Avec l'hiver doux et peu neigeux que connaît le nord-est de l'Amérique du Nord, apportant son cocktail neige-pluie-verglas pour les conditions de glisse, tous les propriétaires de stations de ski s'arrachent les cheveux. Tous, non! Les propriétaires de la station Jay Peak, au Vermont, se frottent les mains. Grâce à des investissements de 250 millions, ils ont transformé leur centre de villégiature en destination à l'épreuve de la météo.

Comment? En construisant des pistes intérieures réfrigérées comme à Dubaï? En ajoutant des milliers de canons à leur arsenal? Non. Jay Peak a innové en misant sur la construction d'un gigantesque parc aquatique intérieur, baptisé The Pump House, pour attirer et conserver sa clientèle, même par mauvais temps. Comme par hasard, cette attraction a été inaugurée en décembre dernier. Juste avant cet hiver hésitant.

Avec ses quatre glissades, son générateur de vague artificielle pour faire du surf, ses bains à remous, sa rivière s'écoulant sur 250 mètres, sa piscine avec jeux d'eau et son bar surplombant les lieux (d'où les parents peuvent garder un oeil sur leur progéniture), la Pump House s'autoproclame le plus grand parc aquatique intérieur des États-Unis. N'importe quel quidam ne regrette pas ses skis quand il pénètre dans cet univers artificiel de 50000 pi2 où il fait constamment 30 degrés Celsius. L'après-ski à son mieux.

Saut vertigineux

Des glissades seulement pour la marmaille? Oh que non. Les amateurs de sensations fortes ne sont pas en reste. Préparez votre meilleur cri de terreur pour la glissade baptisée, à juste titre, La chute. Le concept: un brave embarque dans une capsule posée à la verticale. Quand la porte vitrée se referme, un décompte de trois commence. À go, un panneau s'ouvre sous les pieds, comme une potence, et le condamné fait une chute libre de 60 pieds en une seconde. Le saut vertigineux se termine par une boucle de 360 degrés avant qu'un bassin d'eau freine la course endiablée (plus de 60 km/h). En comparaison, une piste double losange, c'est de la tarte!

Ce parc aquatique fait partie de l'hôtel Jay, tout nouveau tout neuf, qui compte 176 chambres. Ce complexe hôtelier abrite aussi des boutiques, des restaurants et une salle de jeux de 2000 pi2, où les enfants peuvent s'amuser pendant des heures. JJ Toland, directeur des communications à Jay Peak, qualifie cet endroit de «Digital Daycare». Les parents vont adorer... Laissez vos rouleaux de 25 cents à la maison, tout fonctionne à l'aide d'une carte à puce.

À la Montréal...

La métropole québécoise aurait-elle servi de source d'inspiration à la transformation de Jay Peak? À y regarder de plus près, peut-être bien. Un toit rétractable vitré, qui s'ouvre en neuf minutes, coiffe le parc aquatique. Par beau temps, les baigneurs humeront l'air extérieur. De quoi rendre jaloux Roger Taillibert.

Ce n'est pas tout. Un réseau de corridors souterrains relie toutes les nouvelles installations (deux hôtels, quatre nouveaux restaurants, des bars et le parc aquatique) qui ont vu le jour depuis 2009. Tiens tiens, comme à Montréal. Résultat: pas besoin d'affronter les rigueurs de l'hiver pour faire trempette. Seul le nouvel aréna, aux dimensions de la LNH, n'est pas relié au reste du complexe.

Chose certaine, ces travaux de modernisation sont plus que bienvenus dans cette région du Vermont qui connaît un haut taux de chômage. «La station n'avait pas subi d'investissements importants depuis des lustres. Les puristes nous adoraient, mais les skieurs ordinaires et les familles ne trouvaient pas les services auxquels ils aspirent», affirme M. Toland.

Au pied des pentes, les visiteurs crouleront sous une avalanche de nouveautés. Toutefois, en montagne, c'est le calme plat. Pourtant, il y a des améliorations à faire. Sur cette importante station de 385 acres, il n'y a qu'un télésiège quadruple débrayable (à titre de comparaison, Tremblant en possède cinq). Les autres remontées mécaniques prennent de l'âge et fonctionnent au rythme des années 80. C'est long. Le téléphérique, le seul du nord-est américain, nous transporte au sommet, à 1200 mètres, en 7 minutes. C'est fantastique, mais sa capacité n'est que de 360 passagers à l'heure.

À quand la deuxième phase de modernisation?