Après avoir amené les internautes chez les pingouins de l'Antarctique, dans les villages historiques de Shirakawa-go au Japon et à l'intérieur du Musée métropolitain d'art de New York, Google Street View transporte les âmes voyageuses au coeur du Grand Canyon. Comme si vous y étiez... ou presque.

Lancées par Google au début du mois sur son service de navigation virtuelle Street View, les images permettent de découvrir un lieu inaccessible en voiture, en moto ou en vélo. La seule façon de contempler ces paysages spectaculaires de l'Arizona est de s'y promener à pied. La collection d'images mises en ligne par Google permet aux randonneurs virtuels de descendre les célèbres sentiers Bright Angel et South Kaibab, de jeter un coup d'oeil à la rivière Colorado et d'être transportés aux abords du cratère Meteor. Tout ça avec une vue panoramique à 360 degrés et un réalisme assez frappant. «Les images montrent avec détail le sentier et les vues du Grand Canyon, observe Marina Lancon, guide pour l'agence de voyages Détour Nature qui a visité l'endroit à plusieurs reprises. Les images sont aussi très précises.»

Trekker

Ce tour de force a pu être réalisé grâce au Trekker, un système développé par l'ingénieur français Luc Vincent, qui tient dans un sac à dos. Pesant 40 livres, le Trekker capture des images toutes les 2,5 secondes au moyen de 15 appareils photo de 5 mégapixels. Quinze personnes munies de trois Trekker ont marché pendant trois jours en octobre dernier afin de récolter les données qui ont ensuite été assemblées pour former 9500 panoramas couvrant 121 km de sentiers.

Environ 5 millions de personnes visitent le Grand Canyon chaque année. Un nombre beaucoup moins élevé s'y aventure à pied. Une randonnée dans les méandres du Grand Canyon n'est pas une balade du dimanche. «Marcher dans le Grand Canyon est si exigeant que même des personnes en excellente condition physique en ressortent souvent endolories et fatiguées», indique le National Park Service américain sur son site internet.

D'autres projets

Admirer des lieux difficilement accessibles pourrait être de plus en plus facile grâce à Google qui dit vouloir déployer ses randonneurs à sac à dos dans les parcs nationaux, dans les ruines anciennes et même sur le mont Everest. «Nous voulons aller dans tous les lieux emblématiques, culturels et historiques qui ne sont pas accessibles par la route», a déclaré à l'Associated Press, Ryan Falor, directeur de produits chez Google.

Mais rien ne remplacera une visite réelle des lieux. «Après tout, les images restent des images, souligne Marina Lancon. Elles n'arriveront jamais à remplacer la satisfaction ressentie après un effort, les odeurs rencontrées en chemin ou bien les sensations procurées par le fait de prendre le grand air.»