Si on ne trippe pas «plage et bronzage», qu'on n'est pas particulièrement porté sur le magasinage et qu'on ne conserve pas de souvenirs attendris de la série «Miami Vice», qu'est qu'on peut bien faire à Miami Beach? Plein de choses.

1.Les DecoBikes

Depuis mars dernier, Miami Beach a opté pour un mode de transport qui connaît autant de succès que les BIXI ici: les DecoBikes, des bicyclettes en libre-service, couleur vert lime. La bonne nouvelle: une simple carte de crédit suffit pour louer un vélo de type «cruiser», très confortable, à l'une ou l'autre des bornes trilingues, anglais, espagnol et français!

C'est sur un DecoBike qu'on a ainsi roulé tout un avant-midi dans les rues de South Beach, entre architecture Art déco et édifices très 21e siècle. Après un arrêt devant le fameux Joe's Stone Crab Restaurant où l'on sert depuis 1913 le «crabe de pierre», pêché uniquement en Floride, il faut absolument emprunter la piste nouvellement rénovée de South Pointe Park. Le contraste entre les nouveaux gratte-ciel et l'aménagement paysager, très vert et élégant, est étonnant! Aussi étonnant que les panneaux signalant que des fauteuils roulants de plage sont disponibles. Ou que les nombreuses personnes qui se musclent le plexus en plein air sur des équipements de gym éparpillés dans des parcs le long de l'eau. Pourquoi s'enfermer quand on peut soulever des poids gratuitement en fixant les vagues plutôt qu'une télé?

2.Le «beachwalk» et le «boardwalk» de South Beach

Pourquoi s'allonger sur une chaise de plage quand on peut se balader sur une longue et belle promenade, pavée ou en bois, qui sinue entre édifices et plage, tout le long de South Beach? En tout, une douzaine de kilomètres où se balader à son rythme. La promenade est pavée de la pointe sud de la plage jusqu'à la 21th Street (C'eat le beachwalk) et on peut donc y marcher, courir, rouler à bicyclette ou en planche à roulette; y promener son chien... Elle devient promenade en bois (le boardwalk) de la 21th à la 46th, puis reprend à la 63th Street et relie ainsi North Beach. Plus encore que la beauté des lieux, c'est le caractère fabuleusement hétéroclite des promeneurs qui frappe: tout, absolument tout est possible comme look, du microbikini au genre «itinérant», du revêtement de jogging à la veste-tailleur de femme d'affaires! Et ils viennent de partout, de Libye et de Cuba, de France et du Mexique, d'Allemagne et du Venezuela, tous venus s'installer à Miami. Car, s'il y a des touristes, c'est surtout une foule de résidants qui flânent ou s'épivardent sur les promenades de la plage. Pendant des heures, on peut y marcher, regarder voler les «kite surfers», s'entretenir avec les uns et les autres au hasard des rencontres. On peut même y croiser un chauffeur de taxi d'origine haïtienne qui a vécu 10 ans... à Trois-Rivières!

3.La plongée en apnée

On peut plonger avec masque, palmes et tuba à bien des endroits dans la région. Notamment à une douzaine de kilomètres de la côte, dans la Biscayne Bay, seule réserve archéologique sous-marine de Miami, et y observer par exemple l'épave de la goélette Half-Moon. C'est l'entreprise Dragonfly Expeditions, réputée pour ses écotours, qui a organisé notre visite. Notre guide, Ann Wiley, écologiste convaincue et conteuse hors pair, prend le temps de relater l'étrange histoire du beau voilier construit en 1906 en Allemagne et échoué en 1930 à Miami, dans environ trois mètres d'eau! S'il y a beaucoup de tangage, il y a aussi beaucoup de poissons, y compris un petit requin (inoffensif), qui se promènent dans les reliefs du bateau. On est débutant? On peut observer l'épave sans problème avec une veste de flottaison. Si on en a le temps, on en profite pour explorer les divers récifs de corail non loin, pour les plongeurs plus aguerris.

4. Le parc national des Everglades

Les Everglades, c'est une immense zone humide, qui compte rien de moins que huit écosystèmes différents. C'est justement parce qu'elles sont très humides que, depuis 1848, les Américains ont tout fait pour drainer et assécher les Everglades afin de s'y établir. On y a planté par exemple des niaoulis, arbres originaires d'Australie, réputés pour assécher les sols... mais qui ont exporté du même coup de nombreuses maladies dans le vaste parc national. Aujourd'hui, on laisse donc mourir les niaoulis! Car, au milieu des années 70, on a enfin réalisé que l'eau est aussi indispensable aux grenouilles qu'aux promoteurs immobiliers et à l'industrie touristique. Or, desséchées, dévitalisées, les Everglades sont en péril. Un vaste mouvement de protection environnementale a vu le jour. La partie est loin d'être gagnée, mais une visite dans les Everglades convainc: cette vaste réserve naturelle est une pure splendeur qu'il faut protéger.

En saison humide, de mai à octobre, il est possible d'aller visiter en hydroglisseur les lagunes des Everglades, puis d'arrêter au camp de la nation amérindienne Miccosukee. On peut aussi aller se promener, avec bâton de marche et chaussons de sports nautiques, dans les cours d'eau douce de la réserve de Big Cypress, ce qui est impossible à faire en saison sèche, car le niveau de l'eau est trop bas.

Par contre, en saison sèche, de novembre à avril, on peut plutôt faire une expédition en bicyclette, louée sur place, dans la Shark Valley, où les oiseaux et les alligators pullulent. Il est également possible de faire cette excursion en tram. Pendant trois heures, on sillonne la vallée et on voit notamment des dizaines de sortes d'oiseaux, des tortues et des tas d'alligators américains, à quelques pieds à peine de soi, dans le canal qui longe les 24 kilomètres de piste asphaltée. La haute tour d'observation permet de mieux mesurer la vastitude des lieux, contempler de haut les poissons (et les alligators...) dans les cours d'eau et apercevoir les différents reliefs de la Vallée des requins. A-t-on besoin de préciser que la crème solaire SPF 45, les bouteilles d'eau et le chapeau sont indispensables?

5. Mangrove en canot

Direction Deering Estate, une vaste et magnifique réserve naturelle privée où on peut se promener, visiter de belles maisons historiques et canoter. Le jour de notre expédition, nous devions ramer en compagnie de nos deux sympathiques guides, Ernie et André, jusqu'à l'île de Ckicken Key, à un kilomètre et demi des berges. Mais comme il vente ce jour-là et que le niveau de l'eau est bas (c'est la fin de la saison sèche), nous optons plutôt pour une activité que l'on peut rarement faire: traverser en canot un tunnel naturel qui traverse une mangrove, cette forêt tropicale composée d'inextricables palétuviers. C'est une expérience très sensorielle (ah, la bonne odeur de «swamp»), où on peut observer de près toute une faune et une flore étranges et luxuriantes. Comme il y a peu d'eau, il faut à un moment donné tirer nos canots, patauger un brin, pousser... Vraiment pas banal. Et magnifique. Et salissant!

6. Le jardin botanique

Le soleil tape sérieusement? Une visite (25$ adulte, rabais de 5$ si on y va en vélo ou transport en commun!) - Fairchild Tropical Botanic Garden fournit l'ombre et le calme voulus: 60 espèces de palmiers, 15 de vignes, 8 de bambous, mais aussi des banyans, des orchidées, un jardin japonais, des topiaires, des broméliacées de toutes sortes et des sculptures modernes, dont des boules de verre soufflé accrochées aux arbres avec des bas nylon, pour rappeler que les habitants de Miami aiment accrocher leurs orchidées de cette manière à l'extérieur... Tout cela s'offre sur quatre acres et demi. On trouvera aussi ici un dépliant pour faire connaissance avec les diverses plantes qui ornent Lincoln Road, à un jet de pierres du jardin. Lincoln Road est une vaste rue piétonnière a des allures de Ramblas à Barcelone... mais à la manière de Miami, c'est-à-dire avec pas mal plus de «bling bling» ! Bons restaurants, boutiques de toutes sortes, aménagement paysager plantureux, on en profite pour faire le plein de soleil... à l'ombre des parasols. Le voyage peut prendre fin, il n'y a qu'une chose qu'on n'aura, hélas, pas eu le temps de faire: s'allonger sur la plage...