Disney vient d'investir massivement dans le plus populaire de ses parcs d'attractions, Magic Kingdom, à Orlando. Visite d'un royaume bâti sur mesure pour les nouveaux personnages du géant du divertissement.

«Est-ce que je suis la première sirène que vous rencontrez? J'étais tellement nerveuse la première fois que j'ai vu des humains. Vous n'avez pas peur de ma nageoire, j'espère?»

Assise au creux d'un coquillage, sa queue de poisson papillonnant au-dessus du sol, Ariel bavarde avec les (nombreux) humains venus la rencontrer dans sa grotte sous-marine. Depuis décembre dernier, la Petite Sirène possède ses propres quartiers dans le nouveau Fantasyland du parc Magic Kingdom, à Disney World.

Il faut dire que dans le merveilleux monde de Magic Kingdom, l'espace commençait à manquer pour accueillir tous les nouveaux personnages sortis des studios Disney. Les héros «disneyen» d'autrefois - Mickey, Donald et compagnie - ont été remplacés dans l'imaginaire de bien des enfants par la Petite Sirène Ariel, Belle (et sa Bête) ou Raiponce (et sa longue tresse). Il fallait loger cette flopée d'héroïnes du box-office, dont les petits connaissent les aventures (et les chansons) par coeur.

C'est pour donner un espace à ces princesses - humaines ou sirènes - que Disney planche depuis cinq ans sur un vaste projet d'agrandissement à Magic Kingdom. En 41 années d'histoire, jamais le parc n'a connu pareille transformation. Le secteur Fantasyland a doublé de superficie: ses 10 acres d'origine sont passées à 21 acres.

Or, qui dit princesse dit aussi château et il en fallait de nouveaux pour accompagner celui de Cendrillon, monument emblématique du parc. Désormais, le château de la Bête et celui du prince Éric s'ajoutent au paysage. Les travaux ont toutefois fait une victime: l'attraction Snow White's Scary Adventures (Les aventures effrayantes de Blanche-Neige), disparue sous les bulldozers. Personne ne s'en plaindra; la vilaine sorcière faisait peur aux enfants depuis 41 ans.

D'autres attractions - plus ludiques, plus modernes - ont pris sa place, dont Under the Sea (Sous la mer), importé du Disneyland californien et consacrée aux aventures aquatiques et terrestres d'Ariel. Dans des petits wagons en forme de coquillages, les visiteurs traversent différents tableaux où 180 personnages animés robotisés dansent et chantent sur les airs connus de ce nouveau classique cinématographique signé Disney. Sourires garantis.

Autre nouveauté: Enchanted Tales with Belle (Les contes enchantés de Belle). Derrière un cottage semblable en tous points à celui du film La Belle et la Bête, les petits sont invités à participer à la reconstitution théâtrale du célèbre conte. Au menu: des masques, des costumes, des meubles animés qui parlent (le chandelier Lumière est d'un réalisme étonnant) et, surprise, apparition de l'héroïne en chair et en os pour clore le spectacle. Intéressant... surtout pour ceux qui parlent couramment anglais.

Toutefois, la nouveauté la plus courue de ce nouveau Fantasyland n'est pas un manège, mais plutôt le restaurant Be Our Guest, logé dans le château de la Bête. Impossible d'y réserver une place pour le souper, du moins pas avant juin prochain. Toutes les places sont réservées d'ici là. Et sur l'heure du midi, comme les réservations ne sont pas acceptées, de longues files se forment, dès 10h30, sur le pont de pierre qui mène au château.

L'attente est toutefois justifiée tant par le menu d'inspiration française que par le décor. On a testé le croque-monsieur sur pain multigrains; il était savoureux. Les salades de quinoa, quiches aux légumes et autres soupes à l'oignon gratinées semblaient d'aussi grande qualité. Et la salle de bal - avec son immense lustre et ses larges fenêtres d'où on voit tomber une neige perpétuelle - est tout simplement... féérique. Quant à l'aile ouest, avec sa rose sous cloche de verre et ses rideaux en lambeaux, elle rappelle l'inquiétant antre où se retirait la Bête, dans le film de Disney. À savoir: Be our Guest est le seul restaurant de Magic Kingdom qui sert vin et bière au repas du soir.

Pour un service rapide, il y a aussi la nouvelle Taverne de Gaston, où on peut boire un grand verre de LeFou's Brew, une boisson à base de jus de pomme congelé et de guimauves grillées, qui ressemble à s'y méprendre à de la bière. Avec le grand rival voisin, Universal Studios, qui a déjà vendu plus de 5 millions de Bièreaubeurre (butterbeer) dans son parc d'attractions Harry Potter, Disney se devait de créer son propre nectar exclusif. Verdict: très, très sucré...

Dumbo voit double

Outre la Forêt enchantée, ce vaste espace consacré aux princesses, le nouveau Fantasyland compte aussi une section inspirée de l'imaginaire des grands cirques à la Barnum&Bailey. C'est ici que Dumbo l'éléphant volant déploie désormais ses grandes oreilles. Et deux fois plutôt qu'une, puisqu'un second manège se dresse aujourd'hui à côté du premier. Les enfants peuvent donc voler à dos d'éléphant dans le sens des aiguilles d'une montre ou à l'inverse, c'est selon. Si Dumbo reste un des plus grands classiques de Disney (tous les parcs Disney de la planète possèdent leur version de ce manège), Disney a innové en adoptant une nouvelle philosophie de la file d'attente.

Les montagnes russes de Goofy (The Barnstormer Featuring the Great Goofiny) ont survécu aux travaux et ont été rénovées. Sous le nouveau chapiteau, les visiteurs peuvent rencontrer plusieurs personnages classiques de Disney, en costumes circassiens: Donald le charmeur de serpent, Goofy le cascadeur, Daisy la diseuse de bonne aventure...

Si le nouveau Fantasyland grouille de vie depuis son ouverture officielle en décembre dernier, les travaux ne sont pas finis pour autant. Un Hall des princesses doit ouvrir ses portes cette année: les visiteurs pourront y rencontrer entre autres Aurore, Cendrillon, Tiana et Raiponce. Au printemps 2014, de nouvelles montagnes russes, mettant en vedette les sept nains de Blanche-Neige, seront inaugurées. On sait déjà que chaque wagon des trains pourra se balancer de façon indépendante, au gré des virages et des descentes. De quoi ravir les adolescents qui ont passé l'âge de croire aux princesses...