abaissé le coût de la location d'équipement. « Notre but, c'est d'offrir la meilleure expérience possible à un prix abordable pour inciter plus de gens à pratiquer le ski de fond », explique Dick Dreissigacker.